Ronde de l’Isard : Le menu était-il trop copieux ?

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Gavarnie-Gèdre - montée sèche pour une étape raccourcie - (jeudi), le Col de Menté, le Col de Portet-d’Aspet, Guzet-Neige (vendredi), le Col de la Crouzette, le Port de Lers, Goulier-Neige (samedi), le Col de Montségur, le Port de Lers - dans le sens inverse de la veille -, le Col d’Agnès et le Col de Latrape (dimanche) : voici l’ensemble des ascensions que les concurrents de la Ronde de l’Isard ont eu à franchir en quatre jours de temps, la semaine passée. L’ascension du mythique Col du Tourmalet était également initialement prévue mais avait été annulée quelques heures avant le départ de la troisième étape, jeudi, en raison de conditions météo qui ne permettaient pas de franchir le sommet dans de bonnes dispositions (lire ici).

UNE ÉPREUVE SIMPLEMENT FIDÈLE À SA RÉPUTATION

Ce programme fait-il rêver les grimpeurs qui ont le plus d’appétence pour l’exercice ou frise-t-il avec l’indigestion pour d’autres ? Les athlètes y voient-ils là une occasion unique dans l’année de prendre un maximum d’expérience sur une course très spécifique ou souhaiteraient-ils un parcours plus ouvert et plus varié ? “C’est bien. On n’en a pas l’habitude. Je n’ai jamais fait une autre course du même style. Personnellement, je ne me plains vraiment pas du parcours. Au contraire, je l’adore et je le trouve magnifique. Forcément, c’est dur. Mais on va au bout de l’effort”, se réjouit Baptiste Huyet (CC Etupes), 4e de la dernière étape dimanche après avoir été le dernier à accompagner Lenny Martinez et Mathys Rondel dans le Port de Lers. “C’est la Ronde de l’Isard. C’est une course réputée pour avoir de grosses journées avec beaucoup de cols. C’est une course très différente des autres, il faut vraiment avoir des qualités de grimpeur pour espérer faire quelque chose. Enchaîner les cols, toujours à fond, n’est pas simple. Il faut de grosses qualités. Mais je suis convaincu qu'il faut simplement prendre cette course comme elle l’est. C’est important de faire tout type de courses”, appuie le Champion de France Espoirs sur route en titre, Nicolas Breuillard (AVC Aix-en-Provence).

Au moment de répondre, Aaron Van der Beken évoque immédiatement le Tour du Val d’Aoste, épreuve qu’il a également disputée plus tôt dans la saison. “C’est sensiblement la même chose. Le parcours en tant que tel ne me pose pas de problème. Mais il se pose l’équation de la date au calendrier. Les conditions météo ne sont plus les mêmes que lorsque la course était au printemps. C’est une très belle course mais je crois qu’elle devrait revenir à ses dates précédentes, considère le Flamand de la Lotto-Soudal U23. On n’a pas pu faire le Tourmalet à cause de la neige… Et puis, tout le monde est cuit ou presque à ce stade de l’année. Des équipes ont annulé leur participation, c’est dommage… Il faudrait peut-être y penser. Est-ce que ce n’est pas à cause des dates ?”, interroge le futur néo-pro de la formation Bingoal-Pauwels Sauces-WB.

« ÇA RESTERA DANS MA MÉMOIRE »

Ces garçons ont des aptitudes pour la montagne. Mais que pensent donc ceux qui trainent leur misère en queue de file durant toute la journée ? “Il faut passer par là pour l’apprentissage. Je ne suis pas trop grimpeur mais je m’accroche. C’est du travail de fait. Je pense qu’il faut que ça reste comme ça. C’est l’occasion de s’exprimer pour les purs grimpeurs, qui n’ont pas beaucoup d’autres opportunités dans l’année. Il ne faut pas leur enlever !”, répond Victor Jean (AG2R Citroën U23). Le Néo-Zélandais Alex White (Aevolo) disputait lui sa première épreuve Espoirs à ce niveau, en Europe. “C’est une course très dure, plus difficile encore que je ne l’imaginais. C’est bien pour réaliser ce qui nous sépare des meilleurs, on peut se mesurer clairement aux futurs coureurs du WorldTour. Perso, j’adore même si je souffre. On ne voit ça sur pratiquement aucune course, je ne sais pas si j’aurai beaucoup d’autres opportunités de vivre ça sur le vélo. Ça restera dans ma mémoire”, se satisfait le résident d’Auckland.

Lanterne rouge de l’épreuve, Matthieu Lavignac a eu besoin de 1h52 de plus que Johannes Staune-Mittet pour couvrir l’ensemble des six étapes. Ce qui ne l’a pas empêché d’apprécier l’enchaînement des ascensions pyrénéennes. “C’est ma première expérience à ce niveau-là, je me suis accroché. C’est particulier, mais l’Isard a toujours été une course difficile. Ce sont des cols qu’on a pu reconnaître pour certains, à côté de la maison. Je suis content de les faire. On n’est pas habitués à ça, ni à courir avec ces mecs-là”. Le discours de tous ces athlètes contraste avec celui de Morgan Lamoisson, le directeur sportif du Vendée U. “Pour moi, c’était trop dur, c’est une certitude. Trois arrivées au sommet, avec ces conditions-là, je trouve ça un peu limite. Il faut admettre que ça s’est très bien passé. Mais si tu viens ici avec des coureurs hybrides, plutôt puncheurs, on peut avoir des hors-délais… Là, on avait donc fait le choix de n’emmener que des grimpeurs”. Son coureur canadien, Quentin Cowan, assure lui s’être régalé. “En prenant la course au jour le jour, ça passe ! Ça sert d’expérience et ça permet de voir ce qu’on a dans le ventre. C’est marrant car personnellement, ça ne me gênait pas du tout. J’ai beaucoup aimé". Visiblement, les coureurs en redemandent et ce ne sera pas pour déplaire au comité d’organisation.

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