Evita Muzic : « Elles étaient juste plus fortes »

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

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Evita Muzic en a terminé avec la catégorie Espoirs. Elle quitte les moins de 23 ans de belle manière, avec une médaille de bronze acquise ce vendredi sur le Championnat d'Europe disputé à Trente (Italie). Mais la Championne de France Elite, arrivée au sprint avec l'Italienne Silvia Zanardi et la Hongroise Kata Blanka Vas (voir classement), était partagée au moment de revenir sur sa course au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Quel sentiment prédomine après cette troisième place ?
Evita Muzic : Forcément, je suis un peu déçue, parce que je venais pour le titre. Sur le papier, ma principale adversaire était Kata Blanka Vas, ainsi que l'équipe d'Italie qui est très solide. On avait aussi une équipe de France très forte. Les filles ont fait un boulot monstrueux du début jusqu'à la fin. On voulait être offensives. C'est vrai que la course était courte, alors pour que ce soit le plus à mon avantage, il fallait que ce soit le plus dur possible dans les bosses. On a eu des alliées de circonstance avec les Allemandes, qui roulaient quand même assez vite.

Comment as-tu géré ta course ?
En début de course, j'essayais de rester un peu tranquille, en m'appuyant sur mes coéquipières. Je voulais en garder afin de pouvoir mettre une attaque vraiment décisive dans les derniers tours. Je voyais que Kata Blanka Vas était très forte et j'avais un peu peur qu'elle me contre. Du coup, je me suis dit que je devais tout garder pour le dernier tour. On s'était dit que si toutes les Françaises étaient là, on allait essayer de monter la bosse à bloc. Elles ont fait un travail fou au début de la montée. Après, elles ont fait ce qu'elles ont pu. Ensuite, Kata Blanka Vas a attaqué, puis l'Italienne, et là je savais que je devais y aller. Sur le haut de la bosse, je sentais qu'il m'en restait un peu donc je me suis dit que j'allais tenter le tout pour le tout. Ça nous a permis de partir à trois.

« UN PETIT PEU DE MAL DANS LES VIRAGES »

Que t'es-tu dis en partant avec tes principales adversaires ?
Même si je venais pour le titre, je me suis alors dit qu'on aurait au moins le podium et que ça récompenserait le travail des filles. Après, je savais qu'au sprint, les deux étaient plus fortes que moi. Techniquement aussi, d'ailleurs. Sur le plat, j'étais un peu à fond. Je sentais que j'avais un petit peu de mal dans les virages. C'est là que j'ai un petit peu de regrets. Le final était un petit peu trop tortueux pour moi. Mais je savais aussi qu'elles étaient plus rapides. J'ai vu qu'on avait un petit peu de marge alors dans le final, je ne prenais plus de relais pour mettre le plus de chances de mon côté, mais ça n'a pas suffi. Elles étaient plus fortes que moi sur une arrivée comme ça, sur le plat et sur les pavés.

N'as-tu pas eu envie de les attaquer dans les derniers kilomètres ?
Elles étaient à la limite de me lâcher dans les relances après chaque virage. Si j'attaquais, je savais qu'elles allaient rentrer sur moi. Je me suis dit que ma meilleure chance, c'était d'en garder le plus possible. Sur le plat, elles étaient plus fortes que moi. Ce qui était aussi difficile à gérer, c'est qu'on n'est jamais passées sur la ligne d'arrivée lors des tours précédents, donc on ne pouvait pas se rendre compte exactement de la distance qui nous séparait de la ligne. Je savais qu'il fallait virer dans les deux premières positions parce que je n'ai pas la meilleure pointe de vitesse. En bosse, j'ai une bonne pointe de vitesse, mais sur le plat et les pavés, je ne suis pas à mon avantage. J'ai fait ce que j'ai pu.

« LA COURSE SUR LAQUELLE J'AI LE PLUS STRESSÉ DE TOUTE MA CARRIÈRE »

En tant que Championne de France Elites, avais-tu de la pression sur ce Championnat ?
Je pense que c'est la course sur laquelle j'ai le plus stressé de toute ma carrière. Je savais que c'était ma dernière année dans la catégorie Espoirs. Mon équipe aurait peut-être voulu que je fasse la course avec les Élites, mais j'avais une chance de faire un podium sur un Championnat international, ce que je n'avais jamais fait jusque-là. J'ai l'habitude de me faire un peu submerger par le stress, ce qui me casse un peu les jambes. En début de course, je n'étais pas hyper bien. Je pense que je m'étais mis beaucoup de pression. J'étais identifiée en tant que leader. Je savais que le circuit était dur et qu'il fallait que j'assume mon statut. En soi, je n'ai pas réellement de regrets. Elles étaient juste plus fortes que moi. Dans le final, j'ai fait ce que j'ai pu. Les courses Espoirs, c'est toujours particulier, parce que ça ne roule pas trop non plus. Finalement, je suis mieux avec les Élites parce que ça roule à fond et que j'arrive à m'accrocher. Ce ne sont pas les mêmes courses, et on n'a pratiquement pas d'occasions de ne courir qu'entre Espoirs. C'est toujours un peu particulier.

Cette médaille vient s'ajouter à une très bonne saison pour toi.
C'est sûr qu'après mon titre de Championne de France et mes deux Top 5 sur des Classiques du World Tour, je pense que ma saison est réussie. Si on m'avait dit avant la saison que j'allais faire ça, j'aurais signé tout de suite. Aujourd'hui, c'était ma dernière course Espoirs de ma jeune carrière. A froid, je dirais qu'une médaille au Championnat d'Europe, ce n'est quand même pas rien. Et avec la saison que j'ai faite, je peux quand même être satisfaite. Je pense que l'année prochaine, ça va me faire quelque chose de ne plus regarder quelle est ma place au classement des Espoirs. Dorénavant, je sais que j'ai un bon niveau, même parmi les Élites mondiales. Maintenant, il faut que j'arrête de me poser des questions et de me dire que c'est bien d'être la meilleure Espoirs sur une course. L'objectif sera de m'affirmer en faisant le plus régulièrement possible de Top 5 en World Tour.

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