Pierre Moncorgé, coureur aux « multiples casquettes »

Coureur, directeur sportif, manager, assistant, et peut-être bientôt co-organisateur de course en Suède… Ces dernières semaines, Pierre Moncorgé a rempli différents rôles en organisant lui-même, et ce de A à Z, la participation du club d’Uppsala au Tour du Lac Poyang puis à la Classic Mont Wuyi Cycle, en Chine. "Préparer ce voyage m’a pris trois semaines, à temps plein". Loin de "la pollution et de l’air irrespirable de Pékin", le néo-pro en a pris plein les yeux sur une course dont il ne garde que d’excellents souvenirs. Et surtout l’envie de repartir sur de nouveaux projets de ce type. "J’ai pratiquement finalisé un départ pour l’Inde en janvier prochain", confirme l’ancien pensionnaire du Team Vulco-VC Vaulx-en-Velin. Décidemment, rien ne semble pouvoir arrêter le plus suédois des coureurs français, lequel raconte cet "agréable voyage" pour DirectVelo.com

« J’avais des contacts avec quelques coureurs français comme Sébastien Jullien pour aller en Chine, mais ça trainait un peu. Du coup, j’ai décidé d’envoyer un e-mail aux organisateurs du Tour du Lac Poyang – onze étapes puis une course d’un jour pour terminer – histoire d’avoir plus d’infos sur cette épreuve. On m’a informé qu’une équipe venait de se désister, et on m’a donc proposé d’emmener une équipe. Nous n’étions qu’à trois semaines du grand départ ! J’ai hésité à me lancer là-dedans, avec toutes les démarches que ça impliquait, entre le fait de trouver les coureurs, d’obtenir tous les visas etc. Mais j’ai voulu me lancer. J’ai trouvé quatre jeunes suédois du club d’Uppsala prêts à partir. Mais il me fallait aussi un staff ! J’ai trouvé un monsieur d’un certain âge, un Français retraité  qui vit en Suède, pour nous assister sur la course. J’ai également convaincu un marchand de cycles de venir faire le mécano pour nous. Du vrai free-style (rires). Au-delà de l’aspect excitant et amusant, j’avais quand même une vraie pression. J’ai vite réalisé que l’ensemble du projet allait reposer sur mes épaules. C’était un peu pesant. Mais je m’en suis finalement sorti avec toutes les démarches administratives. Nous avons été invités à 100% par l’organisation sans avoir à débourser un centime.

« ILS BLOQUAIENT LES AUTOROUTES POUR NOUS »

La course était incroyablement bien organisée. Nous courrions le matin. Nous prenions le temps de manger puis nous avions l’après-midi pour les transferts. Il y avait des policiers de partout, à absolument tous les carrefours. Même avant les étapes, lorsque nous étions deux coureurs à passer vers la zone de départ, nous étions pratiquement escortés (rires). Et surtout ils bloquaient les routes. Les autoroutes n’étaient parfois ouvertes qu’à nous. Un jour, nous nous sommes même retrouvés à prendre l’autoroute, fermée aux usagers évidemment, à contresens. Tout ça pour notre long cortège de voitures de l’épreuve. C’était hallucinant. Même pour l’hébergement et la restauration, c’était top. Avant d’arriver sur place, je me posais des questions. J’avais un peu peur de tomber malade comme cela avait pu être le cas en Indonésie. Mais en fait, côté nourriture, on a pu se régaler. Et pour le logement, nous étions dans des hôtels luxueux, cinq étoiles. Nous étions tous dans le même hôtel, c’était très convivial.

« CEREMONIES, VISITE CULTURELLE… UNE VRAIE FÊTE »

J’ai eu l’occasion de discuter avec beaucoup de coureurs « exotiques ». Sans oublier la population locale. Personne ne parlait anglais, mais certaines personnes venaient prendre des photos le matin. Il y avait beaucoup de monde par endroit. Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai trouvé les gens très respectueux, gentils et timides. Le plus drôle, c’est que dans cette région reculée de la Chine, certaines personnes n’avaient jamais eu l’occasion de voir d’étrangers. Les gens nous interpelaient en chinois, comme si nous étions censés les comprendre. Et que dire des cérémonies d’ouvertures qui avaient lieu… avant chaque étape ! C’était dingue, les présentations étaient magnifiques, avec une grosse centaine de danseurs. Une vraie fête. Durant la journée de repos, nous avons eu droit à une visite culturelle d’un temple traditionnel, avec les coureurs de toutes les équipes. J’ai adoré ce moment de partage. 

« AVANT DE VENIR, JE ME SUIS POSE DES QUESTIONS »

Le niveau sportif était plus ou moins homogène. Il y avait de très bons coureurs européens du niveau des équipes Continentales, mais aussi deux-trois équipes chinoises par exemple, qui elles n’avaient pas un niveau exceptionnel. Avant de venir, je me suis posé des questions. Qu’aurais-je fait si mes gars avaient tous dû bâcher après trois étapes ? Heureusement, même s’il y avait un gros niveau et que ça roulait à 45-50 km/h tous les jours, le parcours convenait bien aux mecs dans le sens où les circuits n’étaient pas hyper techniques ou vallonnés, hormis sur deux ou trois étapes. C’était assez plat, sur des grandes routes. Du coup, c’était plus facile de rester dans le peloton. Personnellement, je me suis un peu cramé à enfiler toutes les casquettes, à courir partout. Il fallait même que j’aille chercher des papiers du parcours tous les soirs après les étapes. Je n’ai pas forcément pu me donner à 100% même si j’ai été faire deux fois 9e sur les deux étapes les plus difficiles, ce qui prouve qu’il y avait la place pour chercher des résultats.

« IL FALLAIT TOUT CALCULER »

C’était donc d’abord du vélo-plaisir. J’avais des responsabilités alors même lors des sprints, je ne me suis pas toujours livré à 100%. Enfin, disons que je n’ai pas pris de risques démesurés. Qu’aurais-je fait de mes gars si je m’étais cassé quelque chose au beau milieu de l’épreuve ? Il fallait tout calculer. Mais j’ai quand même eu chaud plusieurs fois. Je suis tombé le deuxième jour à cause d’un chien. Sans oublier que j’ai aussi déraillé en plein sprint, à 50m de l’arrivée. A un moment donné, je me suis dit qu’il fallait que je pense un peu à moi… que je me protège, sinon, je n’allais pas finir la course. (Pour tous les détails de la course étape par étape, avec différentes anecdotes croustillantes : voir le blog tenu par Pierre Moncorgé : cliquez ici).

DES BRIEFINGS A LA REGIS AUCLAIR

Je retiens beaucoup de souvenirs et d’anecdotes de ce voyage. Je me souviens notamment des briefings que j’avais l’occasion de faire chaque matin. Je ne suis pas un modèle du genre, mais à force d’en avoir écouté des tonnes – et d’avoir notamment beaucoup appris au côté de Régis Auclair –, j’étais capable de donner quelques conseils. Un jour avant une étape, j’ai oublié de faire ce briefing. Mais les autres coureurs eux, n’avaient pas oublié et m’ont vite demandé quand est-ce qu’on allait faire notre réunion (rires). 

« ORGANISER DEUX-TROIS GRANDS VOYAGES A L’ANNEE »

Tout m’a plu dans ce voyage. C’est donc à refaire. J’ai retrouvé une équipe suédoise pour l’an prochain. La Continentale d’Uppsala arrête. Je ne serai plus professionnel, mais le niveau et le calendrier seront sensiblement les mêmes. Ce voyage en Chine m’a vraiment ouvert l’esprit sur ce que j’avais envie de faire : courir en Suède une bonne partie de l’année et organiser deux-trois grands voyages sur la saison avec le club d’Uppsala. J’ai déjà des contacts bien avancés pour une course en Inde en janvier prochain. Ensuite, j’aimerais repartir en avril. Je m’attends à des saisons très riches, avec des courses aux quatre coins du Monde. Sans oublier que l’on a aussi fait appel à moi pour la course d’un jour à Uppsala. Ils aimeraient que cela devienne une course par étapes, et je serai là pour les conseiller, pour faire avancer le projet, démarcher des équipes etc. Sans oublier que j’aurai sans doute mon stage également (lire ici). Tout cela m’occupe beaucoup, mais j’aime l’idée d’avoir tous ces beaux projets ! »

Crédit photo: DR
 

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