Thomas Gloag : « Je n’oublierai jamais ce moment »

Crédit photo Corentin Richard / DirectVelo

Crédit photo Corentin Richard / DirectVelo

Thomas Gloag est enfin récompensé de sa régularité. Depuis le début de saison, le Britannique a brillé sur les gros rendez-vous du calendrier U23, notamment en montagne. 4e du Tour d’Italie de la catégorie, trois fois dans le Top 5 d’étapes sur le Tour de l’Avenir avant de devoir abandonner le neuvième jour et récemment 6e de Liège-Bastogne-Liège, le grimpeur de la Trinity Racing avait déjà fait le show vendredi, sur la Ronde de l’Isard, dans la descente vers Bagnères-de-Bigorre en prenant la 4e place de l’étape après une attaque tranchante dans le final. “Je me suis beaucoup amusé ! C’est sympa de retrouver les routes montagneuses. Dans l’Aspin, on ne pouvait pas trop faire la différence parce qu’il y avait du vent de face, mais c’était une bonne mise en bouche pour demain”, expliquait-il alors pour DirectVelo, après l’arrivée. Et demain, c’était aujourd’hui. Impérial dans les pentes du Plateau de Beille, l’athlète de 20 ans a fait craquer ses derniers rivaux, Gijs Leemreize (Jumbo-Visma) et Fernando Tercero (Eolo-Kometa) dans les dernières pentes de l’ascension pyrénéenne pour aller décrocher l’étape et le maillot jaune (voir classements). Tout sourire et très détendu après l’arrivée, Thomas Gloag a partagé son bonheur avec DirectVelo

DirectVelo : Tu as été impressionnant dans l’ascension du Plateau de Beille !
Thomas Gloag : Merci ! Oui, je me suis vraiment régalé ! C’était une fin de course vraiment spéciale pour moi. Je n’ai pas pu trop savourer et profiter de tout ça car j’avais vraiment mal aux jambes… C’était beaucoup de souffrance, mais c’était une course sympa, j’y ai pris beaucoup de plaisir. C’est ma première victoire chez les Espoirs. La victoire d’étape était dans mon esprit, forcément. Mais je pensais aussi au général. Finalement, je gagne et je prends le maillot. C’est une sacrée journée !

« UNE SITUATION ASSEZ BIZARRE ET INCONFORTABLE »

La course a été, encore une fois, très animée et tout ne s’est pas joué dans l’ascension finale comme on aurait pu l’imaginer…
Tout a commencé très tôt. J’ai pris un premier coup de dix-huit avec le maillot jaune (Johannes Staune-Mittet, NDLR). Il fallait tenter car aucune équipe ne contrôlait vraiment le peloton et ça partait dans tous les sens. En fait, ça n’a jamais débranché, sachant qu’on a ensuite vu le peloton se couper en plusieurs parties dans le vent. Puis ça a cassé, encore, dans la descente avant le Plateau de Beille. La sélection s’est faite assez vite dans le col, puis je me suis longtemps retrouvé avec Gijs Leemreize. Je ne connaissais pas vraiment les écarts avec les mecs de devant. Il valait donc mieux lancer les hostilités assez tôt, dans le doute.

Tout au long de l’ascension finale, tu semblais particulièrement à l’aise. On voyait d’ailleurs Gijs Leemreize énormément peiner pour rester dans ta roue. T’es-tu senti le plus fort assez vite dans le Plateau de Beille ?
C’est dur à dire… Je commence à essayer de lire le langage corporel de mes adversaires mais ce n’est pas simple. Mon vrai problème, c’était que je n’arrivais pas à me défaire de Gijs, justement, alors qu’il ne roulait pas avec moi car il avait d’autres mecs de l’équipe pas loin derrière…. Il ne voulait pas rouler. J’étais dans une situation assez bizarre et inconfortable. Ensuite, l’Espagnol (Fernando Tercero, NDLR) est revenu et il m’a bien aidé. On s’est aussi regardé mais ça m’a permis de faire le vide et de m’enlever un peu de pression. Je me sentais fort mais je ne savais pas ce qu’il se passait derrière, alors c’est dur de se dire qu’on est forcément le plus fort… Je n’avais pas d’infos. J’avais juste des infos de l’ardoisier, des écarts sur le mec derrière moi mais je ne savais pas qui c’était.

« ILS M’ONT ENCOURAGÉ ET CRIAIENT MON NOM, C'ÉTAIT TROP BIEN »

Que représente le Plateau de Beille pour toi ?
Hier soir, j’avais regardé l’étape du Tour 2015 qui arrivait ici. Mon DS (Ian Stannard, NDLR) était sur la course à l’époque. Tout ce que j’ai retenu, c’est que (Michal) Kwiatkowski avait le maillot de Champion du Monde et qu’il était en tête au pied mais qu’il a terminé à onze minutes. Alors je me suis dit que ça devait être un col qui fait sacrément mal aux jambes (rires). C’était une superbe montée, c’était grisant de jouer la victoire ici. Il n’y avait aucun moment où tu pouvais vraiment souffler. Il y avait pas mal de monde sur le haut, je ne m’y attendais pas. C’était génial ! Ils m’ont encouragé et criaient mon nom. C’était trop bien ! Faire ça en France, dans un grand col, dans le pays du vélo… C’est du bonheur ! Je n’oublierai jamais ce moment.

Ce succès peut-il te servir à rejoindre l’une des meilleures formations mondiales l’an prochain ?
Je vais rester chez les Espoirs l’année prochaine, au moins pour la première partie de saison. J’ai encore besoin d’apprendre des choses à ce niveau. D’ailleurs, si la course est de retour au mois de mai au calendrier l’an prochain, je compte bien y revenir. 

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