Malgré les mois particulièrement pénibles qu’il vient de traverser, il est toujours resté totalement impliqué, droit dans ses bottes et digne. Jusqu’au bout. Pour cette formation qui lui a tant apporté durant une décennie, et pour des athlètes qu’il côtoie pour certains d’entre eux depuis pratiquement aussi longtemps. Coureur historique du Team Delko - sept victoires avec le groupe entre 2011 et 2017 -, Benjamin Giraud a depuis troqué maillot et cuissard pour enfiler le costume de directeur sportif de la ProTeam marseillaise. Jusqu’à la voir sombrer en cette saison 2021, bien malgré lui. Ce week-end, le Provençal a accompagné ses hommes pour la dernière fois, lors du Tour de Vendée puis à Paris-Tours, qui était la dernière course de l'histoire de l'équipe (lire ici). Un moment riche en émotions pour l’ancien sprinteur, que DirectVelo a contacté tôt ce lundi matin à la suite de cette annonce. Entretien.

DirectVelo : L’équipe Delko, c’est donc fini !
Benjamin Giraud : La décision a été prise tout récemment mais je préférais attendre notre dernière course avant de l’annoncer. Je ne voulais pas que les coureurs gambergent avant le Tour de Vendée et Paris-Tours. D’ailleurs, on a fait une bonne semaine et on termine sur une bonne note, c’est bien. J’avais prévenu le staff et les coureurs comme ça a commencé à s’ébruiter dimanche matin.

« JE SUIS FIER DES GARÇONS »

Il est tout de même surprenant de tout arrêter à un week-end de la fin de saison, alors qu’il ne reste que deux manches de Coupe de France à disputer…
Oui mais bon… Sportivement, ce sont des courses qui ne nous auraient pas apporté grand-chose. Les coureurs qui auraient pu briller sur ces épreuves-là n’ont pas disputé la moindre course depuis un moment et n’auraient pas forcément été hyper compétitifs. Ce n’est donc pas très grave. Le nerf de la guerre, c’est l’argent, et économiquement l’équipe était au plus mal. Dans ces conditions, c’était déjà bien de pouvoir aller jusqu’à Paris-Tours. On termine sur une grosse course et on y a performé, je trouve ça beau (Julien Trarieux termine dans le Top 10, voir classement). Il vaut mieux finir d’une belle façon, plutôt que de tout faire à moitié et à l’arrache juste pour dire d’aller au bout du bout de la saison.

Le fait de ne même pas pouvoir aller au terme de la saison laisse deviner à quel point la situation était critique...
Malheureusement, oui. Économiquement, la situation n’est un secret pour personne depuis longtemps. Il en est ce qu’il en est. Nous, on se concentre sur le sportif et l’image est très bonne et je veux m’en réjouir. Quand tu es dans le milieu, tu devines les difficultés par lesquelles on est passé et malgré tout ça, les gars sont restés forts jusqu’au bout. Il n’y a qu’à voir nos deux dernières performances du week-end. Je suis fier des garçons. On a tenu la baraque jusqu’au bout. Et je sais que certains sont agréablement surpris de la façon dont les coureurs ont fini la saison, malgré les soucis que l’on a traversés.

« IL Y AVAIT BEAUCOUP D'ÉMOTION, FORCÉMENT »

Ce dimanche a dû être une journée très spéciale pour l’ensemble de l’équipe, et pour toi le premier puisque tu as participé à ce projet depuis très longtemps !
Complètement ! Delko, c’est plus qu’une équipe. On a toujours été très proches et il y a quelque chose de particulier ici. C’est presque plus une famille qu’une équipe. Jusque-là, j’étais dans le feu de l’action alors je ne m’en rendais pas trop compte… Mais désormais, la pression commence à retomber et je me dis que c’est vraiment fini. C’est triste, oui…

On ne verra plus les maillots de l'équipe Delko dans le peloton…
Après ce Paris-Tours, on a échangé dans le bus et on a débriefé tous ensemble, pour un petit mot d’adieu. Il y avait beaucoup d’émotion, forcément. Pour moi-même, à 35 ans, ça représente presque un tiers de ma vie, ça fait drôle. Certains sont là depuis le début, comme moi… C’est particulier car on s’est énormément investi dans cette équipe. On a grandi avec elle et on a partagé plein de grands moments ensemble.