Lenny Martinez : « J'aurais signé quand même »

Crédit photo Tour d'Italie Espoirs

Crédit photo Tour d'Italie Espoirs

Lenny Martinez est le premier Français à terminer sur le podium final du Tour d'Italie Espoirs depuis le retour de l'épreuve au calendrier en 2017 (voir classement). L'Espoir 1 de la Continental Groupama-FDJ revient sur son Giro au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Quel est le sentiment qui prédomine ?
Lenny Martinez : Je suis satisfait. J'aurais signé quand même pour monter sur le podium d'une course de prestige. Honnêtement, je pense que j'étais aussi fort que Leo Hayter et Lennert Van Eetvelt quand la route s'élevait. Je suis content mais je me dis « si j'avais attendu pour attaquer dans le Mortirolo, Leo (Hayter) ne nous aurait peut-être pas pris autant de temps. Si j'avais été dans le groupe de devant hier (vendredi), j'aurais peut-être pris le rose » mais c'est comme ça, c'est la course.

Le troisième jour justement, tu t'échappes à 60 kilomètres de l'arrivée dans le Mortirolo avant de t'écrouler dans la vallée...
J'aurais pu aller au bout et prendre le maillot rose avec beaucoup d'avance mais la course était un peu longue pour moi. C'était six heures (cinq heures de course et presqu'une heure de fictif, NDLR), je n'avais jamais fait ça. Les jambes ont calé d'un coup après la descente. Je n'avançais plus du tout. J'étais bien dans le Mortirolo, j'en ai profité pour attaquer pour faire la descente tout seul. Le plan était d'attaquer là si on avait les jambes. Si je n'avais pas calé, ça l'aurait peut être fait. Dans la dernière montée, c'était sauve-qui-peut. Je n'avais plus rien. Je regardais la puissance, je me disais « ce n'est pas possible ». C'est une sensation bizarre. Je ne pouvais pas aller plus vite. Au bout de six heures, c'était fini. C'était dur mentalement car on allait pas très vite, on était tous à bloc. Quand Leo Hayter m'a passé, il m'a regardé droit dans les yeux mais c'était impossible de le suivre.

« IL FALLAIT ESSAYER »

Tu perds 5'49" sur Leo Hayter ce jour-là. Du coup, durant la 5e étape, vous tentez le coup collectivement, sans succès...
Tant qu'on avait du retard, il fallait essayer de le combler. Quand j'étais dans l'échappée, j'étais mieux que dans le peloton, donc on n'a pas forcément gaspillé beaucoup d'énergie. J'ai juste pris les points du premier col et j'ai fait la descente. Je me suis retourné et il y avait toute l'équipe, j'ai pris les roues du groupe. Finalement, le peloton est revenu. On est encore Espoirs donc on peut encore se permettre des trucs comme ça. En WorldTour, ça ne sera plus possible. S'il y avait eu des Lotto avec nous, ça serait allé au bout je pense. Mais il fallait essayer. 

Lors de la 6e étape menant à la Fauniera (18,6 km à 8,5%), ce sont les rivaux de Lotto-Soudal DT qui envoient trois gars devant, Lennert Van Eetvelt, Vincent Van Hemelen et Ramses Debruyne...
On ne pensait pas du tout qu'ils allaient le faire. L'équipe a roulé et quand l'écart s'est stabilisé, je suis ressorti dans le col. Je suis monté aussi vite que Lennert mais je n'ai pas pu lui reprendre 1'30", ce n'est pas n'importe qui.

« SI JE PEUX MONTER CHEZ LES PROS, JE LE FERAI »

Ce samedi, tu défendais avant tout ta 3e place au général. Comment as-tu géré ces 120 kilomètres ?
C'était un peu stressant. J'avais peur des chutes. Il n'y avait pas la règle des trois kilomètres. Du coup, il fallait faire attention car ça aurait pu se payer cash. J'ai laissé les coéquipiers frotter pour amener Romain Grégoire et Samuel Watson au pied de la bosse finale à Pinerolo, ils ont plus l'habitude que moi dans cet exercice.

Après ta 8e place à la Mercan'Tour Classic, tu confirmes ta bonne période.
Faire un Top 10 avec des coureurs du WorldTour, c'était super. C'est positif de faire un podium ici. Je n'avais pas encore eu de résultats dans la catégorie Espoirs. On était trois coureurs désignés pour le général, c'est bien mais c'est aussi dur à gérer. Mais après dans les cols, ça se fait à la pédale. Je sais que les gens attendent beaucoup de moi. Ça ne me dérange pas, au contraire, c'est toujours sympa. Mentalement, je me verrais bien l'an prochain chez les pros mais il faut encore en parler avec l'équipe. Si je peux monter, je le ferai.

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