Axel Laurance : « Le vélo, c’est ma vie »

Crédit photo Franz-Renan Joly / B&B Hôtels-KTM

Crédit photo Franz-Renan Joly / B&B Hôtels-KTM

Après la mère Manuella, le père Franck et la grande-sœur Typhaine, voilà qu’Axel Laurance écrit sa propre histoire dans le monde du cyclisme. Convaincant l’an passé pour sa deuxième saison dans les rangs Espoirs, le Morbihannais a gagné sa place chez les pros et c’est du côté de la B&B Hôtels-KTM qu’il s’apprête à faire ses grands débuts, le 2 février, lors du Tour de Valence. La continuité d’une sacrée histoire familiale. C’est super chouette de partager la même passion et, désormais, d’en vivre tous les deux. Ça nous tire vers le haut. On est tout le temps ensemble et très complices depuis tout petits. On se retrouve dans les deux grosses équipes bretonnes. Ce n’était pas loin pour que l’on soit dans la même mais c’est bien aussi comme ça (sourire). On a un Glaz et une rouge”, se réjouit Typhaine Laurance (Team Arkéa) auprès de DirectVelo, en marge d’une fin de stage en Espagne avec son frère et Pierre Rolland. Cette passion nous rassemble mais on ne la vit pas de la même manière. Axel est plus expressif que moi. J’ai tendance à garder mes émotions ou mes ressentis pour moi alors qu’Axel est capable de les clamer haut et fort. Il a plus confiance en lui. En tout cas, je savais qu’il passerait pro. C’était son rêve et il a mis tous les ingrédients nécessaires pour y parvenir. Je suis fier qu’il soit parvenu à atteindre ce premier objectif”, se réjouit l’athlète de 23 ans. Le petit-frère a maintenant hâte d’en découdre et de se faire une place au plus haut niveau. Entretien.

DirectVelo : Comment te sens-tu à quelques jours de tes débuts chez les pros ?
Axel Laurance : C’est forcément beaucoup de plaisir et de curiosité, et un objectif d’atteint. En 2021, je ne me disais pas qu’il fallait passer pro à tout prix cette année. Je me concentrais sur ma saison. Généralement, tes résultats t’emmènent où tu dois aller. Ce qui est sûr, c’est que j’ai tout fait pour y arriver et que j’avais conscience qu’il ne fallait pas traîner. Le fait d’être en équipe de France, dès le stage de pré-saison, m’a mis en confiance. Je savais que j’allais disputer des courses avec les Bleus et je savais que ça allait être une belle opportunité de se faire remarquer. Et ça n’a pas loupé ! Ma victoire d’étape sur la Course de la Paix a été un vrai déclic et un moment important. Dès le lendemain, le téléphone a sonné plusieurs fois (rires). Comme j’ai eu plusieurs opportunités, j’ai voulu prendre mon temps, ça ne servait à rien de se précipiter. Et j’ai finalement pris ma décision en juillet. Et me voilà prêt à débuter ma saison en Espagne. J’ai hâte !

Tu sembles avoir été destiné à faire du cyclisme ton métier…
Mes parents faisaient du vélo tous les deux à haut-niveau, ma sœur est professionnelle elle aussi, alors c’est normal qu’on puisse le voir comme ça. Cela dit, franchement, je ne me suis jamais senti obligé d’en faire mon métier. Chacun fait ses propres choix mais en l’occurrence le vélo, c’est ma vie. Je le fais d’abord pour moi.

À quand remontent tes premiers souvenirs du monde du vélo ?
J’étais tout petit. Tous les ans, j’allais voir le Grand Prix de Plouay sur le bord de la route. C’était LA course phare de la saison qu’il ne fallait manquer pour rien au monde. Ce sont mes premiers souvenirs. Par la suite, j’ai vite pratiqué et j’ai toujours suivi les courses, sur le bord de la route ou à la télé. Je n’ai jamais décroché. Et pour l’anecdote, il m’arrive encore de jouer à Pro Cycling Manager.

« CE NE SERA PAS ROSE TOUS LES JOURS, C’EST IMPOSSIBLE »

Tu y auras ton propre avatar cette année !
On va voir les notes qu’ils vont me mettre mais je leur laisse encore le bénéfice du doute si ça ne correspond pas trop (rires) !

Ces dernières années, tu as connu des hauts mais aussi de sacrés bas et des moments difficiles, avec notamment cette chute sur Paris-Roubaix qui t’a obligé à rester quatre semaines dans le plâtre, et cette autre gamelle sur la Ronde des Vallées où tu t’étais cassé trois dents. Peut-on dire que ces traumatismes-là ont aussi forgé ton caractère et l’athlète que tu es aujourd’hui ? 
C’est évident ! Il faut s’appuyer dessus même si ce n’est pas le genre de choses que l’on veut revivre. Mon père avait déjà ce mental de guerrier. Il nous l’a inculqué. Il n’y a pas que les chutes ou les retours de blessure, ça sert tout le temps. Sur le Tour de l’Avenir, j’étais complètement en galère mais je me suis surpassé mentalement. J’aime bien ces défis, au mental. Je pense que c’est ma force principale, en fait… Parfois, tu peux battre un mec plus fort que toi avec le mental même si évidemment, il vaut quand même mieux avoir de bonnes jambes (rires).

Chez les pros, il va sans doute falloir apprendre à apprivoiser des douleurs et des souffrances encore plus intenses que chez les Élites !
Ce ne sera pas rose tous les jours, c’est impossible. Il faudra être fort mentalement. Mais j’ose espérer que si tu montres une grosse force de caractère et que tu ne lâches rien, il doit y avoir moyen de se faire remarquer. Même si j’ai eu quelques résultats convenables en montagne chez les Élites, sur la Course de la Paix ou au Tour de l’Avenir, je sais très bien que je ne peux pas espérer jouer avec les meilleurs dans ce domaine chez les pros. Au contraire, je crois que sur les étapes de montagne, il s’agira de survivre (sourire).

« JE NE VAIS PAS PERDRE MON ESPRIT DE COMPÉTITEUR »

Où espères-tu t’illustrer ?
Mon atout principal sera sûrement mon explosivité. Je me vois avant tout comme un puncheur. J’aime les courses d’un jour vallonnées, comme on en a pas mal en Bretagne. Je pense avoir un rapport poids-puissance intéressant et une bonne petite pointe de vitesse, qui peut toujours servir. Mais il va falloir passer un nouveau cap, je l’ai bien senti lors du stage de l’été dernier. Dans les bosses, on sent que ça monte vraiment plus vite. Je me souviens notamment du Tour du Doubs. Au pied de la dernière bosse, j’étais plutôt bien placé mais je n’ai fait que reculer quand ça a accéléré devant et là, je me suis rendu compte de la différence et de l’effort réalisé par les meilleurs. Le plus impressionnant, c’était à Druivenkoers-Overijse. J’étais dans le paquet, dans un mont, c’était groupé. Des favoris ont attaqué et là, juste après la bascule, le directeur sportif nous a annoncé à la radio qu’ils avaient 1’30” d’avance. En un claquement de doigts ! C’était fou… Les mecs ont bien plus de force physique, il va falloir essayer de combler ça au maximum.

Tu évoquais précédemment ton père. Lors de ton succès d’étape sur la Course de la Paix, en Coupe des Nations, l’an passé, il était présent dans le staff de l’équipe de France…
Oui, c’était un moment fort. Dans la voiture, ils ne l’ont pas su tout de suite. Ils l’ont entendu à la radio. Mais quand on s’est vu, juste après, mon père m’a dit qu’en me voyant attaquer dans le dernier virage, il a compris que j’allais gagner. C’était super qu’il soit là pour partager ça avec moi. Quand on partage la même passion, c’est forcément plein de souvenirs ! Mais on ne partage pas que la passion du vélo. On aime tous les deux la moto-cross aussi et je vais toujours rouler quand je le peux.

T’es-tu déjà projeté sur la façon dont pourraient se dérouler tes débuts en tant que pro ?
Pas vraiment. Pour l’instant, je ne me pose pas trop de questions. J’attends de voir. Je sais très bien que le niveau va être stratosphérique à Valence (il va lancer sa saison au Tour de Valence avant d’enchaîner avec le Tour de Murcie, la Clasica Jaén puis le Tour du Rwanda, NDLR). Je ne peux pas me rendre sur ce genre de courses en espérant, dès maintenant, faire des résultats. Mais en cours de saison, si j’ai une opportunité sur une épreuve moins relevée, pourquoi pas. Je ne vais pas perdre mon esprit de compétiteur et mon envie de gagner.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Axel LAURANCE