Eglantine Rayer : « J'avais une position de touriste »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Un maillot de plus dans la collection. La catégorie Junior française n'a plus de secrets pour Eglantine Rayer, qui s'est adjugé le titre sur le contre-la-montre, devant son public normand cette fois. Elle a devancé sa première poursuivante de 40 secondes (voir classement), alors que sa journée ne commençait pas de la meilleure des manières. Comme au Portugal, mais pour des raisons différentes, ses derniers instants avant la course ont été perturbés par un souci au contrôle du vélo. Pour DirectVelo, Eglantine Rayer est revenue sur son nouveau titre national, et raconte ses soucis d'avant-course, avant de retenter le doublé ce vendredi sur la course en ligne.

DirectVelo : Encore un titre de Championne de France !
Eglantine Rayer : Je ne sais pas si je vais m'arrêter, il y a encore demain. Franchement, celui-là, je ne l'attendais pas forcément. J'étais venue là pour me faire plaisir, même si je ne dis pas que j'étais venue en touriste. Mais je ne voulais vraiment pas me mettre la pression. C'était chez moi donc spécial, la concurrence était grande. L'année dernière c'était inattendu, là j'avais une pression en plus. Comme j'avais déjà dit, je ne sais pas si c'est moi qui n'aime pas le chrono ou le chrono qui ne m'aime pas. Et ça s'est confirmé ce matin. Déjà aux Europe mon vélo ne passait pas, et là ce matin les commissaires n'ont pas voulu le passer alors qu'il passait avant-hier.

Quelles ont été les conséquences ?
J'ai dû changer ma position juste avant. Je me suis effondrée, je me suis dit que c'était terminé. Ma position avait vraiment changé. J'espérais rester un minimum aéro... Mais l'année dernière je n'avais pas du tout fait ma position, là j'avais dit que je venais sans pression. Mon copain dans la Pigeonnière me disait : « fais toi plaisir ». J'ai fini comme je pouvais. J'ai voulu faire comme les pros et regarder le chrono sur la ligne, mais je n'ai pas réussi, je ne voyais pas où il était, il va falloir que je m'entraine (rires). Je ne savais pas trop où j'étais, mon père a fait les 300 derniers mètres dans mon oreillette, ça m'a fait plaisir et du bien, c'est lui qui m'a dit que j'avais gagné. Je suis vraiment soulagée.

« ON AURAIT DIT LA POSITION DE MON PÈRE »

Tu avais déjà eu des soucis au Portugal avec ton vélo...
Au Portugal, je me suis fait contrôler, il passait. Au moment du départ, on avait rajouté mon bidon et mon compteur, et ils ont cru qu'on avait changé la position. Donc ils ont voulu tout repasser au contrôle et c'est pour ça que j'étais partie en retard. Avant-hier, j'ai eu la même position, c'est passé. Et là aujourd'hui ils l'ont passé trois fois et ils n'ont pas voulu. C'est toujours la panique de changer sa position avant le départ, surtout quand on sait que ça passe. Je crois que le chrono ne m'aime pas, je vais arrêter là (rires).

Qu'est-ce que tu as dû changer dans ta position ?
L'espace entre les coudes et le bout des prolongateurs ne passaient pas. On a dû tout dévisser, en plus mon vélo a pas mal de vis, il y en a huit à bouger. Quand j'ai vu tout être démonté... Mes prolongateurs avaient 10 centimètres d'écart, j'avais une position de touriste. Ce n'est pas méchant, mais on aurait dit la position de mon père sur le vélo (rires). Je me suis dit, "c'est quoi ça". Je ne partais pas en confiance. La position du casque me gênait un peu avec l'oreillette. Je veux vraiment remercier Jean-Phi (Jean-Philippe Yon, son directeur sportif, NDLR) qui était dans la voiture. Il a été parfait du début à la fin. Mes parents et ma famille étaient là à l'arrivée. Et merci à David (Louvet) qui m'a entraînée pendant quatre ans. L'année prochaine une petite page va se tourner.

« JE NE SUIS PAS UN ROBOT NON PLUS »

Comment tu as géré ton chrono ?
On me disait que c'était un circuit qui me convenait, mais à beaucoup de filles aussi. Je l'ai appréhendé en me disant qu'il fallait gérer les bosses. J'aurais eu tendance à faire les bosses à bloc et m'écraser. Grâce à l'oreillette j'ai mieux géré. Ce que je n'aime pas en chrono, c'est que j'ai toujours l'impression d'être arrêtée, j'ai tout le temps mal aux jambes, même si c'est peut-être normal (sourire). Il faut se faire mal, et je suis contente parce que c'est la première fois que j'ai moins mal comme ça. On me disait dans l'oreillette de ne pas prendre de risques dans les virages. J'étais contente parce que ça me permettait de moins en mettre. Il me disait de me relâcher, c'était souvent le mot d'ordre et ça m'a fait plaisir, j'ai eu moins mal (sourire). Je décroche un nouveau maillot. C'est génial, je vais racheter un cadre (sourire).

Il faudra récupérer pour demain...
Je ne voulais pas faire le chrono mixte à la base, je ne suis pas un robot non plus. Mon physique a quand même des limites même si c’est sympa d’avoir récupéré une médaille d'argent avec l'équipe. J'étais souvent avec Marion (Bunel) qui est ma collègue. Ça a montré notre cohésion, je suis super contente qu'on ait la médaille avec Marion (elle était à côté d'elle au moment de l'interview, NDLR). Je repars de toute façon contente de ce Championnat. Je ne suis pas vraiment chez moi, mais ça reste en Normandie, il y a des drapeaux partout ! On va profiter ce soir, je suis contente quand ce moment passe. La veille, je suis toujours pressée d'être au lendemain après-midi. On s'est levé tôt, j'avais envie de vomir toute la matinée avec la pression et le stress.

Comment vois-tu la course en ligne ?
Je ne m'attends pas à avoir le maillot. Ça va être très marqué. Ça a du mal à rouler en Junior. L'année dernière, ce n'était pas une course très amusante. Cette année, on verra. Avec Marion on peut faire une belle course, on va avoir du monde sur le bord des routes. C'est un appel, venez nous soutenir les Normands (sourire) ! On va profiter, j'aurais préféré une arrivée en haut de la Pigeonnière, mais on va faire avec.

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