Romain Grégoire : « Je ne le lâche plus »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Après son titre en contre-la-montre mercredi, Romain Grégoire a réussi le doublé au Championnat de France Juniors de Lorrez-Le Bocage-Préaux. Mais mieux encore, il a défendu et conservé son maillot bleu-blanc-rouge, qu’il portait déjà depuis son succès sur les routes de Gray, l’an dernier. Le Comité de Bourgogne-Franche Comté a même fait encore mieux en s’offrant le triplé, puisque Pierre Gautherat et Lenny Martinez sont aussi montés sur le podium (voir classement). Le nouveau, ou en tout cas le toujours Champion de France, revient avec DirectVelo sur ses émotions de la journée.

DirectVelo : Ce maillot te colle à la peau !
Romain Grégoire : C'est bon, je ne le lâche plus, je le garde ! Je suis trop heureux, je l'aime trop ! Et puis je trouve qu'il me va bien, qu'est-ce que vous en pensez ? (Rires) En passant la ligne, je me suis dit, ça y est je l'ai fait, c'est un truc de fou. Je savais que j'allais être marqué comme pas possible et j'avais peur de faire une course frustrante où je ne peux pas bouger une oreille. Au final je m'en sors et je vais la gagner.

Lenny Martinez, Pierre Gautherat et toi étiez très attendus. On peut dire que vous avez répondu présent avec ce triplé !
On savait qu'on avait beaucoup de cartes fortes dans le Comité. On voulait que la course se fasse tout le temps. Que ce soit le plus usant et le plus difficile possible. Dès le km 0 on s'est mis tous les 15 à prendre tous les coups, ça a fait une course très rapide et très usante. On ne s'est jamais inquiété, on n'a jamais été en position de devoir rouler derrière une échappée. On a toujours été en position de force. On se trouvait bien dans le peloton avec Lenny et Pierre. On savait ce qu'on avait à faire. Quand on est parti, on savait qu'il y avait un petit groupe devant. On n'était pas représenté et on s'est dit là qu'il fallait y aller et sortir tout de suite. C'est comme ça que le groupe s'est crée.

« TOUS LES DEUX POUR SE LA FAIRE À LA PÉDALE »

Le circuit était favorable à vos profils ?
Le placement était vraiment le mot d'ordre du briefing. Sur un circuit comme ça avec beaucoup de bosses pour étirer le peloton, des relances vraiment compliquées. Il n'y avait pas trop de vent aujourd'hui mais un peu quand même. Avec tous les gars du Comité on commence à avoir une bonne petite expérience ensemble. On se trouvait plus facilement. On arrivait à faire les efforts ensemble et ça nous a tous aidés.

Lorsque vous êtes tous les trois dans ce groupe de six coureurs, tu avais compris que c'était le bon coup ?
On ne savait pas que c'était bon, mais c'était quand même bien parti. Le problème c'est qu'il y avait trois autres coureurs. Qu'on connait très bien, on les a déjà côtoyés. Ils ne collaboraient pas forcément donc il ne fallait surtout pas se retrouver dans une position de faire 2, 3, 4, ça aurait été la pire chose possible. On a manœuvré comme on pouvait, on n'a pas compté nos efforts. On a fait vivre le groupe pour que ça aille au bout, et dans le final on a fait bim, bam, boum chacun notre tour avec Pierre et Lenny. On sort à deux avec Pierre et on s'est dit qu'on s'expliquait à deux à la pédale. Sur une Coupe de France on peut offrir une victoire, mais là on était tous les deux pour se la faire à la régulière.

Comme au Tour du Bocage et de l'Ernée 53, où vous étiez arrivés ensemble...
On s'était retrouvé tous les deux, on s'était fait une belle arrivée main dans la main. Mais là il y avait un enjeu un peu plus important et on voulait tous les deux aller le chercher à la pédale, donc on se l'est joué à la regulière. Au début je voulais la faire au sprint, parce que c'est un sprint en bosse, après 130 bornes, c'est quand même la fraicheur qui parle. Et puis quand j'ai vu qu'on avait quand même beaucoup d'avance, je me suis dit que je pouvais quand même la tenter au pied, au pire je me faisais reprendre et je faisais médaille d'argent. Donc j'ai tenté sur mes qualités de puncheur, et quand j'ai vu que j'avais pris 10 mètres, je n'ai plus réfléchi, ça brûlait les cuisses mais ça valait le coup.

« ON SENTAIT CLAIREMENT QU’ON ÉTAIT L’ÉQUIPE À BATTRE »

Tu n'as pas trouvé ça bizarre de te battre contre tes coéquipiers dans le final ?
Bizarre non, on a l'habitude. Ça fait quelques années qu'on se bat ensemble. Là c'est sûr que c'est un niveau un peu plus élevé que le niveau régional qu'on avait en Cadets. Mais on se connait, et c'est toujours un plaisir de faire la course avec eux.

Surtout que vous n'aviez pas le droit à l'erreur...
Je pense qu'on a un peu dominé la Coupe de France avec le Comité. On avait gagné toutes les courses en ligne. Là on avait un peu de pression par contre, on sentait clairement qu'on était l'équipe à battre. On entendait des bruits dans le peloton, c'était clairement « la Bourgogne-Franche Comté, il ne faut pas les laisser bouger ». Donc c'était compliqué de courir contre ça. Mais on était tellement soudés et forts, à un gros niveau, qu'on s'en est super bien sorti.

« CE N’EST PAS QUELQUE CHOSE QUE JE PRÉPARE COMME UN OBJECTIF »

En conservant ton titre, prends-tu conscience de l'aspect historique de ta performance ?
Je ne pensais pas à laisser une trace. C'est compliqué de dire ça, mais le Championnat de France n'est pas quelque chose que je prépare comme un objectif. Je le trouve tellement aléatoire que j'y vais en me disant que je fais le maximum, ma condition physique est bonne, il n'y a pas de soucis, mais je ne mets pas tous mes espoirs sur cette course parce que je sais que ça peut être trop frustrant. Il se passe toujours des trucs de fou, le fait d'y arriver détaché comme ça m'enlève de la pression. Et ça marche super bien depuis deux ans ! Je pense que c'est la bonne tactique à adopter.

Entre le titre de l'année dernière, et celui du chrono, il va falloir trouver encore une place dans ton salon !
Je n'ai pas encore réfléchi mais je pense que le papa a sa petite idée (rires). Il va s'en faire un plaisir. On ne devrait pas avoir de très gros soucis. Mine de rien le titre de l'année dernière m'enlevait de la pression. Je me disais que c'était plus aux autres d'aller le chercher que moi. Et encore plus avec le chrono, j'avais deux maillots à la maison donc je suis arrivé encore plus détaché par rapport à cette course.

Comment vois-tu la suite, à plus ou moins long terme ?
Pour le moment je suis plongé dans ma saison Juniors. Je vais aller à Aubel-Thimister-Stavelot la semaine prochaine, après je vais avoir une petite coupure pour recharger les batteries. Et puis je vais penser aux Championnats (d'Europe et du Monde, NDLR) du mois de septembre. Je ne pense pas trop à la bascule avec les Espoirs encore.



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