Herman Terryn : « On a fait le minimum »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Herman Terryn, l'entraîneur national du sprint, a choisi de juger la saison de l'équipe de France de vitesse à l'aune des Jeux olympiques, "le moment le plus important de l'année". Au Japon, le trio Florian Grengbo, Sébastien Vigier et Rayan Helal a décroché la médaille de bronze de la vitesse par équipes. C'est le sixième podium de suite pour la France qui court après l'or depuis le premier titre en 2000. Le Championnat d'Europe et le Championnat du Monde ont apporté deux médailles d'argent supplémentaires. Mais à Tokyo, dans les disciplines individuelles, aucun coureur n'est arrivé en finale. Pour DirectVelo, Herman Terryn fait le bilan de la saison 2021 et revient sur la situation de Mathilde Gros.

DirectVelo : Comment juges-tu la saison de l'équipe de France ?
Herman Terryn : Elle est jugée par les Jeux olympiques car ça reste le moment le plus important de l'année. On va dire qu'on a fait le minimum de ce qu'on espérait, c'est à dire rester sur le podium de la vitesse par équipes, ce qui n'était pas évident car nous avions une équipe très jeune face à une forte concurrence. Cette médaille est une grande satisfaction, c'est une promesse d'espoir.

« COMPLIQUÉ D'ÊTRE CONCENTRÉ SUR LES AUTRES DISCIPLINES »

Il y a eu moins de réussite dans le reste du tournoi...
Pendant toute l'olympiade, nous nous sommes focalisés sur la vitesse par équipes, qui était la porte d'entrée de la qualification olympique, donc pour les athlètes c'était compliqué d'être concentré sur les autres disciplines. Dans les autres épreuves individuelles, nous sommes à notre place. On espérait des finales en keirin où étaient nos principales chances. C'est dommage mais vu les résultats des deux-trois dernières années, ce n'est pas non plus un scandale. Pour 2024, être sur le podium dans les épreuves individuelles est un objectif.

Et comment juges-tu les résultats du Championnat d'Europe et du Championnat du Monde ?
Ils sont arrivés dans la foulée. On s'est dit qu'il fallait être présent. Les coureurs sont arrivés bien physiquement, comme beaucoup d'athlètes internationaux car tout le monde a voulu prolonger la saison après deux saisons perturbées par le Covid. Nous avons pu aller chercher d'autres médailles, ça donne encore plus de confiance.

À quel moment as-tu ressenti le plus de pression ?
C'est pendant les JO mais aussi avant pour les coureurs qui sont allés chercher leur sélection. Ces jeunes, malgré cette pression, ont réussi à être présents, à battre le record de France et à gagner une médaille.

MATHILDE GROS : « LA PRESSION LUI A FAIT PERDRE SES MOYENS »

Est-ce que cette médaille est appréciée à sa juste valeur ?
Nous avons l'historique du sprint français qui a régulièrement rapporté des médailles. C'est de plus en plus dur d'en ramener, la concurrence est féroce. Les jeunes ont réussi à répondre présent. Il y a beaucoup de pression à passer après les champions qu'on a connus depuis quinze ans. Ils ont perpétué la tradition d'être présent sur le podium. J'espère que ça sera un vrai appui pour l'avenir.

Que penses-tu de la prestation de Mathilde Gros ?
Décevante du point de vue de la médaille qu'on espérait aux JO, même si elle ne domine pas depuis quelques années. Physiquement, elle était très forte. Mais la pression lui a fait perdre ses moyens physiques et tactiques. C'est devenu un point faible, ça se paie cash. Les JO sont un juge de paix. Il y a de la déception pour Mathilde d'abord. Il faut mettre des choses en place pour qu'elle performe, sans attendre 2024. Nous avions déjà ciblé des points faibles mais ils ont été mis en lumière pendant les Jeux.

Si vous les aviez déjà ciblés, pourquoi ne pas les avoir corrigés avant Tokyo ?
On a cherché à combler le retard mais il y a eu peu de compétitions or la meilleure évaluation, c'est la compétition. Il y a du progrès chez Mathilde mais il faut être au top dans tous les domaines. Par exemple, Mathilde est suivie depuis trois ans pour la prépa mentale, pour gérer les événements et exprimer son physique et son potentiel. Elle roule avec le frein à main à cause de la fatigue liée au stress et la peur de mal faire.

COURIR EN ALLEMAGNE

Combien de tournois court Mathilde par an ?
On est sur 5-7 compétitions de haut-niveau. Mais en dehors des Coupe des Nations et des Championnats, c'est dur de trouver des Grands Prix avec de la concurrence de haut-niveau. On la retrouve dans les courses en Allemagne, les Grands Prix là-bas sont une bonne opportunité.

Y aura-t-il une équipe de vitesse par équipes féminine ?
J'espère ! On l'a dans le coin de la tête. Il reste moins de trois ans. Il faut voir dans leur progression des choses intéressantes. J'espère qu'on aura une vitesse par équipes à Paris.

Mais la qualification commencera dès 2022...
J'aimerais bien qu'on soit présent au Championnat du Monde 2022. Il faudrait enclencher dès l'année prochaine. Il y aura des évaluations régulières.

« IL N'Y A PAS UNE MÉTHODE NÉERLANDAISE »

Tu travailles avec combien de coureurs pour la vitesse par équipes ?
Chez les filles, nous avons quatre athlètes au pôle olympique mais en tout, il y a cinq filles potentielles pour courir en 2022 et pour constituer un trio en 2024. Chez les garçons, il y a environ six coureurs et surtout nous avons la capacité à doubler les postes et des coureurs polyvalents capables de courir en 2 ou en 3. Au poste de démarreur, il y a Florian (Grengbo) mais aussi Timmy (Gillion) qui a réussi 17"4 à Saint-Petersbourg et à son âge, c'est très, très bien. Tout ça va tirer l'équipe de France vers le haut.

Comment combler le retard sur les Néerlandais ?
Chacun a ses méthodes. Il y a des variantes mais on développe tous les mêmes qualités à l'entraînement. Il n'y a pas une méthode néerlandaise. Pas plus qu'il y avait une méthode anglaise. Il y a des coureurs incroyables, des Jason Kenny, des Néerlandais. Nous avons nous aussi des coureurs très bons mais il faut croire en soi pour espérer les dépasser.

Quel sera le calendrier de l'équipe de France dans les prochains mois ?
Pour l'instant, certains sont au repos, d'autres en fin de saison avec la Ligue des Champions. En février prochain, on connaitra la procédure de la qualification des JO. Elle pourrait rendre encore plus important le Championnat d'Europe du mois d'août. Le Championnat du Monde 2022 sera le grand rendez-vous de l'année. Le reste de la saison servira à préparer la suite, c'est-à-dire 2024.

Mots-clés

En savoir plus