Mattéo Vercher : « C’est dur de s’en remettre »

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Il en est passé près et loin à la fois. Ce samedi, Mattéo Vercher a joué la gagne à l’occasion de la troisième étape des 4 jours des As-en-Provence (Elite Nationale). Sorti dans le final en compagnie de deux anciens vainqueurs de l’épreuve, Karl-Patrick Lauk et Sten Van Gucht, le sociétaire du Team Matériel-Vélo.com-VC Vaulx-en-Velin n’a jamais été aussi près de réaliser un gros coup cette saison. Mais face à deux adversaires particulièrement coriaces, il promet ne jamais avoir véritablement eu le temps d’envisager la victoire et se contente d'une place de 2 (voir classement). DirectVelo s’est entretenu avec celui qui était rentré marqué psychologiquement par le Tour de l’Avenir, mais qui a depuis repris du poil de la bête.  

DirectVelo : Tu as senti le bon coup sur cette troisième étape des 4 jours des As-en-Provence !
Mattéo Vercher : Quand j'ai vu que Sten (Van Gucht) y allait, j'ai voulu prendre la roue immédiatement. On le connaît : quand il y va, il faut suivre (rires). On est sorti à trois. Je pensais qu'il ne restait plus qu'un tour mais en fait, il y en avait encore deux. Du coup, j'ai trouvé le temps long… (Karl-Patrick) Lauk a sauté des relais comme il protégeait le maillot jaune. Mais avec Sten, on voulait rouler pour faire un écart et plier le général. On a perdu du temps sur le final, on n'a pas repris grand-chose au final. Mais ça fait plaisir de courir devant car en cours de route, on s'est retrouvé piégés puisqu'un groupe de douze était sorti sans aucun de nos coureurs. On a fait une belle course collectivement, finalement, et ça fait plaisir.

As-tu imaginé tenter ta chance dans le final en misant sur un marquage entre Karl-Patrick Lauk et Sten Van Gucht, deux anciens vainqueurs de l'épreuve ?
Je n'avais pas les cannes pour le faire. De toute façon, le circuit était beaucoup trop roulant, même si je sors du Tour de l'Avenir et que je sens que j'ai pris de la force sur le plat. Je suis moins puissant qu'eux. Contre eux, sur le plat, je n'avais aucune chance. Je n'espérais qu'une chose : pouvoir rester avec ces deux coureurs jusqu'au bout et ne pas péter avant.

« C'ÉTAIT CARRÉMENT UN TRUC DE MALADE »

Comment as-tu digéré le Tour de l'Avenir ?
Mal (rires). Je me suis fait taper dessus pendant dix jours. Je m'y attendais, mais pas à ce point-là... C'est vraiment le haut-niveau. Psychologiquement, c'est dur de s'en remettre, même si je sens que ça va m'aider pour la suite. Physiquement, ça a été très intensif mais ça va beaucoup mieux, je le sens ici ce week-end. J'ai fini mon Bac +2 et mes études récemment mais pendant la course, avec Jacques Lebreton ou Alex Baudin, on s'est dit qu'on allait reprendre les études car ça n’allait pas le faire pour une carrière sur le vélo (rires). Je savais que ça allait être dur mais là, c'était carrément un truc de malade.

Il a fallu relativiser et en retirer du positif malgré tout...
Après ça, j'ai pris quelques jours de vacances, ça m'a fait du bien. Puis j'ai repris le vélo il y a une semaine. Maintenant, ça me fait du bien physiquement comme mentalement de voir que je suis dans le jeu et que le Tour de l'Avenir va m'apporter de bonnes choses. J'étais certain que ça allait m'apporter quelque chose. En fait, ça a fait comme à l'Alpes Isère Tour, mais à plus grande échelle. C'est positif après coup mais sur le moment, tu tires la langue.

« ON EST LÀ MAIS ON NE SERT À RIEN »

Tu n’es pas le seul à avoir souffert sur les routes de ce Tour de l’Avenir !
On en a parlé avec les gars du Comité. On a eu pas mal de soucis là-bas. On a tous connu la même galère. J’ai régulièrement échangé avec quelques mecs comme Gwen Leclainche… Je sais qu’ils sont plusieurs à avoir ressenti les mêmes choses que moi. Ce qui m'a le plus impressionné, c'est le niveau. Chacun a sa place et tu sens que ça court comme chez les pros. Quand certaines équipes décident que l'échappée est partie, tu restes où tu es et tu ne bouges plus. Tu ne peux rien faire. Il y a plein de règles frustrantes. On est là mais on ne sert à rien... On les regarde faire. Mais c'était une belle expérience. Je ne pensais pas le faire en Espoir 2. Ce qui est sûr, c’est que ça fait du bien de retrouver le niveau Elite et de jouer la gagne !

Et maintenant ?
Je me donne deux-trois ans pour essayer de passer pro. Mais j'ai bien réfléchi pendant le Tour de l'Avenir... Pour moi, sur le coup, ça paraissait impossible après cette grosse claque. Mais on s'est tous dit la même chose. On verra bien ce que la suite nous réserve mais je vais garder en tête que c’est loin d’être acquis.

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