Pierre-Yves Chatelon : « On n’en pouvait plus »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Nouveau titre de Champion du Monde Espoirs pour un poulain de Pierre-Yves Chatelon. Après Kévin Ledanois et Benoît Cosnefroy, c'est au tour d'Axel Laurance de se parer du maillot arc-en-ciel après avoir fait les 25 derniers kilomètres en solitaire (voir classement). Quelques minutes après avoir accompagné ses coureurs sur le podium, Pierre-Yves Chatelon est revenu pour ce succès pour DirectVelo.

DirectVelo : Que ressens-tu après ce nouveau titre pour un de tes coureurs ?
Pierre-Yves Chatelon : C’est toujours autant d’émotion. Ça fait plaisir surtout avec des jeunes qu’on a déjà accompagnés chez les Juniors. Même si Axel (Laurance) n’a pas pu courir avec l’équipe de France Espoirs cette année parce qu’il avait un gros programme avec sa Continentale, il revient toujours avec un grand plaisir en équipe de France. On avait élaboré un projet tactique autour de Pierre Gautherat. Il y a eu un énorme marquage entre lui et Thibau Nys dans le final, ce qui a permis à Axel d’aller au bout. On a aussi eu notre lot de petits soucis parce que nos deux coureurs dans l’échappée (Antoine Huby et Axel Laurance, NDLR) ont été victimes d’incidents mécaniques presque en même temps lors de la partie en ligne. On a eu du mal à dépasser le peloton, les arbitres ne nous laissaient pas remonter, on a failli tout perdre. Parfois, il faut aussi un peu de réussite aussi, on n’en a pas toujours eu.

Antoine Huby a pris la décision seul de ramener Axel Laurance lors de son changement de vélo. C’était quand même risqué ?
Il avait jaugé la valeur de l’échappée et il ne restait pas beaucoup à boucher pour Axel. Antoine l’a fait intelligemment, il ne s’est pas relevé quand Axel était très loin. Il l’a juste aidé pour les derniers mètres. C’était aussi la consigne, Antoine était plus au service de Pierre Gautherat ou d’Axel (Laurance) en fonction de la physionomie de la course. Pierre avait beaucoup roulé pour Antoine sur la Course de la Paix. Antoine voulait vraiment lui rendre l’ascenseur. C’est aussi pour ça que notre collectif était très fort. Les mecs étaient soudés. Enzo (Paleni) a aussi effectué une superbe course.

« UN THRILLER »

L’attaque d’Axel était presque au même endroit que celle Mathieu Van der Poel lors de la course Élites !
Il a suivi son instinct. Pour moi, c’était un peu loin de l’arrivée. Après, on a vu qu’il a creusé tout de suite 25 secondes. Axel a eu Mathieu au téléphone cette semaine. Il lui a demandé quelques conseils techniques notamment sur le gonflage. Ce n’était pas du tout prémédité qu’Axel attaque à cet endroit. Si on était en surnombre dans le final avec encore Thibau Nys, l’idée était de lui mettre la pression dans la partie technique comme l’avait fait Wout van Aert pour la 2e place face à Pedersen et Pogacar. Axel a bien anticipé les choses et il a bien fait.

Comment as-tu vécu ce final haletant dans la voiture ?
On n’en pouvait plus. Dans le dernier tour, on a pu remonter juste derrière le groupe de contre. On les voyait quand ils relançaient et se regardaient. Dans la voiture, on criait : « Ouais, regardez-vous ! ». C’était vraiment un thriller. Axel est un méchant coursier et un dur au mal. À la fin, je disais à tout le staff qui était au bord du circuit que seul le maillot comptait. Ce n’était pas la médaille, mais le maillot. On pouvait imaginer qu’Axel se relève et temporise à l’amorce du dernier tour pour qu’il se refasse la cerise afin de gagner au sprint parce qu’il va vite. Mais avec tout ce qu’il avait lâché auparavant, ce n’était plus possible. Il fallait juste tout donner. La pièce est tombée du bon côté cette fois-ci.

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