Féminines : Roubaix, les prémices du Tour ?

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

Samedi dernier, la première édition de Paris-Roubaix version féminine a peut-être marqué un tournant non-négligeable dans l’histoire du cyclisme. L’engouement autour de cet événement, y compris médiatique, a largement dépassé tout ce qui avait pu se faire jusqu’à présent au niveau du peloton féminin. Les participantes ont été sollicitées comme jamais et ont vécu une expérience unique, mais qui pourrait (devrait) se répéter de façon plus accrue encore l’été prochain, lors du retour du Tour de France. “J’ai senti qu’il était en train de se passer quelque chose de fort autour de ce Paris-Roubaix. C’est de bon augure pour la suite. De nombreux médias nous ont suivies. Ce n’est pas commun, pas à ce point”, se félicite la Championne de France Espoirs, India Grangier. Sa coéquipière Manon Souyris (Stade Rochelais Charente-Maritime) a le même ressenti. “On a vu plein de reportages, même sur les chaînes d’infos qui, d’habitude, ne parlent jamais de vélo féminin. On n’avait jamais vu un tel engouement. Je me dis que enfin, on commence à reconnaître notre travail”.

Ancienne Championne de France Élites, Jade Wiel a également senti qu’il se passait quelque chose de fort autour de ce premier « Enfer du Nord » au féminin. “On a toutes eu l’occasion de donner notre ressenti à des journalistes. C’était l’occasion de mettre l’événement en lumière, à fond. C’est bien ! Le journal télévisé, pour le vélo féminin, c’est rare (sourire). Sur les réseaux, tout le monde nous a félicitées, ça parlait de guerrières. Il y avait beaucoup d’hommes sur le bord de la route pour encourager les femmes… Je pense que l’on a donné une bonne image du vélo féminin”, souligne la Provençale de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope.

Du côté de l’équipe Arkéa également, l’événement s’est révélé unique en son genre. “La pression est montée au fur et à mesure. On a senti un engouement beaucoup plus important que d’habitude. On a vu des filles passer au journal, ça fait vraiment plaisir et ça montre qu’il y a un intérêt pour le cyclisme féminin. Il y a encore des avancées à faire mais on sent que ça se développe beaucoup, assure Lucie Jounier. On sait que des filles comme Aude Biannic ou Audrey Cordon-Ragot ont galéré à leurs débuts. Nous, on était dans de bonnes conditions directement mais là, on a encore passé un cap”.

UN AVANT-GOÛT DE CE QUE DEVRAIT ÊTRE LE TOUR DE FRANCE

Manon Souyris n’est pas cycliste professionnelle. Elle travaille en parallèle et cette double activité a également été l’occasion pour elle de mesurer l’impact médiatique de ce premier Paris-Roubaix féminin. “Paris-Roubaix, ça parle à tout le monde. Quand tu vas faire la Flèche wallonne, pour moi, c’est énorme. Mais ça ne parle à personne si tu n’es pas dans le monde du vélo. Alors que là, pour Roubaix ou le Tour, tout le monde connaît. Lundi au boulot, les collègues de travail ou le patron n’en revenaient pas que j’ai participé à Paris-Roubaix. J’ai l’impression que, comme c’est passé partout aux infos, tout le monde en a entendu parler au moins une fois”.

Le Tour de France, justement : toutes les filles y ont pensé en voyant ce qu’il s’est passé samedi. “Ça donne envie d’y être, j’ai hâte ! Paris-Roubaix était une course d’un jour alors sur le Tour, je n’ose même pas imaginer ce que ça va être. Ce sera incroyable et un truc de fou, j’en suis sûre”, se réjouit d’avance Lucie Jounier. “Maintenant, on sera plus préparées pour le premier Tour de France. Rien que la présentation du parcours, ce sera quelque chose, je pense, au niveau du nombre de médias présents. Ça nous donnera un premier aperçu de ce que le cyclisme féminin pourrait devenir. Mais c’est plaisant de voir ce qu’il s’est passé à Roubaix. On se dit que sur le Tour, ça va être énorme”, ajoute India Grangier.

“C’était clairement un avant-goût du Tour 2022, appuie Manon Souyris. J’ai vu plein de parents avec leurs petites filles sur le bord de la route. Peut-être de futures championnes ! Ça m'a fait plaisir.  On ne s’en rend pas totalement compte maintenant mais dans quelques années, on pourra sans doute dire qu’on y était”. En effet, une page d’histoire s’est sans doute écrite samedi dernier. Et Jade Wiel en a pleinement conscience. “Là, maintenant, j’ai plus que jamais le sentiment d’arriver à la bonne période. Et je peux dire que c’est mon métier”.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de India GRANGIER
Portrait de Lucie JOUNIER
Portrait de Manon SOUYRIS
Portrait de Jade WIEL