Emilian Broë : « Du bonheur en barre »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

La Bourgogne-Franche-Comté avait une énorme pancarte ce dimanche au départ du Championnat de France Juniors. Les protégés d'Emilian Broë ont su répondre présent et courir collectivement pour s'offrir un triplé royal, grâce à Romain Grégoire, Pierre Gautherat et Lenny Martinez (voir classement). Le Conseiller Technique et Sportif raconte sa satisfaction au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Que représente pour toi ce triplé ?
Emilian Broë : Je profite. Je suis sur un nuage. C’est à l’image de ce qu’ils ont pu démontrer tout au long de la saison. C’est un collectif soudé qui poursuit des objectifs à la hauteur de leur niveau et qui les atteint. C’est une confirmation. Je ne sais pas si c’est le bon terme. J’espère que ce n’est pas prétentieux de le dire. Ils ont impacté le peloton français par leur talent.

Est-ce que tu l’imaginais avant la course ?
Dans mes doux rêves, je m’étais dit que c’était quelque chose qui était réalisable. On avait l’équipe pour réaliser ce type de prestation. De là à l’exécuter, non. L’objectif que j’avais fixé aux coureurs était de réaliser une course collective aboutie. On verrait après sur quoi ça découlerait. Pour le coup, ils ont réussi à faire ça. En plus, il y a cette belle récompense à la fin.

« UN TRUC DE FOU »

Pensais-tu que le bon coup allait partir à un peu plus de deux tours de l’arrivée ?
Chez les Juniors, on a souvent les mêmes schémas de course. On avait plutôt l’intention de verrouiller la course pendant deux heures en laissant s’user nos adversaires et en rentrant en action avec nos cartes maîtresses à partir de 2h-2h15. C’est souvent à partir de ce moment-là que la bonne échappée part car il y a des coureurs qui commencent à baisser pavillon et qui sont moins incisifs à aller chercher les coups. C’est ce qui s’est produit. On a essayé de faire en sorte que ça se produise en tout cas.

Qu’est-ce que tu t’es dit quand Romain Grégoire, Pierre Gautherat et Lenny Martinez se sont retrouvés devant ?
C’était un truc de fou, les planètes se sont alignées. On avait avec nous des comités qu’on avait pointés : AURA qui avait une belle densité, la Bretagne comme toujours et le Grand Est qui a un beau collectif cette année. À partir du moment où ils étaient devant avec nous et qu’en plus ils collaboraient, je me suis dit que ça risquait de faire quelque chose de bien.

« JE ME SUIS FORCÉ À NE PAS LE PENSER TROP FORT »

As-tu commencé à penser au triplé ?
Bien sûr, j’y pensais. Parfois, je suis superstitieux. J’essaye de me concentrer sur le présent, de ne pas penser à ce qui va se passer et me dire ce qu’on peut mettre en place pour pouvoir vraiment impacter la course pour nous mettre dans les meilleures conditions pour aller chercher la victoire. Forcément, je me suis un peu imaginé que les mecs allaient tenter de partir et que derrière, ça allait mettre à contribution nos adversaires. Dans la bosse finale qui est compliquée à négocier, je me suis imaginé ce scénario. Je me suis forcé à ne pas le penser trop fort. C’est mon côté superstitieux.

Romain et Pierre sont partis finalement…
J’ai un petit moment douté qu’ils puissent s’extraire de ce groupe-là. On n’a pas eu beaucoup l’occasion de les voir et de savoir s’ils étaient physiquement au-dessus comme tout le reste de la saison. Ça a été le cas. Quand ils sont partis, je savais qu’il y avait au moins deux médailles. Derrière avec Lenny qui a parfaitement joué son rôle de coéquipier, ça a matché jusqu’au bout.

« UNE ÉTAPE VERS DE PLUS BELLES CHOSES »

Que peux-tu nous dire sur ces trois coureurs ?
Romain et Pierre, ce sont des talents tout comme Lenny. Ils ont des qualités physiques hors normes. Ils ont une approche de la course hyper pointilleuse. Sur le plan mental, ce sont vraiment des purs coursiers. Ils arrivent à lire la course comme rarement je l’ai vu en Juniors. Ils savent en plus fédérer le groupe. C’est du bonheur en barre d’avoir ces coureurs. Je n’ai pas envie de dire coacher. Je les dirige juste, j’ai juste à leur donner une direction, ils savent où aller.

Tu n’auras plus qu’une occasion de les retrouver le 21 août prochain au chrono par équipes de la Coupe de France, le Trophée Gustave Beignon…
Ce n’est pas grave. J’ai fait mon travail de formation et j'en suis très satisfait. L’objectif est qu’ils puissent s’épanouir et accéder au très haut niveau. L’accès au monde professionnel ne doit pas être un aboutissement mais une étape vers de plus belles choses. Avec le potentiel qu’ils ont démontré, ils ont quelque chose de beau devant eux. Ils ne vont pas s’arrêter là. J’espère qu’on pourra constituer une belle équipe pour cette dernière manche de la Coupe de France. Si on arrive à aligner l’équipe type, on va se faire énormément plaisir. Mais on donnera toujours priorité au projet du coureur s’il a l’intention de faire une compétition qui lui apportera plus dans sa formation. Il ne faut pas oublier que j’ai un vivier derrière. Il y en a trois sur le podium, mais il y en a aussi douze qui ont fortement contribué à ce succès collectif. Si je n’ai pas ces têtes d’affiches-là, j’aurai la possibilité d’avoir une belle relève qui pourra être ultra-compétitive.

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