Joshua Dubau : « Longtemps que je me bats et tourne autour »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Cette fois, c’est la bonne. Jamais Joshua Dubau n’était parvenu à décrocher ce titre qui lui échappait. Sur la deuxième marche du podium ces deux dernières années, en 2018 aussi, derrière son frère Lucas lorsqu’il était Espoir, le coureur du Team Peltrax-CS Dammarie-lès-Lys a enfin décroché son maillot bleu-blanc-rouge (voir classement). Malgré un départ qui l’a plongé loin derrière la tête, le coureur de 25 ans a débordé coureur après coureur, jusqu’à revenir à l'avant et filer dans le dernier tour. Pour DirectVelo, Joshua Dubau, maillot sur les épaules, revient sur ce succès qu’il attendait tant, sur lequel il avait misé toute sa saison, encore une fois.

DirectVelo : Te voilà enfin Champion de France !
Joshua Dubau : Enfin, oui ! C'était l'objectif de la saison, déjà l'année dernière. Vu les conditions météo je ne m'attendais pas forcément à être vraiment devant, ni être le favori aujourd'hui avec ce que j'ai vu sur ces deux jours. Mais ça fait plaisir d'être sur la plus haute marche et enfin revêtir le maillot de Champion de France.

Tu étais pourtant mal parti…
Je suis bien parti sur les premiers mètres, puis je me suis vite fait dépasser dans la ligne droite. Dans les deux-trois virages je me suis fait bouger, j'ai dû passer vers la 15e place. Devant ça ne s'est pas posé de questions, ça a directement affiché les ambitions et commencé à partir. J'étais plutôt bien. J'ai doublé mes adversaires qui m'avaient passé. Il a fallu faire la jonction sur Fabien (Doubey) et Yan (Gras).

Comment es-tu parvenu à revenir ?
Le circuit était très boueux, ce n'était pas top pour moi. Je dirais qu'il y avait pas mal de parties de course à pied, ça me va plutôt très bien. C'est là que j'ai pu faire la décision et grappiller du temps. Il fallait être solide pour boucher les 20 secondes. Je suis passé devant tout de suite pour me mettre à mon rythme. Quand j'ai commencé à partir, j'ai eu une crevaison qui m'a obligé à ralentir. Fabien m'a passé et il a fallu se relancer encore pour attaquer. Dans le dernier tour j'avais une avance suffisante. J'ai pu profiter un peu dans la dernière ligne droite.

« J’AI EU DEUX TRÈS GROS ADVERSAIRES »

Est-ce que c'est mentalement aussi que tu as surmonté les difficultés du parcours ?
C'était un stress en moins de faire abstraction. Dans tous les cas, peu importe les conditions ou les circuits c'est pareil pour tout le monde. Évidemment certains préfèrent certaines conditions ou certains circuits, mais il faut faire abstraction. J'ai été fort cette saison, régulier, je n'ai pas eu de coup de mou. Ce n'est peut-être pas le parcours idéal mais il fallait se battre. Un maillot n'est jamais facile à aller chercher. C'était l'objectif, ce n'est pas parce que les conditions ne sont pas pour moi qu'il faut lâcher. J'avais le couteau entre les dents. Ça a beau être des circuits pour tel ou tel type de coureur, si on veut quelque chose, on doit se battre pour aller le chercher.

On annonçait un duel avec Clément Venturini... qui n’a pas eu lieu...
Je pense qu'on a eu un beau spectacle aujourd'hui, même si Clément n'était pas devant. Il y avait quand même des hommes forts. Ça fait plaisir d'avoir une bagarre comme ça avec des adversaires. Si j'avais été tout seul devant ça n'aurait pas été aussi beau. J'ai eu deux très gros adversaires, c'est ce qui rend la victoire aussi forte. Je prendrai conscience dans les prochains jours. Pouvoir mettre le maillot, avec le sponsor, le porter, courir avec qui sera encore autre chose... Mais déjà profiter avec les amis et la famille. Ça fait longtemps que je me bats et que je tourne autour pour aller le chercher. Ça fait plaisir d'avoir cette récompense.

« LES ROUTIERS PRÉPARENT DIFFÉREMMENT, JE DEVAIS RÉPONDRE À ÇA »

Tu fais tout l'hiver, comment vis-tu de voir les routiers arriver pour le Championnat ?
Ça dépend. Pour moi c'est une motivation supplémentaire. Je sais que mes adversaires principaux sont les routiers qui ne font pas la saison intégrale. C'est pour ça aussi que, comme c'était l'objectif principal, on m'a moins vu sur le circuit international. J'ai limité mes déplacements et ma fatigue. J'ai su faire les choses que je voulais. Les routiers, on sait qu'ils vont faire des stages en décembre, roulent au chaud... Moi ça fait deux ans que je me dis que dans ces périodes, je n'ai pas les mêmes libertés pour faire des stages au chaud. Alors je fais les heures chez moi, dans le froid. J'allège un peu en décembre pour rouler un peu plus. Le maillot va me faire du bien. Les prochaines années, je vais pouvoir me pencher un peu plus sur le circuit international. Mes adversaires les plus proches étaient les routiers, ils préparent différemment, je devais répondre à ça. Donc j'ai géré comme ça cette année, sur la fatigue.

Tu te concentres beaucoup sur le VTT en parallèle, est-ce que ce maillot peut te faire changer tes plans ?
J'ai toujours allié les deux. C'était un juste équilibre en fonction des saisons, comment elles se passent. Mais très clairement, aujourd'hui je suis payé pour faire du VTT, donc ça reste ma priorité. Mais ce sont deux disciplines qui me tiennent à cœur. Donc si je peux continuer comme ça, je le ferai.

« ON PARTAGE ÇA À DEUX »

Qu'est-ce que tu vas viser au Mondial ?
Je ne sais pas trop. Je sais que je suis en forme, un Top 10 doit être jouable. Sur un très bon jour, un Top 5 pourquoi pas. Les deux monstres ne sont pas là, c'est deux places de gagnées pour tout le monde. Après il n'y a pas de limites. Je vais y aller pour faire au mieux et j'espère bien que mon maillot de Champion de France va me donner des ailes pour les prochains week-ends.

En Junior, ton frère, Lucas, avait peut-être plus de résultats que toi, comment tu expliques que tu sois passé devant lui ?
Dans les jeunes catégories, il y a des différences morphologiques. Moi j'ai été développé plus tard que mon frère, donc j'ai eu un retard. Ça ne m'a jamais empêché de travailler correctement et de laisser le temps faire. On ne peut pas toujours être excellent, mais on peut travailler pour s'améliorer chaque année. C'est ce que j'ai fait. Même dans mes années Élites, j'ai toujours une progression, et j'espère que ça va continuer les prochaines années. Être bon c'est bien, mais savoir progresser c'est encore mieux. Lucas a des objectifs différents, il est dans ses études de kiné, il est moins investi dans la discipline. On a des schémas différents mais on s'éclate tous les deux.

Il était presque plus ému que toi !
Avec Lucas, ça fait quelques années qu'on tourne sur les podiums. Lucas est passé à côté en Cadets déjà. On s'était bagarré ensemble en Espoir, lorsqu'il avait gagné. Aujourd'hui, je n'avais jamais été Champion de France en cyclo-cross, et ce n'est que dans la catégorie Élites que je le suis. Ça fait plaisir d'aller la chercher pour lui aussi. On partage ça à deux et c'est génial.

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