Guillaume Martin : « J’avais envie d’inverser les choses »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Guillaume Martin le sait depuis bien longtemps : pour espérer l’emporter, mieux vaut-il que le Normand termine en solitaire plutôt que d’être contraint de faire valoir ses piètres qualités de sprinteur. D’ailleurs, jusqu’à présent, il a toujours gagné en solitaire chez les pros, hormis lors de son premier succès, sur la dernière étape du Tour du Limousin 2017 où il l’avait emporté devant… son coéquipier de l’époque, Jérôme Baugnies. Sans adversaire autour de lui. Mais Guillaume Martin n’a donc jamais gagné en devant se montrer plus rapide qu’un adversaire dans la dernière ligne droite. Alors, après avoir vu son coéquipier Rémy Rochas réaliser un très gros travail dans les pentes du Col de Portes, et après avoir vu la poignée de favoris toujours en tête au sommet se neutraliser dans la descente vers Lagnieu, le leader de la Cofidis a fait le choix de tenter une dernière attaque peu avant la flamme rouge durant le final de la deuxième étape du Tour de l’Ain. Un choix tactique payant (voir classement).

« ÇA VA METTRE UN MOMENT À ÊTRE DIGÉRÉ »

“On en perd l’habitude si on ne gagne pas souvent. Eu égard à mes qualités, je n’ai pas vraiment de pointe de vitesse, donc ce n’est pas facile de lever les bras. Dans le cyclisme actuel, le niveau est super élevé. Quand on fait beaucoup de courses du WorldTour, il n’y a pas beaucoup d’opportunités comme celle-là alors quand il y en a une, il faut la saisir”, résumait le vainqueur auprès de DirectVelo, en zone mixte. Durant la dernière heure de course, les rouge-et-blanc de la Cofidis ont assumé le poids de la course et clairement affichés les ambitions de leur leader. “J’ai pu compter sur une équipe très solide. On avait un plan en tête : durcir la course dans la dernière montée. Ruben (Fernandez), François (Bidard) puis Rémy (Rochas) l’ont exécuté à merveille, parce qu’ils étaient très en forme. Sur le papier, on avait l’une des équipes les plus fortes de ce Tour de l’Ain et on l’a montré sur cette étape”. Avant, donc, que le grimpeur de 29 ans ne parvienne à se faire la malle en toute fin de course. “C’était très tactique dans le final. Généralement, je me fais avoir dans ce genre de final mais j’avais envie d’inverser les choses aujourd’hui (sourire). J’ai essayé plusieurs fois de les surprendre et ça l’a fait sur ma dernière tentative, à un kilomètre et demi de l’arrivée. Ça fait très plaisir. J’étais parmi les plus forts mais j’ai aussi été malin. Et j’ai profité de mes qualités de descendeur, que l’on a souvent moquées”, ironise-t-il, grand sourire aux lèvres.

Avec ce succès, Guillaume Martin signe son retour au premier plan après avoir dû quitter le Tour dans de drôles de circonstances. Depuis, il a tout de même bien enchaîné en disputant le Tour de Wallonie (7e d’étape), la Clasica San Sebastian et le GP de Getxo. “Le Tour, ça va mettre un moment à être digéré. J’entends certaines choses, des équipes qui ont continué de faire courir des coureurs avec le Covid… Pour ma part, je n’avais pas de symptômes et j’ai dû partir. C’était une situation un peu ubuesque et je n’ai toujours pas compris comment ça s’est passé mais c’était quand même une grosse déception”.

« C’EST TRISTE, MAIS C’EST CE SYSTÈME »

Alors qu’il n’a disputé que huit étapes sur le Tour, il espérait pouvoir retrouver les routes d’un Grand Tour fin août à l’occasion du Tour d’Espagne. “J’avais envie d’y aller… Mais l’équipe a d’autres objectifs. Je suis déjà à 62 jours de course, c’est vraiment beaucoup. Et il y a cette fameuse course aux points où les Grands Tours ne sont pas très payants. C’est triste, mais c’est ce système qui fait que je serai plutôt sur des courses d’un jour”. À savoir, entre autres, la Polynormande, la Bretagne Classic à Plouay ou encore les épreuves canadiennes. Avec tout de même entre-temps le Tour du Limousin. Il n’y aura plus beaucoup de courses pour grimpeur hormis l’Italie en fin d’année alors il ne fallait pas que je me rate sur ces occasions-là. J’ai pas mal souffert de la chaleur hier (mardi), je n’avais pas de bonnes sensations et j’étais assez inquiet. Je reviens de Normandie et je n’avais plus couru sous la chaleur depuis un petit moment. Je n’étais pas très optimiste ce matin mais au final, ça allait plutôt bien”.

Guillaume Martin a désormais un maillot de leader à défendre, ce jeudi, à l’occasion du dernier acte de ce Tour de l’Ain. “Cette dernière étape, je la connais. Je sais qu’elle est très dure à contrôler mais ce qui est pris n’est plus à prendre. L’objectif, bien sûr, va être de remporter le général mais il faudra encore être fort et malin. Sur une étape courte, avec des équipes de six, il risque d’y avoir des attaques toute la journée. On sera préparés pour une étape très dure”

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