Michel Callot : « Il faut aller vite »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

La FFC attendra le mois de septembre pour faire le bilan à froid des Jeux olympiques de Tokyo d'où elle repart avec deux médailles sur les six de l'objectif de départ, fixé en 2017. Son président Michel Callot sait que des changements doivent être apportés “mais les changements méritent d'être faits de manière posée et pas dans l'émotion”. Tout juste rentré du Japon, le président de la FFC répond aux questions de DirectVelo.

DirectVelo : Avec quel adjectif qualifiez-vous les résultats des équipes de France aux JO ?
Michel Callot : C'est difficile de les globaliser avec un seul adjectif car nous sommes présents sur cinq théâtres olympiques qui entraînent des sentiments et des analyses différentes. La route a été conforme à ce qu'on pouvait imaginer par rapport à la concurrence et à la nature du terrain. En BMX et au VTT, c'est la déception car c'est là que nous avions les objectifs de médailles les plus évidents. Le résultat du BMX Freestyle est stimulant car c'était loin d'être évident de se qualifier en si peu de temps. Enfin, sur la piste où il y a beaucoup d'épreuves, il y a la satisfaction d'obtenir deux médailles même si on aurait aimé qu'elles soient d'un autre métal.

« LE REGRET DE NE PAS APPORTER DE MÉDAILLE D'OR »

Et le trésorier du CNOSF (1), que va-t-il dire au président de la FFC ?
Les deux découvraient les JO ! C'est une expérience particulière, ça m'a enrichi dans l'approche de la performance. Contrairement aux Championnats du Monde, vous êtes en confrontation avec toutes les disciplines sportives. Je trouve d'ailleurs dommage que les nouveaux présidents découvrent les JO en fin de mandat dans une olympiade normale de quatre ans. Vis-à-vis du CNOSF, nous avons la fierté de faire partie du bilan des médailles mais nous avons le regret de ne pas apporter des médailles d'or.

Est-ce que vous pensez que Claude Onesta (patron de la haute-performance à l'ANS, Agence nationale du sport) est content des JO des équipes de France ?
L'avantage d'être sur place, c'est d'échanger avec Claude Onesta. Il a aussi pu voir comment ça se passait. La réflexion croisée entre l'ANS et la FFC nous aidera à être plus performants aux Jeux 2024. 

« JE SUIS LE PREMIER PRÉSIDENT À AVOIR MIS EN PLACE DES DEBRIEFS APRÈS CHAQUE CHAMPIONNAT »

Si rien ne change, est-ce que les résultats seront les mêmes la prochaine fois ?
J'espère qu'on pourra se nourrir de cette expérience. Si rien ne changeait, on serait vraiment obtu. Mais les changements méritent d'être faits de manière posée et pas dans l'émotion. Nous débrieferons au début du mois de septembre pour poser les bases de ce qu'on veut mettre en place. Nous rentrons de Tokyo avec l'idée qu'il faut aller vite. Je suis le premier président à avoir mis en place des débriefs avec les équipes techniques après chaque Championnat du Monde. Il ne s'agit pas de tout casser mais d'être capable de s'améliorer, combler les petites failles et garder ce qui marche bien. 

Avant les Jeux, Xavier Jan, le Président de la LNC, s'inquiétait de l'impression donnée du manque de considération des JO chez les routiers pro, avec tous les forfaits annoncés avant la sélection. L'avez-vous ressenti ?
Non. Nous avions peu de contacts avec les coureurs à cause de la bulle sanitaire mais le niveau du groupe de tête montrait que les coureurs ne prenaient pas la course par-dessus la jambe. J'ose espérer que Paris 2024 joue comme un aimant et que tous les leaders, en fonction de la nature du profil, seront partants. Sur route, le Championnat du Monde est le grand objectif annuel mais pour les autres disciplines, y compris le VTT, les JO sont le grand objectif, pour les athlètes et leurs entraîneurs même si on peut se poser des questions sur la trajectoire qui mène vers les JO.

« UN OBJECTIF, PAS UN PRONOSTIC »

Qui avait fixé l'objectif de six médailles ?
C'est moi, au début de mon mandat, en 2017, avec la ministre de l'époque, Laura Flessel. Nous avions évalué le potentiel. C'était ambitieux mais nous l'avons maintenu. C'était un objectif mais pas un pronostic. C'était un niveau raisonnable démontré par les résultats de l'olympiade. Dans le détail, nous visions deux médailles en VTT et une en BMX, d'où la déception, deux sur piste que nous avons obtenues même si j'aurais préféré une meilleure qualité de médaille, et une en bonus avec de la réussite. 

Est-ce que les financements de l'ANS et du CNOSF sont liés au nombre de médailles ?
Il n'y a pas de mécanisme lié à ce nombre, surtout en vue de 2024. Le but de l'ANS est de mettre l'argent utilement pour gagner des médailles s'il y a un potentiel réel. C'est la première condition et nous la remplissons dans plusieurs disciplines et avec un collectif jeune. La deuxième condition est de savoir comment on s'y prend pour répondre le Jour J, à Paris, avec donc encore plus de pression. 

« LA CHANCE D'ÊTRE UN SPORT MÉDIATISÉ »

Est-ce que les athlètes ciblés et aidés sont déjà choisis pour la FFC et est-ce qu'ils pourront s'entraîner en dehors du giron de la fédération ?
Claude Onesta veut identifier des athlètes qui peuvent performer à Paris mais il ne se ferme pas à l'éclosion de jeunes talents. On a l'exemple de Loana Lecomte. Si on avait eu un système fermé en 2017 quand elle était Junior, on ne l'aurait pas eue en 2021. L'aide financière est là pour que les athlètes ne soient pas dans des conditions socio-professionnelles qui leur créent des soucis, qu'ils gagnent leur vie. Pour l'entraînement, les situations sont multiples. Dans le sprint, nous avons 100% de la maîtrise de la préparation de nos athlètes alors que sur la route, c'est de la responsabilité de l'équipe. L'important pour nous, c'est d'avoir la maîtrise vers l'objectif des JO. 

Si les résultats ne s'améliorent pas dans les prochains Jeux, est-ce qu'il y aura un rééquilibrage du budget en faveur des disciplines non-olympiques ?
Nous intégrons complètement le fait d'avoir cette chance formidable de recevoir les Jeux en France donc il faut mettre le focus sur les JO. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut laisser tomber le reste. Plus que jamais, il faut donner le plus grand effort, nous le devons pour servir notre pays et l'olympisme. 

Est-ce que vous pensez qu'après ces Jeux, des jeunes ou des parents qui ont le choix entre plusieurs sports vont choisir un club FFC ?
On ne choisit pas le cyclisme par hasard. Il y a des sports qu'on choisit plus facilement que d'autres. Il y a d'autres paramètres qui jouent pour le cyclisme, comme la fin de saison sur route avec le Championnat du Monde, ou Paris-Roubaix début octobre. Nous avons la chance d'être un sport médiatisé à d'autres moments que les JO. Même si c'est évident qu'une médaille d'or en VTT ou en BMX donne un coup de projecteur sur ces disciplines. En ce moment, le Championnat de France sur piste est diffusé à la télévision, beaucoup de mes collègues présidents de fédération aimeraient en avoir autant.

(1) Michel Callot a été élu trésorier du Comité national olympique et sportif français. 

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