Clara Copponi - Marie Le Net, « l’esprit revanchard »

Crédit photo Patrick Pichon / FFC

Crédit photo Patrick Pichon / FFC

Tokyo semble déjà loin, et ce n’est pas pour déplaire aux jeunes talents tricolores de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope, Clara Copponi et Marie Le Net. Comme Mathilde Gros (lire ici), les deux athlètes ont été très marquées par leur aventure japonaise. “J’ai vite senti qu’il fallait passer à autre chose, et ça passait par le fait de reprendre l’entraînement et de se concentrer sur l’avenir. Ce n’est pas la peine de trop ressasser”, admettait la Provençale auprès de DirectVelo, juste après avoir pris le temps de prendre quelques jours de vacances. Elle était alors sur le point de retrouver la compétition au Simac Ladies Tour, aux Pays-Bas, où elle a d’ailleurs pris la 9e place de la dernière étape. “Les Jeux, c’était mon objectif depuis quelques années. Quand tu reviens en France et que tu te retrouves seule à la maison, à cogiter, ça fait bizarre… Surtout après ce que je venais de vivre là-bas, l’effervescence autour de cet immense événement… C’était une transition bizarre. Alors il fallait vite se remobiliser pour ne pas s’enfermer dans quelque chose de négatif. Je n’avais pas envie de subir la situation. C’était important pour moi”.

Clara Copponi a eu du mal à accepter le fait de revenir des Jeux sans médaille. “Pour mes proches, ce n'est pas du tout le même ressenti. Ils sont super contents et j'avoue que ça fait quand même plaisir. J'avais tout mon village derrière moi, tout le monde était à bloc. Ça a touché beaucoup de monde… Mais moi, je ne pouvais pas me contenter de ça”. La sprinteuse de 22 ans a passé de longues journées à éviter le sujet des J.O, en famille ou avec ses amis. Les seules discussions post-compétition ont été celles sur place, à chaud, avec le clan des Bleus. “J'ai parlé avec Morgan Kneisky, surtout. Marie (Le Net), je ne l'ai pas vraiment revue après la Madison car j'ai enchaîné avec l'omnium. J'ai aussi parlé avec Benjamin (Thomas) qui a été un soutien. Ce ne sont pas des psy (rires), mais ça aide. Quand tu considères ne pas avoir réussi tes J.O, c'est dur d'en sortir... Mais il faut bien passer à la suite…”.

« JE SAIS À CÔTÉ DE QUOI JE SUIS PASSÉE »

Le ressenti est sensiblement le même pour Marie Le Net, 5e de la Madison avec cette même Clara Copponi. Mais contrairement à la Provençale ou à Mathilde Gros, la Bretonne n’a pas hésité à aborder le sujet avec ses proches. Pour évacuer sa déception, sans doute.J’ai besoin de dire ce que je ressens pour passer à autre chose. J’en ai parlé avec mon copain, avec mon équipe sur route, mes proches… Pour eux, ce qu’on a fait est superbe. Ils ne comprennent pas du tout ma déception de passer si proche d’une médaille mais ça permet aussi de relativiser. Sauf qu’en tant qu’athlète, je sais à côté de quoi je suis passée”.

Surtout, il a fallu réussir à se remobiliser après cet événement qui était le plus important de leur jeune carrière. “Ce n’était pas facile de remonter sur le vélo la semaine suivante. L’envie n’était pas là… Il y a eu des courses, je devais y aller… Ça m'a permis de tourner la page. Mais ces Jeux, c’était l’objectif de l’année. C’est dur de retrouver un objectif car c’était l’objectif ultime. Les autres courses semblent petites, à côté. Et puis, revenir à la normale, ça fait drôle. En quelque sorte, je suis quand même nostalgique. Mais il va falloir se forcer, ça va revenir petit à petit”. Le Championnat d’Europe sur route de Trente, en Italie, que Marie Le Net s’apprête à disputer, sera justement une belle occasion de définitivement tourner la page, tout en retrouvant le maillot de l’équipe de France.

« LA PROCHAINE FOIS QU’ON SERA LÀ… ATTENTION ! »

Place à de nouvelles aventures et à d’autres défis, donc ! Cette riche expérience doit devenir une force pour les deux jeunes femmes. Il y avait forcément de la pression. C'est un événement que j'attendais depuis petite. Ce qui est fait, est fait… J'ai envie de fermer ce livre-là, mais de vite ouvrir le prochain”, assure Clara Copponi. À l’horizon : de gros événements qui pourraient servir de revanche. “Il y a possiblement les Championnats d'Europe, Cali et le Mondial. Normalement, je ne dois rien faire de tout ça. Mais on ne sait jamais, surtout que le Mondial sera finalement à Roubaix et ça donne envie d'y aller. Je pense aussi au Mondial sur route, que ce soit pour la course en ligne ou le chrono mixte”, imaginait, fin août, la native d’Aix-en-Provence. 

Marie Le Net a, elle aussi, hâte de retrouver de très grandes compétitions internationales pour se rassurer, et retrouver du plaisir. C’est surtout un esprit revanchard qui domine. Je ne me laisse pas abattre par cette tristesse des Jeux. Au contraire : la prochaine fois qu’on sera là… Attention ! Toute cette déception va remonter et on va vouloir frapper fort, annonce la Bretonne. J’ai envie d’aller sur la route, de m’y consacrer l’an prochain, comme convenu. De toute façon, je m’y suis engagée. Ensuite, on verra ce que ça donne. Mais ce qu’il s’est passé à Tokyo me donne aussi envie de prendre ma revanche à la maison, à Roubaix, devant notre public, lors des Mondiaux sur piste. Doubler les deux disciplines reste possible. On a montré aux Jeux qu’on était largement au niveau physiquement. Alors pourquoi ne pas finir sur une bonne note à Roubaix, ce serait bien”  

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