Benjamin Thomas : « Je ne me suis pas mis la pression »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Sept petites secondes le séparaient d’Alberto Bettiol, huit de Tobias Johannessen, mais Benjamin Thomas a fait mieux que résister, sur le chrono final d’Alès. Le coureur de Cofidis a pris la 3e place de l’exercice, devant la totalité de ses adversaires au classement général (voir classements). S’adjugeant ainsi l’Étoile de Bessèges, en plus d’une victoire d’étape décrochée dans la commune qui donne son nom à l’épreuve. Pour le spécialiste du contre-la-montre, c’est un début de saison tonitruant, et une première course par étapes ajoutée à son palmarès. Benjamin Thomas est revenu avec DirectVelo sur sa semaine dans le sud, cette dernière étape où le suspense était préservé, et son nouveau profil, encore confirmé ce dimanche.

DirectVelo : Quel était ton état d’esprit ce matin, avant le départ ?
Benjamin Thomas : Finalement je n'y croyais pas trop, je ne me suis pas mis la pression. Avec la victoire d'étape de vendredi, celle de Bryan (Coquard) la veille, j'étais déjà très satisfait. Ce n'était que du bonus. Je venais ici pour faire un podium, à la base. Aujourd'hui, j'étais dans mon élément. Le fait de savoir que j'avais de l'avance au pied de la bosse m'a galvanisé, ça m'a permis d'aller chercher le meilleur de moi-même jusqu'à l'arrivée. C'est vraiment le début de saison parfait pour moi.

Tu semblais avoir une concentration extrême au départ…
J'étais dans ma bulle. Le travail de l'équipe toute la semaine a conditionné mon chrono et ma montée hier (samedi). Quand on a toute une équipe qui se met à son service, quand on a un Bryan Coquard qui te place au pied du Mont Bouquet, qui prend le vent à 40 bornes de l'arrivée, une équipe qui roule toute la semaine, ça met des responsabilités et une bonne pression. C'était pour eux que je voulais aller chercher ce classement général et cette victoire collective avant tout.

« CETTE ÉTOILE DE BESSÈGES EST UN PEU UN DÉCLIC »

Quand as-tu l’impression d’avoir franchi ce cap ?
Je le situe plutôt sur les Jeux Olympiques. Pour moi, il y a vraiment un avant et un après JO. Je sens que je suis un coureur différent, et le changement d'équipe m'a vraiment boosté, j'ai vraiment envie de bien faire. Cette Étoile de Bessèges est un peu un déclic dans ma carrière et ça montre que je peux faire des résultats sur les courses sur route. Je l'avais dit cet hiver, ça récompense un gros travail. 

Il faudra donc compter sur toi maintenant, sur ces courses par étapes…
Les courses à étapes en France, comme Bessèges, c'est ce que j'ambitionne. Lors des courses WorldTour, j'essaierai de confirmer ce statut-là. On verra déjà sur Tirreno-Adriatico en épaulant Guillaume Martin et en essayant d'aller chercher des bons résultats. C'est tout ce que je recherchais cette année et c'est le début de saison idéal.

« DE LA COURSE TOUS LES JOURS »

Comment as-tu vécu ces jours en tant que leader, de l’équipe mais aussi du général ?
C'est un peu spécial, ma famille était là toute la semaine, je crois qu'ils en ont bien profité. J'étais beaucoup soutenu sur les routes, j'entendais des « allez Benjamin » dans toutes les bosses, comme hier dans le Mont Bouquet, ça aide. Et c'est toujours spécial de gagner en France, proche de la maison.

Tu gagnes une Étoile de Bessèges plus compliquée que par le passé !
C'était un très beau parcours, il y a eu de la course tous les jours. La première étape était spectaculaire avec les bordures. Tous les jours, les arrivées avec ces montées courtes mais raides donnaient vraiment du spectacle. Le Mont Bouquet s'inscrit dans les arrivées spectaculaires, c'est à conserver d'après moi. Quant au chrono le dernier jour, il permet de préserver le suspense. C'est une course passionnante, c'est ce que les gens disent de l'extérieur, et je remercie les organisateurs pour cette belle course en France qui prend de l'importance. Si je devais rajouter quelque chose, peut-être une arrivée pour sprinteurs purs pour l'an prochain, ce serait aussi pas mal, comme ça il y en aurait pour tous les goûts. Cette année, c'était une édition particulièrement difficile.  

« DIVERSIFIER MA PALETTE »

Où te situes-tu en contre-la-montre, par rapport à l’an dernier ?
L'an dernier, j'avais beaucoup plus préparé ce contre-la-montre, avec des tests, etc. J'avais mes marques sur mon ancien vélo, mais on a fait un gros travail cet hiver avec mon entraineur et toute l'équipe performance de Cofidis, pour que je retrouve mes repères et ma position. Même si j'ai moins travaillé l'exercice du chrono, j'ai progressé par rapport à l'an dernier donc j'ai un peu compensé ça. Je n'ai pas analysé les données de puissance et tout ça, mais de ce que j'ai vu, j'étais sensiblement dans les mêmes bases que l'an dernier. Après il y a eu une Étoile plus dure cette année... Hier j'ai fait le Mont Bouquet à bloc, alors que l'an dernier il y avait des arrivées plus faciles avant le chrono.

Et pourtant, tu finis avec le même écart par rapport à Filippo Ganna…
C'est une satisfaction donc on va continuer à bosser dans cette direction pour se perfectionner encore en chrono. Je suis encore à 10" de Filippo Ganna mais il y a moyen d'aller chercher mieux. On verra sur les prochains chronos, au Tour d'Algarve et à Tirreno-Adriatico, pour encore progresser. Je vais essayer de diversifier ma palette pour aller chercher des étapes en ligne aussi. Je ne pouvais pas tout travailler mais c'est très bien d'être allé chercher une 3e place. Ça me rassure sur ma condition, je n'ai pas perdu mes qualités dans cet exercice (sourire). 

« JE NE DIRAIS PAS QUE LA PISTE EST UN POIDS »

Tu avais, qui plus est, des raisons d’être plus entamé physiquement que Filippo Ganna…
Hier il a quand même fait du boulot, il en fait tous les jours pour son leader. Hier en plaisantant avec lui, on a discuté. J'espérais qu'il allait gagner l'étape d'aujourd'hui et moi le général. On est bien copains, il m'a dit qu'il espérait que j'allais gagner le général. Il m'a dit aussi qu'il n'avait pas ses meilleures jambes, c'est le début de saison, on se cherche tous un peu. Mais il confirme que c'est un champion, parce que même à 95% peut-être, il a écrasé ce chrono.

Te sens-tu plus à l’aise maintenant que la piste est un peu de côté ?
Je ne dirais pas que la piste est un poids parce que ça m'apporte quand même énormément. L'an dernier, j'étais très concentré sur l'objectif des Jeux. Ça conditionnait toute ma saison, mes courses avant, etc. J'avais peur de tomber ou de prendre des chutes qui m'empêchent de me préparer au mieux. Maintenant, je cours beaucoup plus libéré cette année. Avoir des responsabilités, c'est aussi nouveau et ça me réussit assez bien. Il faut que la condition soit là aussi, mais on a bien travaillé cet hiver pour être prêt dès le début de saison. Et ensuite me tourner plus vers des objectifs en été. 

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