Remco Evenepoel : « Mon plan a marché à la perfection »

Crédit photo James Odvart - DirectVelo

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Remco Evenepoel a remporté, ce dimanche, son premier Monument en s'adjugeant Liège-Bastogne-Liège (1.UWT). Le sociétaire de Quick-Step Alpha Vinyl s'est imposé en solitaire à Liège devant Quinten Hermans et et Wout van Aert (voir classement). Le Belge de 22 ans est revenu sur sa victoire au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Tu gagnes en solitaire ta première Doyenne pour ta première participation. Tu ne pouvais pas faire mieux...
Remco Evenepoel : C'est un sentiment incroyable. Finir seul ici sur ce type de tracé est compliqué et le faire sur la course de mes rêves est fantastique, le tout pour ma première participation. Mon plan a marché à la perfection. Ce que j'ai montré aujourd'hui est exactement ce que j'avais en tête. Peut-être pas me détacher tout seul dans la Redoute, mais en tout cas d'attaquer à cet endroit à plusieurs et de conclure dans la Roche-aux-Faucons. C'est encore mieux ainsi, même si j'ai eu du mal dans la deuxième partie de la Roche-aux-Faucons avec le vent de face. Les gars sont revenus à 20 secondes, mais j'ai continué de me concentrer sur mon effort. Je sentais que mes jambes revenaient un peu ensuite. À trois kilomètres de l'arrivée, mon avance était passée à 40 secondes et je savais alors que j'avais gagné.

Il doit y avoir aussi du soulagement dans ce succès quand on repense à ta chute fin 2020 au Tour de Lombardie.
Ce n'est pas un secret : depuis ma chute au Tour de Lombardie, j'ai eu des hauts et des bas. Gagner un Monument est un soulagement, c'est vraiment la preuve ultime que je peux battre les meilleurs du monde sur les grandes courses du calendrier. Je devais également me prouver à moi-même que j'en étais capable. En 2020, je n'ai pas perdu de course, sauf en Lombardie. Après ma chute, j'ai dû patienter pour retrouver le meilleur Remco Evenepoel. Il était enfin de retour ce dimanche, au meilleur moment. J'ai beaucoup travaillé pour ça. Ce n'était pas évident, car jusqu'à cette chute, tout se déroulait parfaitement pour moi. L'an dernier, j'étais tout le temps stressé, car je savais que je n'étais pas encore revenu à mon ancien niveau. Je pleurais souvent parce que j'étais déçu de mes sensations. Le chemin a été long, mais les dernières semaines, je sentais que j'étais sur la bonne voie.

« LA REDOUTE, UNE DES MONTÉES QUE JE PRÉFÈRE »

L'équipe n'avait pas été en réussite sur cette période de Classiques. Ressentais-tu beaucoup de pression avant cette course ?
Tu dois croire en toi quand tu sais que ta préparation avait été parfaite. Il n'y avait pas d'excuse à part une chute ou une panne de jambes. Je n'étais pas sûr de moi à 100%. Ce n'est pas comparable à ma période en Juniors où je remportais toutes mes courses, mais j'avais quand même un bon sentiment avant le départ. Notre manager Patrick Lefevere est venu nous voir hier soir en nous disant que si ça ne marchait pas à Liège-Bastogne-Liège, ce n'était pas la fin du monde. Cette approche a enlevé un peu de pression. C'est de la bonne gestion de groupe, c'est un beau geste de sa part. Il continue de nous encourager, de croire en nous.

Tu montres qu'on peut toujours faire la différence sur la Redoute.
C'est une des montées que je préfère. Je l'ai escaladée un nombre incalculable de fois dans ma jeune carrière. J'aurais pu rouler le final les yeux bandés, je crois, même si ça n'aurait pas été une bonne idée (rires). Par exemple, je savais que la descente où il y a eu une grosse chute était dangereuse avec des trous dans la route. Je l'avais dit cette semaine lors de ma reconnaissance à mon soigneur que s'il y avait un vent de côté à cet endroit, ça pouvait tomber. C'est malheureusement arrivé. Je suis content que ma connaissance des routes ait pu faire une différence. C'est particulier de pouvoir gagner la course dans la Redoute. J'ai commencé à avoir mes bonnes jambes dans cette côte. C'est à cet endroit que tu commences à ressentir la fatigue et c'est là qu'il faut en mettre une. J'ai regardé mes données de puissance. Mon attaque était comparable à un sprint. C'est comme ça qu'il faut s'y prendre pour lâcher ce petit monde.

« J'AI GAGNÉ EN EXPLOSIVITÉ »

Ton attaque était assez explosive. Pourtant, ce n'est pas ton point fort sur le papier.
Jusqu'à présent, je dirais que ce n'était pas ma spécialité. Pourtant, durant l'hiver, j'ai gagné en explosivité. J'ai également progressé en chrono. C'est un peu le combo des deux que j'ai montré aujourd'hui. C'est évidemment un risque avec ce vent de face. 30 kilomètres comme ça, c'est se lancer dans une sacrée aventure. Mon style se transforme un peu. Maintenant, je vais continuer de bosser sur mes capacités de grimpeur sur le Tour de Suisse en vue du Tour d'Espagne. Je vais peut-être encore gagner en explosivité et continuer ma transformation, mais j'aurais toujours besoin de mes capacités de rouleur. Je ne vais pas non plus devenir le sprinteur capable de régler des groupes non plus. J'ai également bossé sur mes qualités de descendeur qui n'étaient pas au top à mes débuts pros, mais je descends de mieux en mieux aussi.

Tu gagnes également au moment où ton idole Philippe Gilbert participait à sa dernière Doyenne.
L'image du cyclisme belge, c'est Philippe Gilbert. Il disait que j'aurai la Doyenne un jour à mon palmarès. J'ai souvent parlé avec lui pendant la course. Je suis content de gagner l'édition de ses adieux. Je commence à avoir des frissons, rien que de penser à lui. J'espère pouvoir un jour travailler à nouveau avec lui. Philippe Gilbert nous a donné tellement d'émotions pendant 20 ans. C'est un cadeau pour le cyclisme belge. Il a été le porte-drapeau pendant tant d'années. J'aimerais à terme arriver au même palmarès, ce ne sera pas facile. Il restera mon idole pour toujours.

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