De retour chez les Amateurs en 2021, après une année d’arrêt, mais surtout treize saisons consécutives passées chez les professionnels, Romain Feillu n’a pas tardé à se distinguer. Dès le début de la saison, au Pays Basque, le coureur du CC Périgueux Dordogne a retrouvé le chemin de la victoire, en s’adjugeant le Trophée de l’Essor. "Le début de saison, c'était super, je ne pouvais pas espérer mieux. Dans l'hiver j'avais vraiment de bonnes sensations. Je m'entrainais en Espagne avec des Elites de là-bas, et franchement j'étais au top niveau par rapport à eux, je me sentais au-dessus. Donc je me doutais que j'allais être très bien. Numéro un français pendant un moment, je me suis senti bien dans l'équipe, c'était le top. Puis j'ai débranché au niveau des résultats". Cette deuxième partie de saison moins faste que son entrée en matière, il la doit à des problèmes personnels liés à un divorce difficile, comme il l’expliquait au mois de juin (lire ici).

Malgré ses problèmes, le coureur de 37 ans a pu renouer avec le rythme de courses amateurs. "J'aime bien ce style de courses. En Coupe de France Pro aussi, c'est un peu décousu dans le final. Il y a un gros niveau maintenant chez les Amateurs, les équipes sont bien structurées, donc ça allait au niveau de l'adaptation. C'est un gros niveau et en même temps ça va un peu moins vite, donc j'arrive à faire des efforts et être bien placé pour tenir comme ça. J'avais même une meilleure condition que sur mes dernières années pro". Après cette année remplie d’émotions différentes, Romain Feillu veut rendre hommage à son équipe. "Je retiens l'ambiance dans l'équipe qui était au top, ça m'a vraiment fait du bien. Niveau physique, je me rappelle du Tour des Deux-Sèvres. Quand j'ai gagné face à pas mal de jeunes Belges et Néerlandais, j'ai lancé le sprint à fond dans la montée, j'ai bien géré, j'ai senti que j'étais parmi les plus forts, que j'étais sur un top niveau".

« CES SENSATIONS, TU NE LES AS QU’EN COURSE »

Pour 2022, l’ancien maillot jaune du Tour de France a pour projet de refaire une saison bien fournie. Mais avec quelques aménagements malgré tout. "Le but est de refaire une saison complète. Mais avec les gardes de mes enfants, je pense que je courrai un peu moins que ce que j'ai fait cette année. Je suis en instance de divorce, donc mes enfants m'ont demandé d'être plus présent, alors je vais essayer de partir peut-être trois week-ends sur cinq en course". Afin de continuer sa quête de plaisir, qui l’a ramené au monde du vélo cette année. "Je veux juste prendre du plaisir sur le vélo. C'est ma vie et quel que soit le niveau j'arrive toujours à prendre du plaisir. En ce moment je m'entraine avec Thomas Chassagne et Morne Van Niekerk, je suis heureux. Quand tu as ça dans le sang et que c'est ta vie... J'ai fait toute ma carrière par passion, pas pour l'argent. C'est ce qui permet de continuer à apprécier chaque moment".

Romain Feillu en dit un peu plus sur ces sensations qui le ramènent toujours aux compétitions. "Je trouve que c’est tellement agréable d’avoir des sensations physiques de vitesse. Je n'ai pas envie de perdre ça et j'ai envie de prolonger ce plaisir. Sur le vélo, quand tu es dans un peloton, tu as toujours ces sensations. Dans une voiture tu t'habitues à la puissance, mais tu ne peux pas faire le fou. Tu as beau avoir une voiture de sport, tu ne peux pas te lâcher parce que tu es sur la route. Sur le vélo, en course, tu peux passer vite un virage, passer près, choisir ta trajectoire. Ces sensations, tu ne les as qu'en course. C'est hyper plaisant". Et avec toute son expérience, il peut accompagner les jeunes dans leur progression. "Toutes ces choses font que c'est génial. À Périgueux il y a aussi une reconnaissance des jeunes pour tout ce que je leur apporte donc c'est gratifiant". Romain Feillu a peut-être de longues années dans le rétroviseur, mais la passion roule toujours à ses côtés.