Les Espoirs français sont « tombés sur deux costauds »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Comme leurs homologues Juniors quelques heures plus tôt, les Espoirs français ont pu prétendre à jouer le titre mondial jusque dans les tout derniers instants de la course mais repartiront finalement bredouilles des Antipodes. Ce vendredi, la bande de Pierre-Yves Chatelon n’est pas parvenue à mettre un coureur sur le podium du Championnat du Monde et doit se contenter d’une anecdotique place dans le Top 10 pour son sprinteur Paul Penhoët sur le circuit de Wollongong, au sud de Sydney (voir classement). Longtemps pourtant, les tricolores semblaient en bonne position avec la présence de Mathis Le Berre à l’avant de la course. “Les échappées, j’aime bien ça. J’arrive à tenir la distance. C’était prévu dans le briefing, les gars n’avaient pas à rouler derrière. S’il y avait de grosses nations devant, il fallait y aller et c’est ce que j’ai fait. Il ne fallait pas être piégés”, raconte le Breton, en zone mixte, pour DirectVelo.

Dans la partie décisive de la course, le futur professionnel d’Arkéa-Samsic a fini par s’isoler avec le Belge Alec Segaert et le Tchèque Mathias Vacek. “Dans la bosse, j’accélérais un petit peu parce que ça revenait derrière. Puis on s’est retrouvés à trois. Quand c’est rentré à 30 secondes, il fallait en remettre. On ne savait pas ce qu’il pouvait se passer, Romain (Grégoire) aurait pu rentrer de l’arrière par exemple. Il valait mieux avoir un coup d’avance”, détaille-t-il lorsqu’on lui demande pourquoi il en avait -semble-t-il - fait beaucoup (voire trop ?) par moments. D’ailleurs, Mathis Le Berre a fini par légèrement s’énerver lorsqu’on lui a demandé de passer (encore) de gros relais dans le final face à des athlètes plus frais. “Ils voulaient encore que je passe alors que j’étais devant depuis 140 bornes… Il ne fallait pas abuser non plus, j’étais à fond. Je ne pouvais plus passer. Je ne sentais plus mes jambes après avoir donné tout ce que j’ai pu pour les gars. Je me suis sacrifié comme il le fallait”. Le lauréat du dernier Tour de Normandie a finalement craqué dans le dernier tour, à dix kilomètres de l’arrivée, après le retour de l’arrière du futur lauréat Yevgeniy Fedorov.

UNE CHUTE MALHEUREUSE POUR EDDY LE HUITOUZE

Les Bleus n’avaient alors plus qu’à miser sur les coureurs restés au chaud jusque-là. Romain Grégoire a allumé une première mèche dans l’ascension, avant que Bastien Tronchon n’y aille à son tour, à huit bornes du but. “Mathis nous a soulagés toute la course. On n’avait pas à prendre nos responsabilités, on attendait juste le final. Ensuite, c’était à nous de jouer. Je suis parti un petit peu trop tard dans la dernière bosse et ça n’a pas été suffisant pour faire la différence. En partant d’un peu plus tôt, je pense qu’on aurait pu reprendre les deux qui étaient devant. Mais c’est comme ça, on ne peut pas refaire le monde”, regrette le Savoyard après coup. Bastien Tronchon, qui sera pro chez AG2R Citroën en 2023, espérait bien sûr autre chose de ce Mondial. “Il y a forcément de la déception car on avait des cartes à jouer pour faire mieux que ça. Mais on n’a pas grand-chose à regretter. On a essayé. Mathis était devant toute la journée, j’ai essayé dans la dernière bosse puis on a tout fait pour Paul (Penhoët). On est tombé sur deux costauds. La chute d’Eddy Le Huitouze nous a fait du mal car c’était un élément clef de notre effectif pour rouler derrière l’échappée. C’est dommage car il était en super forme mais on a fait avec ce qu’on a pu”.

Paul Penhoët, justement, était donc la dernière carte à jouer pour les Bleus durant les cinq dernières minutes de course. Alors que ses coéquipiers d’un jour n’ont pas été en mesure de faire la différence dans la dernière ascension, il a fallu se résoudre à jouer la carte du sprint en petit comité, pour le coureur de la Groupama-FDJ. “Pendant un bon moment, j’étais vraiment bien et je me sentais à l'aise dans la bosse. J’ai imaginé anticiper car je pensais que ça se décanterait plus tôt. Mais finalement, j’ai pas mal puisé et je me suis retrouvé à être moins bien dans les deux derniers tours. J’ai vraiment dû m’accrocher, au mental”, relate-t-il dans un premier temps. “On avait surtout une tactique autour de Romain (Grégoire) mais finalement, il ne se sentait pas super bien”, précise Paul Penhoët, qui a vu le Franc-Comtois se sacrifier pour lui dans le final. “J’ai été décroché sur le haut de la dernière bosse et j’ai mis du temps à rentrer dans la descente. Mais dès que je suis revenu dans le paquet, Romain s’est mis à rouler pour moi. Puis Bastien a pris le manche aux 1500 mètres mais ça n’a pas été suffisant”. Paul Penhoët admet ensuite ne pas avoir produit son meilleur sprint de la saison dans les derniers hectomètres. “J’ai lancé le sprint vachement tôt. Avec le vent de dos, je pensais que ça irait très vite mais finalement, ça a été un sprint à l’usure. C’était très long, trop long pour moi. Je me suis écrasé dans les derniers mètres”. Pas question malgré tout de “broyer du noir” pour celui qui préfère “retenir le positif” de cette expérience avec “un super groupe”.


Crédit photo : Patrick Pichon - FFC

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