Boris Orlhac : « J’ai montré que c’est possible »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Boris Orlhac a longtemps été un ovni dans l’univers du cyclisme amateur. Les athlètes de haut niveau qui allient à la fois le cyclisme dans une formation de N1 et un travail à plein temps en parallèle sont minoritaires. Mais de surcroit, le coureur du Team Pro Immo, lui, est sans doute l’un de ceux qui a connu un emploi du temps des plus chargés et des plus exigeants. Employé dans la papeterie de la banque de France - où il veille à l’une des premières étapes de la confection des billets de banque via le travail du coton -, l’athlète travaille en 3-8. Ses proches, ses coéquipiers et ses collègues de boulot sont tous bluffés par ce rythme de vie infernal, d’autant qu’il est parvenu à le maintenir durant près d’une décennie, lui qui se lève régulièrement au beau milieu de la nuit, à 3h du matin, pour aller travailler.

Mais le vélo, c’est donc fini. À 29 ans, il a disputé sa dernière course sous le maillot du Team Pro Immo lors du Tour de Savoie-Mont-Blanc cet été. Sans regrets, même s’il aurait aimé monter en Conti avec l’équipe avant que le projet ne capote, mais avec beaucoup de fierté. “Le vélo, c’est une bonne partie de ma vie. C’est une longue expérience qui m’a appris le respect de plein de choses et la tenue d’une bonne hygiène de vie. J’ai côtoyé beaucoup de coureurs différents et c’était très enrichissant. Avoir pu conjuguer le travail et le vélo si longtemps va m’aider toute ma vie”, se réjouit-il auprès de DirectVelo, conscient qu’il tourne là un chapitre important de son existence. “Ça donne de la force pour la vie de tous les jours, pour la suite”.

UNE NUIT AU TRAVAIL PUIS UN PODIUM L'APRÈS-MIDI MÊME

Car la fin de ce chapitre ne signifie finalement rien d’autre que le début d’un nouveau. Boris Orlhac a sans doute un côté hyperactif. Pour preuve : maintenant qu’il a cessé la compétition, il ne compte pas en profiter pour prendre le temps de souffler lorsqu’il ne travaille pas. Bien au contraire ! Le voilà avec de nombreux autres défis sportifs en tête. Trails, courses à pied en montagne de tous genres et cross-country devraient être à son programme dans les mois et les années à venir. Avec aussi l’envie, par exemple, de disputer à terme un Ironman. “J’ai besoin de me lancer des défis, j’y suis habitué”. Et ce rythme-là ne lui fait plus peur depuis bien longtemps. “J’ai tout connu sur le vélo. Une fois, j’ai bossé toute la nuit, je suis rentré chez moi à 6h, j’ai dormi trois heures puis j’ai pris ma voiture et je suis allé faire le Tour du Charolais. Et j’ai terminé 2e en faisant toute la course devant, avec des mecs comme Jérémy Defaye ou Ben Dyball ! Puis après la course, je suis rentré et je suis retourné directement au boulot pour refaire une nuit, de 20h30 à 5h”, se souvient-il.

Ce rythme-là, il l’a tenu sans jamais flancher. Et lorsqu’il ne dispute pas de compétition entre deux nuits au travail, il s’inflige des séances d’entraînement intenses avec ses amis professionnels, Romain Bardet ou Romain Combaud, entre autres. “Il faut être passionné et motivé, c’est sûr. Mais quand on veut, on peut ! C’est pareil dans tous les domaines”. Boris Orlhac a toujours répondu présent sur les événements importants, quitte à faire oublier le train de vie démentiel qu’il a toujours mené. “Quand il fallait faire le boulot pour l’équipe, je me suis toujours impliqué à 100%, même si je m’étais levé à 3h du matin pour bosser avant la course”.

DE LA DN3 AU QUADRUPLÉ AU CHALLENGE BBB-DIRECTVELO AVEC PRO IMMO

Parfois, il a tout de même eu le sentiment de se mettre légèrement en danger. “Après plusieurs nuits à travailler, il m’est arrivé d’être moins lucide en course. J’étais dans un état de fatigue avancé. C’est comme quand tu passes trop de temps au volant sans t’arrêter, tu ne t’en rends pas forcément compte mais tu es moins dedans. J’aurais pu, plusieurs fois, me retrouver au sol à cause de ça”. Mais l’Auvergnat a surtout pris beaucoup de plaisir à longtemps évoluer dans la meilleure équipe française amateur, avec laquelle il a remporté tant de succès collectivement. “Je suis content d’avoir pu porter le maillot d’Issoire, de Pro Immo et d’Hyères. Je n’ai pas beaucoup gagné dans ma carrière de cycliste mais je suis content d’avoir fait quelques podiums. Au Chablais, au Charolais, au Tour d’Auvergne, au pays de Gex... Ce sont de bons souvenirs. J’avais gagné le général de l’Essor basque, aussi. Et je me suis surtout amusé avec les copains. Et on a terminé en beauté. 2020 et 2021 étaient les deux saisons les plus fortes pour moi”, se félicite celui qui a connu le club en DN3 puis qui l’a vu monter et prendre de l’importance, saison après saison, jusqu’à remporter (sans doute) quatre fois consécutivement le Challenge BBB-DirectVelo au terme de l'exercice annuel actuel. 

Au moment de tirer le bilan de cette belle carrière, Boris Orlhac ne veut retenir que du positif. Et l’admiration de ses pairs. “Je suis vraiment content d’avoir pu allier travail et cyclisme. J’espère que j’ai donné quelques idées aux jeunes. J’ai montré que c’est possible. On peut faire les deux. J’ai franchi des paliers plus lentement que d’autres. Mais j’ai assuré mon avenir professionnel tout en me faisant plaisir sur le vélo”. Un parcours qui, assurément, mérite le respect.

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