Thibaud Gruel : « J’avais beaucoup de pression »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Il y avait plusieurs Juniors qui pouvaient prétendre au titre national, mais parmi eux, Thibaud Gruel avait l’avantage de la régularité. Le coureur du Centre-Val de Loire n’a pas raté son rendez-vous avec le chrono du Championnat de France, à Saint-Martin-de-Landelles (voir classement). Impérial, il a mis plusieurs minutes à récupérer de son effort, effondré sur la route, et félicité par ses proches. Encore essoufflé de longues minutes après, Thibaud Gruel est revenu avec DirectVelo sur ce titre majeur auquel il pensait depuis longtemps.

DirectVelo : Qu'est-ce que représente ce titre ?
Thibaud Gruel : Ça représente un soulagement, un énorme plaisir et mon premier titre de Champion de France ! J'avais fait plusieurs chronos UCI dans la saison et je n'ai jamais été battu par un Français. J'ai toujours fini premier Français. J'étais favori, j'avais beaucoup de pression. Mais des mecs marchaient fort. Estevan (Delaunay) fait 2e, il a gagné en Coupe des Nations il y a deux semaines (au Watersley, NDLR), Baptiste Gillet a gagné en Coupe de France. J'étais loin d'être favori facilement. Je l'ai préparé, ça fait longtemps que j'y pense. Ça fait du bien d'avoir réussi, d'avoir tout bien fait au France, c'est un vrai soulagement.

C'était vraiment un moment fort de ta saison ?
Ça ne l'est pas depuis très longtemps, mais ça faisait un mois. On l'avait particulièrement préparé, je m'entrainais beaucoup en chrono ces derniers temps. J'y pensais tous les jours, je m'imaginais des scènes. Je me disais qu'à tout moment je pouvais crever, être moyen... À la fin ça fait de la pression, c'est dur à supporter, mais c'est deux fois plus beau quand ça marche. Quand ça réussit, c'est incroyable !

« JE ME SUIS ÉCROULÉ PAR TERRE »

Comment as-tu géré ton effort ?
C'était dur mais j'aime bien ça. Je préfère ça aux grandes parties plates parce que je trouve que c’est plus facile d'emmener de la puissance et me faire mal dans les bosses. Donc j'ai pris le parti de monter toutes les bosses le plus vite possible. D'une, pour que ça passe plus vite, et de deux parce que c'est là que ça creuse le plus au niveau des écarts. Quitte à rouler un peu moins vite sur le plat et les descentes, si je monte à fond, j'aurai largement rentabilisé ces petites pertes. J'ai essayé de récupérer, et dans la dernière ligne droite, j'ai fait la moitié les yeux fermés, en roulant tout droit. Je me suis fait le plus mal possible à la gueule. Je me suis écroulé par terre pendant deux minutes.

Tu gagnes pourtant assez nettement. Avais-tu des informations ?
J'ai cru entendre 5 secondes au temps inter, mais je ne savais pas si j'étais devant ou derrière. Je n'ai pas trop entendu. À la fin on m'a juste dit  « à fond, à fond ! ». Je me foutais du temps, je donnais tout. Et si je ne gagnais pas je n'avais rien à me reprocher, j'avais tout fait à fond. Je ne savais pas que j'avais de la marge, mais je savais que j'étais en tête, en me mettant à fond c'était gagné.

« JE SAVAIS QU’ESTEVAN ÉTAIT MON PLUS GROS RIVAL »

Comme tu l'évoquais précédemment, il y avait une belle concurrence...
Toujours en chrono ! Je savais qu'il y avait des adversaires, ça n'allait pas être facile. Dans la zone d'appel je sentais le stress. Avec Estevan qui est de ma région, on n'était pas du tout coéquipiers, on était adversaires, sans rivalité malsaine, mais je savais que c'était mon plus gros rival (sourire). Dans ma tête, je ne pensais qu'à le battre.

Avais-tu beaucoup analysé ce parcours ?
Je suis arrivé lundi, j'ai fait deux tours du circuit en ligne, qui reprend pas mal le chrono. Mardi, j'ai fait deux tours du circuit chrono, et hier (mercredi) pareil, en déblocage. Je le connaissais bien. Mais je n'avais pas reconnu il y a plus de temps que ça.

« MES CHAMPIONNATS SONT RÉUSSIS »

Penses-tu au doublé avec la course en ligne ?
Pourquoi pas ! Je sais que je suis, entre guillemets, dans les meilleurs Juniors français. J'ai mes chances de gagner. J'ai moins de pression, j'ai eu mon titre, mes Championnats sont réussis. Je peux gagner, ce n'est pas impossible, mais il y a du niveau. C'est aussi plus aléatoire, ce n'est pas que de la force et du physique. Ça repart demain sans pression, mais avec l'envie de bien faire.

Comment imagines-tu le scénario ?
Je pense que ça va être un chantier, comme les Espoirs. J'ai regardé les deux. On a bien vu les écarts énormes, les abandons, la chaleur... C'est hyper dur, très usant. Je pense que ça va être à peu près pareil.



Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Thibaud GRUEL