Kenny De Ketele : « Je fais encore partie de l'élite »

Crédit photo James Odvart - DirectVelo

Crédit photo James Odvart - DirectVelo

La semaine prochaine à Roubaix, Kenny De Ketele disputera son 14e et dernier Championnat du Monde sur piste Elites. Le Belge de 36 ans profite de cette occasion pour faire le point sur sa carrière avec DirectVelo. Il explique également ses futurs projets de reconversion.

DirectVelo : La semaine dernière, au Championnat d'Europe à Granges, tu as montré avec ta 2e place à la Madison qu'il fallait encore compter sur toi.
Kenny De Ketele : Nous avions une autre tactique. Je l'avais dit avant la course : Lindsay (De Vylder) est très rapide et nous avons pu en profiter. Il bat même des Viviani. Quand je l'ai vu sprinter, j'ai retrouvé mon sprint. C'est pourquoi nous n'avons pas pu réagir pour prendre un tour mais nous avons pris beaucoup de points sur les sprints, notre tactique était presque suffisante pour nous emparer du titre.

Vous avez été battus de quatre points par la paire néerlandaise Piotr Havik et Jan Willem van Schip. Des rivaux qui seront absents la semaine prochaine parce qu'ils n'ont pas pris part à la Coupe des Nations.
Pourtant, c'est une règle connue de tous. C'est une grosse erreur de la part de la fédération néerlandaise. Après les Jeux de Tokyo, j'ai encore été en Colombie pour respecter le règlement. Une règle est une règle. C'est dommage pour eux car ils étaient en forme. C'est un peu bizarre de voir qu'un titre européen ne soit pas une garantie de participation à un Mondial. C'est comme ça.

Comment vis-tu ces derniers moments ?
Après Tokyo, j'ai eu du mal à me remettre dedans mais aller en Colombie m'a fait du bien et m'a permis de me reconcentrer. J'ai gagné à Cali et aux 3 Jours d'Aigle. Au Championnat d'Europe, je sortais d'une semaine d'entrainement. Donc, normalement, on sera encore mieux à Roubaix. Je suis content de terminer avec mes amis Lindsay De Vylder à Granges et Robbe Ghys à Roubaix. Ce sont les deux gars avec lesquels je m'entends le mieux. Je suis très détendu. Je profite et je vais tout donner. Je voulais participer à une dernière Olympiade, c'est fait. J'aimerais évidemment terminer par une victoire à Roubaix ou un succès aux Six Jours de Gand ou de Rotterdam. Je suis heureux de conclure ma carrière en me disant que je fais encore partie de l'élite mondiale.

Avec en plus un dernier Mondial presque à domicile.
C'est à 45 km de chez moi. Je peux y aller à vélo si j'ai envie. Faire un dernier voyage ne m'aurait pas dérangé, mais la contrainte du décalage horaire n'est pas pour me déplaire ce coup-ci. C'est chouette car les supporters pourront être de la partie.

LE DÉCLIC LORS DU TITRE MONDIAL SUR LA MADISON EN 2012

Quel bilan tires-tu de ta carrière ?
Je suis plus que satisfait. Chez les jeunes, ça a pris du temps avant de gagner. C'était dû à un manque d'explosivité. Mon titre de Champion du Monde de la Madison en 2012 à Melbourne avec Gijs Van Hoecke a tout changé. La vie de cycliste est géniale. J'ai voyagé dans le monde entier. Mis à part une médaille olympique, j'ai tout gagné dans ma carrière. J'ai eu beaucoup de partenaires différents. Pour moi, ça ne fait aucune différence : j'essaie d'être complémentaire avec mon coéquipier. Lindsay me disait la semaine dernière qu'il pouvait rêver du podium avec moi. Ça met la pression mais ça donne envie d'être toujours au niveau pour ces garçons.

Ce titre mondial en 2012 a tout changé pour toi ?
Ça été le déclic. Ça m'a donné confiance en moi. J'ai appris beaucoup sur moi-même et j'ai ensuite transposé ça durant le reste de ma carrière. J'étais perçu, traité et payé autrement. Ça m'a incité à être toujours au top durant le reste de ma carrière.

Quel est ton pire souvenir ?
Ma chute en 2009 au Sparkassen Giro et cette fracture de la nuque. J'ai eu beaucoup de chance de ne pas avoir de séquelles. C'est un endroit délicat. Durant cette période, j'ai appris à connaître des gens qui font encore partie de mon entourage à l'heure actuelle.

DIRECTEUR SPORTIF ET PEUT-ÊTRE ACTEUR 

Que te réserve ta deuxième carrière ?
Ce n'est pas encore clair. Une semaine avant les Six Jours de Gand, j'irai à Aigle (le siège de l'UCI, NDLR) pour suivre une formation de directeur sportif sur la route. J'aimerais évidemment transmettre mon expérience et mes connaissances de la piste aux futures générations. J'étais coach des Juniors pendant deux ans. Sélectionneur national pourrait m'intéresser. Si ça ne se fait pas tout de suite, ça viendra sans doute par la suite. Pour le moment, à l'heure actuelle, je suis sans emploi pour 2022. Et pourquoi pas devenir acteur ? J'aimerais bien tourner dans un film un jour. Il faut bien avoir de l'ambition dans la vie.

Quels sont les changements au niveau de la piste que tu as perçus durant ta carrière ?
Beaucoup de choses ont changé. Le programme olympique a beaucoup changé avec les années, l'Omnium en lui-même aussi, mais le principal changement, c'est l'approche de l'effort. C'est devenu plus centré sur le choix du plus gros braquet possible. C'est une tendance à laquelle j'ai dû également m'habituer aussi. Ce qui a changé aussi, c'est le rapport entre route et piste. Je pense que ce n'est pas possible d'être bon sur la piste sans un bon programme sur la route.

Que penses-tu de la future génération ?
Je pense qu'il y a de quoi faire. Robbe Ghys, Lindsay De Vylder, Fabio Vandenbossche, Gerben Thijssen, Jules Hesters, Tuur Dens, ou Brent Van Mulders peuvent nous réserver de belles choses à l'avenir. Et il semble prometteur quand je vois des jeunes comme Gianluca Pollefliet et Noah Vandenbranden pointer le bout de leur nez.

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