Alexandre Balmer, roi de la glisse

Crédit photo Corentin Richard / DirectVelo

Crédit photo Corentin Richard / DirectVelo

C’est une performance qui en dit long sur son adresse et son sang-froid : dimanche, Alexandre Balmer a battu des records de temps de descente dans les cols de la dernière étape de la Ronde de l’Isard (2.2U). Et ce alors même qu’il évoluait... sous la pluie et sur une chaussée détrempée. “J’ai trop kiffé cette journée ! Surtout dans les descentes où j’ai repris du temps. Je relançais fort pour ne pas prendre froid”, souligne pour DirectVelo l’un des rares coureurs à ne jamais avoir pris le temps ni ressenti le besoin d’enfiler la veste de pluie, et ce malgré des températures de 8 à 10°C au sommet des plus hautes ascensions de la journée, dans le vent, la grisaille et sous le ciel gris et pluvieux occitan. “Les descentes sous la pluie, j’adore. Je suis habitué en VTT. Ce ne sont pas les mêmes descentes car je ne suis pas à 70 km/h en VTT, mais j’ai la même aisance, en tout cas. Prendre les KOM en descente sous la pluie, face à des mecs qui descendaient sur le sec, c’est pas mal (rires). Dans les courbes rapides, je pense que j’allais à la même vitesse que sur le sec, franchement. C’était peut-être un peu limite mais j’avais confiance et je me faisais plaisir”, détaille celui qui précise en revanche avoir été “plus prudent” dans les virages. En roi de la glisse, le Suisse s’est amusé sur des routes pourtant rendues si dangereuses par une météo capricieuse. “Je m’aidais de mon GPS sur le compteur. Ça me permettait de voir comment était le prochain virage. Si je voyais que c’était une courbe large, je ne touchais pas aux freins et ça m’évitait de perdre du temps”.

Avec une telle stratégie et un goût du risque avancé, le coureur de la Conti Groupama-FDJ s’est retrouvé à jouer la victoire d’étape après avoir pris l’échappée du jour. Il n’avait pourtant pas de bonnes jambes et s’est fait distancer dans chacune des trois grandes ascensions de la journée. “J’avais tenté le tout pour le tout samedi, pour - déjà - prendre la bonne échappée et essayer de renverser le général. J’ai lâché beaucoup de cartouches dans l’affaire et ça n’a pas été payant. Alors sur la fin de course, je me suis totalement relevé. Je préférais avoir une chance de jouer la victoire d’étape le lendemain… Je ne voyais pas l’intérêt de m’accrocher dans le Plateau de Beille pour aller faire une 20e place au général. Puis sur cette dernière étape, j’ai réussi à me retrouver devant. C’était très dur car je n’avais pas de bonnes jambes. D’ailleurs, ma semaine a été très bizarre de ce point de vue-là”. Ainsi, il confirme avoir dû composer avec des sensations parfois médiocres, parfois très mauvaises. Une vraie frustration. “J’ai pris un coup de froid après le Mondial et depuis, je n’ai pas retrouvé mes meilleures sensations. Certains jours, c’était même horrible alors mentalement, ce n’était pas facile de se motiver en se disant que, de toute façon, les jambes ne répondraient pas”.

PROCHE D’UN DRÔLE DE NUMÉRO

Dimanche, lorsqu’il s’est retrouvé en difficulté dans le premier col du jour, le Port de Lers, il n’imaginait pas une seule seconde jouer la victoire d’étape une heure plus tard. “J’ai dû laisser filer les trois AG2R et Aloïs Charrin. Gijs Leemreize est revenu de l’arrière et m’a directement débordé. Dans ma tête, c’était fini. J’allais finir comme je pouvais sans ne plus rien espérer de l’étape”. Mais il s’est donc amusé dans la descente suivante et a pu faire la jonction sur ses anciens compagnons d’échappée. Bis repetita dans la deuxième ascension/descente. Avant de réaliser un véritable numéro depuis le sommet du Col de Latrape, en plongeant vers Saint-Girons. “On était un bon petit nombre derrière Gijs Leemreize qui était seul. Je me suis dit que si on collaborait bien, on pouvait le reprendre. J’ai pris les choses en main dans la descente et une fois au pied, j’ai vu qu’il n’y avait plus personne derrière moi”.

Alexandre Balmer s’interroge alors durant plusieurs kilomètres. Faut-il poursuivre son effort tout seul, ou faut-il attendre la contre-attaque ? “J’étais persuadé que l’on serait plus efficaces à plusieurs. Mais mon directeur sportif m’a informé que le contre perdait du temps sur moi sur les premiers kilomètres de plaine. Je n’y croyais pas trop sur le coup... Enfin, disons que je n'arrivais pas à comprendre comment c'était possible. Mais ça m’a motivé à poursuivre tout seul”. Impressionnant dans son effort en solitaire, l’Helvète bouche une partie du retard qui le sépare du futur lauréat de l’étape et de l’épreuve dans les derniers kilomètres. Insuffisant, malgré tout, pour l’emporter. Sur la ligne d’arrivée, il se contente de la 2e place (voir classements). “C’est un peu frustrant car en y repensant après coup, je réalise que je suis passé tout près de ma première victoire à l’international. C’est décevant. Je n’avais pas de bonnes jambes mais je me suis accroché et finalement, j’ai fait un joli truc. Mais c’est motivant pour la suite. J’ai vu que j’en étais capable même sans être au top niveau”. Autrement dit, voilà qui est prometteur pour les fois où il aura des jambes de feu… 

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