Une chute qui change tout pour les Bleus

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

C’est sans doute LE moment clé de ce Championnat du Monde Juniors sur route. À moins de six kilomètres de l’arrivée, alors que les tricolores semblent en position idéale pour jouer le titre - avec trois représentants dans un groupe de huit éléments et un peloton encore relégué à une bonne vingtaine de secondes -, Pierre Gautherat part à la faute dans le virage qui marque le pied de la dernière ascension du jour. Le Jurassien se retrouve au sol avec le Danois Simon Dalby. Le Breton Eddy Le Huitouze - notre photo - est, lui aussi, bloqué par cet incident et condamné à voir la bataille finale à la médaille se faire sans lui. La poisse est même totale pour le camp des Bleus puisque Romain Grégoire est lui-même légèrement gêné par cet incident, au moment précis où Per Strand Hagenes décide de placer son attaque décisive… Incapable de boucher le trou par la suite, Romain Grégoire se contente de l'argent. “C’est sûr qu’au niveau émotionnel, ça a été les montagnes russes. Cette médaille a un goût amer. Je pense qu’il y avait moyen d’avoir une autre couleur. On a vu une grosse force collective et une grosse force individuelle de nos coureurs. Ils étaient tous en super forme. Ils ont bien maîtrisé la course, mis à part peut-être à trois tours de l’arrivée… C’est rageant de ne pas pouvoir disputer la victoire à la suite d’une chute”, résume le sélectionneur national, Julien Thollet, auprès de DirectVelo après l’arrivée.

Pour le technicien national, la chute a clairement tout changé. “Pierre (Gautherat) s’en veut énormément. Il culpabilise de s’être engagé trop fort dans le virage. Il y avait 30 virages à franchir par tour, pour un total de 240 sur le parcours…”. Et c’est donc dans l’un des derniers d’entre eux que le Franc-Comtois a tout perdu. “C’est un moment clé de la course, où ça bascule”. Eddy Le Huitouze était aux premières loges au moment de cette chute. “Pierre (Gautherat) est venu mordre le côté de la route et il est tombé. Il n’a rien pu faire. De mon côté, je suis arrivé sur eux en bout de course et c’était impossible de repartir correctement. Romain (Grégoire) a été un peu gêné mais il est passé, mais Hagenes était parti. Je pense que Romain aurait pu le tenir s’il avait été dans la roue. Au Championnat d’Europe, il l’a limite fait péter. Romain était très fort mais bon, c’est comme ça…”.

« PIERRE (GAUTHERAT) EST EFFONDRÉ »

En effet, pendant qu’Eddy Le Huitouze et Pierre Gautherat ont tous deux vu leurs rêves de podium s’envoler sur cet incident, Romain Grégoire a lui aussi (peut-être ?) perdu le titre dans cet accrochage. Comme Eddy Le Huitouze, Julien Thollet évoque en tout cas cette hypothèse en zone mixte. “On avait placé de bons pions devant, avec Pierre qui va vite au sprint et le punch de Romain pour les bosses. Et au final, on a le sentiment de ne pas avoir pu défendre nos chances jusqu’au bout”. Le sélectionneur national est persuadé que Pierre Gautherat comme Romain Grégoire avaient chacun la possibilité de décrocher le maillot arc-en-ciel ce vendredi. “Pierre est effondré. Il avait le titre dans les jambes. Même chose pour Romain. Ce sont des gagneurs, et je veux retenir cet état d’esprit de vainqueur. Ce groupe-là était venu pour gagner. Une médaille c’est beau. Il y en a plein qui signeraient pour ce podium de Romain. Sauf qu’il savait qu’il avait la gagne dans les jambes”.

Si la déception est si grande, c’est que jusqu’à ce fameux virage, les Bleus avaient tout bien fait, tout contrôlé, malgré une course extrêmement piégeuse dès le départ. “C’était hyper nerveux, il y a eu un départ de cyclo-cross… C’était un peu n’importe quoi mais vu le circuit, ce n’était pas une surprise. Pour des Juniors, c’était prévisible que ça se passe comme ça sur ce genre de circuit”, témoigne Eddy Le Huitouze, lequel s’est remarquablement sacrifié pour le collectif tricolore dans le final. “Personnellement, je ne pensais pas me retrouver devant car j’avais commencé à rouler avant et j’étais un peu cuit. Mais il y a eu une ouverture et l’Anglais, qui était très fort, m’a ramené devant. Quand Romain est rentré avec Hagenes, j’ai eu peur qu’ils ramènent tout le monde mais pas du tout. Ils ont réussi à tout faire péter dans la bosse, ils étaient au-dessus du lot. C’était le scénario idéal pour nous. Trois sur huit, on ne pouvait pas faire mieux. Romain était costaud et Pierre va extrêmement vite au sprint donc on pouvait jouer sur les deux tableaux”. Puis cette chute a tout changé. Mais pas question de dénigrer la performance du lauréat, Per Strand Hagenes (voir classement), du côté des Bleus. Bien au contraire. “Attention ! Il faut féliciter le vainqueur. On le connaît, il est très fort et ne vient pas de nulle part. Malheureusement, les rôles sont inversés par rapport à Trente…”, conclut Julien Thollet. 

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