Antoine L’hote : « C'est indescriptible »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Il n’était pas cité parmi les grands favoris. Pour autant, Antoine L’hote était bel et bien à cocher dans la liste des hommes en forme en ce mois d’août. Vainqueur du Prix de la Saint-Laurent à Montpinchon le week-end dernier - son premier succès en Fédérale Juniors -, et déjà 6e d’étape sur le Tour du Carmausin-Ségala (Coupe de France), 3e de la Cantonale ou encore 4e de la SportBreizh depuis le début de l'été, le coureur originaire du Pas-de-Calais a réalisé un été particulièrement solide et arrivait sur les routes du Championnat de France en pleine confiance. Parti seul à sept kilomètres de l’arrivée, l’habituel sociétaire du VC Roubaix Lille Métropole a profité de son excellente condition physique et du marquage dans le groupe de contre pour ne jamais être repris. Cerise sur le gâteau : le Comité des Hauts-de-France réalise le doublé avec la médaille d’argent de Matys Grisel (voir classement). Entretien avec le médaillé d'or. 

DirectVelo : Tu as été à la fois le plus fort et le plus malin pour décrocher le titre !
Antoine L’hote : C’est énorme, je suis super content. Je pense à tous mes proches, ma famille, mes amis, mon club… À tous les gens qui m’ont aidé depuis mes débuts. Surtout à mon père, qui m’a mis au vélo. Enfin… de base, il ne voulait pas que je fasse de vélo car il connaissait la mentalité dans le monde du vélo. Il ne voulait pas que je sois exposé à ça trop tôt, il avait peur que ça me dégoûte. Mais maintenant, je pense qu’il ne regrette pas que je m’y sois mis (sourire). En tout cas, il était là sur la ligne. Je ne réalise même pas ce qu’il m’arrive. C’est indescriptible. Je pense qu’il me faudra une semaine pour réaliser.

« ON AURAIT GAGNÉ AVEC MATYS (GRISEL) »

La course a été très animée !

Quand (Noa) Isidore a attaqué, je savais que c’était la roue à prendre. D’autant qu’on nous a annoncé, à ce moment-là, que l’on n’avait que 20 secondes de retard sur le groupe de tête. Je me suis dit que si je revenais, à trois des Hauts-de-France, on aurait été en surnombre. Sur le Tour du Carmausin-Ségala, déjà, quand on était parti en échappée sur la fin, on était tous les trois aussi du comité, les mêmes ! Lorsqu'on est rentré, ça s’est plutôt bien entendu. Puis en haut de la grosse bosse, j’ai vu que ça se regardait alors j’y suis allé, en repensant à Montpinchon. Même si j’étais repris un peu plus tard, je savais que cette tentative allait de toute façon permettre à Matys (Grisel) et même à Swann (Guefveneu) de rester dans les roues pour ensuite gagner au sprint. Même s’ils étaient revenus, je pense qu’on aurait gagné avec Matys au sprint (rires).

À quel moment as-tu commencé à y croire ?
Quand j’ai basculé en haut de la Pigeonnière, j’ai su que j’avais pris 20 secondes d’avance et j'ai imaginé qu’il fallait que j’y aille à bloc jusqu’au bout. Je me suis dit que si j’arrivais avec une bonne avance avant le virage à gauche et les deux bornes avec vent de face, ils allaient tous se regarder à l’arrière. Une fois dans le dernier kilomètre, j'ai compris que c’était bon. Même avec des crampes, à ce moment-là, ça aurait pu passer.

Le fait de gagner à Montpinchon il y a quelques jours t'a aidé mentalement durant ce Championnat ?
Là-bas, il y avait des gars comme (Rayan) Boulahoite ou Hans Rullier qui ont vu ce que j’ai réussi à faire. Je pensais qu’ils allaient se dire que j’en étais encore capable. Alors je pensais qu’ils allaient vite se mettre à rouler mais du coup, je pense qu’ils ont dû se regarder…

« J’AURAI LA PANCARTE MAINTENANT »

Tu as terminé 3e de Liège-Bastogne-Liège Juniors un peu plus tôt dans la saison. Tu sembles beaucoup apprécier ce type de parcours casse-pattes !

J’aime les courtes bosses de trois-quatre bornes, oui. On peut les passer tout en puissance, comme aujourd’hui. En début de course, j’étais en dernière ligne et il y a eu beaucoup de chutes. J’ai été gêné et même décroché. J’ai dû remonter tout seul le peloton et j’ai eu peur d’avoir grillé beaucoup de cartouches. Il était compliqué de remonter mais je me suis toujours dit que ce n’était pas mort. Mais il fallait être costaud. Quand j’ai vu la course des Espoirs, j’ai vite compris que ça n’allait pas arriver à 50 non plus pour notre course des Juniors.

Comment es-tu venu au cyclisme ?
Mon père faisait du vélo. Il avait commencé en Cadets avant de faire sa carrière. Je regardais le Tour de France à la télé. Ça me plaisait. Au début, c’était dur. Mais avec l’envie et l’acharnement, ça a fini par bien se passer.

Maintenant, tu vas être exposé avec ce maillot tricolore !
C’est sûr que ça va me mettre en confiance mais maintenant, il va aussi falloir confirmer et ne pas se reposer sur mes acquis. Je suis Champion de France mais ce n’est pas fini même si maintenant, je ne peux être que satisfait de ma saison malgré un début d’année un petit peu raté, à la Pévèle ou sur Paris-Roubaix. J’ai pris confiance au fil des courses, malgré tout. J’aurai la pancarte maintenant, alors que ce n’était pas le cas aujourd’hui (jeudi), même si (Noa) Isidore me suivait car il m’avait vu gagner à Montpinchon et qu’il savait que j’étais capable de faire quelque chose. Mais je n’étais pas le plus grand favori. J’ai su en jouer. 

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