Circuit des Ardennes : La prudence crée des frustrations

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Avec quatre ascensions - dont l’arrivée de cette 3e étape - de deux kilomètres à 8 % de moyenne, la montée de St Walfroy était particulièrement attendue. Cette difficulté aurait eu une grande incidence sur le classement final du Circuit des Ardennes (2.2). Il n’en sera rien. En raison des conditions météo difficiles, les coureurs n’auront pas eu à l’escalader. Ils ont dû mettre pied à terre après 84 kilomètres de course, lors du passage à Carignan où avait été donné le départ sur les coups de midi.

RACCOURCIE PUIS ANNULÉE

Dans un premier temps, vers 13h30, l’organisation décide de supprimer les trois tours du circuit final alors que les coureurs ont déjà 70 bornes au compteur. L’étape passe alors de 163 à 112 kilomètres, avec une arrivée sèche à St Walfroy, lors du premier passage sur la ligne. La décision est alors comprise par une majorité des coureurs alors qu’ils sont arrosés par une pluie froide depuis le départ. “C’était une bonne idée de raccoucir, nous étions dans des conditions hardcore”, reconnaît Gwen Leclainche (CC Etupes), classé 16e du général après deux étapes. “Je comprends que ça aurait été chaotique de faire les 163 kilomètres. Enlever les trois tours et arriver directement en haut, c’était un bon compromis je pense”, ajoute Romain Grégoire (Conti Groupama-FDJ).

Mais à peine une quinzaine de minutes après cette première décision, radio-tour annonce une fin d’étape prématurée. Alors que le peloton est groupé et les abandons nombreux, la course est arrêtée. Les coureurs font alors une petite dizaine de bornes en neutralisé, avant de se mettre au chaud dans une salle à Carignan. “La montée finale était quasiment impraticable (en raison de la neige, NDLR), on préfère arrêter maintenant, indique alors à DirectVelo le président du jury Jempi Jooren. Il y avait encore 20 kilomètres si on allait à l’arrivée, c'était trop. Donc on a décidé de mettre tout le monde à l'arrêt ici, au chaud, et d'annuler la course”.

« ÇA ME SAOULE »

Si l’organisation a donné la priorité à la sécurité des coureurs, certains d'entre eux n’ont pas caché leur agacement. "Ça me saoule, on se tape deux heures sous la flotte, on savait que les conditions allaient être comme ça…  Ceux qui n’étaient pas contents, ils n'avaient qu’à descendre du vélo et rentrer chez eux.  Il faisait froid, il pleuvait, mais on le savait avant l’étape. On s’était équipé pour. Ça fait chier”, peste un coureur qui avait coché l’étape du jour. “Je suis déçu, j’aurais préféré qu’il y ait l’arrivée, regrette Gwen Leclainche. Je suis un coursier… Nous étions sous la pluie depuis deux heures, Il valait mieux ne pas courir du tout. Oui, on avait froid mais on n’était pas à 30 minutes près”. Directeur sportif de la Lotto-Soudal Development, Carl Roes aurait aimé lui aussi une autre issue. “Mes coureurs n'avaient pas encore très froid, promet-il. Nous avions bien anticipé, nous avions les bons vêtements, nous avons mis du papier sulfurisé contre le torse. C'est une technique d'antan mais elle fonctionne. Ils ont l'air encore bien".

L’Ardennais Timothé Gabriel fait partie de ceux qui ne sont pas mécontents de cette décision. “Je pense que je serais rentré à la maison si ça avait continué, même si j'étais dans l'échappée matinale. C'était franchement extrême, on peut le dire. J'ai l'habitude de courir en hiver dans les cyclo-cross, mais là c'était vraiment extrême”, trouve le coureur du VCU Schwenheim.

« IL FAUT PENSER À L'ORGANISATION »

Christophe Felzine, président de l'organisation, n’est pas surpris du mécontentement de certains coureurs. “Si elle n'est pas discutable, la décision est discutée, c'est normal. On en frustre certains mais pour le maintien de l'intégrité du peloton c'était la sage décision. Les conditions étaient beaucoup trop dangereuses, on ne voulait pas prendre le risque de perdre encore des coureurs”. Jempi Jooren va forcément dans le même sens. “C'est toujours comme ça, ceux qui roulent pour le général ne sont pas contents. Mais pour moi c'est la sécurité des coureurs qui prime. On a aussi des directeurs sportifs qui ont demandé de continuer, d'autres d'arrêter. C'est à nous de prendre la décision avec l'organisateur et quelques directeurs sportifs. La sécurité est le plus important. C'est pour ça qu'on a annulé, c'était la décision la plus prudente”.

Si la frustration est grande chez certains, l’équipe d’organisation est la première déçue, elle qui a eu à peine sept mois pour mettre sur pied cette édition après un report en octobre l’an passé en raison du contexte sanitaire. “Cette arrivée à St Walfroy nous tenait à cœur, dit Christophe Felzine. On la voulait absolument mais on la recoche au calendrier pour les prochaines années. Pour effacer la frustration, des coureurs, mais aussi les collectivités qui nous accueillent. C'est la première fois dans l'histoire du Circuit qu'une étape est annulée. C'est un baptême, mais on en assume les conséquences”. Bonne nouvelle pour ceux qui ont abandonné, ils pourront repartir de Charleville-Mézières, ce samedi, pour la quatrième et dernière étape. Tous les coureurs, sauf les non-partants, ont été en effet repêchés. “Dans un peloton, il y a toujours les 20 premiers du général qui veulent courir jusqu'au bout pour faire les guerriers, mais il faut aussi penser à l'organisation, ça ne sert à rien d'être au départ de la dernière étape avec 20 mecs, ce n'est pas beau. Donc je pense que c'est une bonne décision”, conclut Timothé Gabriel.




Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Timothé GABRIEL
Portrait de Romain GRÉGOIRE
Portrait de Gwen LECLAINCHE