India Grangier : « C’est un grand coup pour moi »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Avec seulement trois éléments au départ du Championnat de France Espoirs, le Stade Rochelais-Charente Maritime-WC a parfaitement maitrisé sa journée. Un groupe de neuf a rapidement pris le large, et plus personne n’est rentré de l’arrière. Noémie Abgrall, Maëva Squiban et India Grangier étaient toutes les trois aux avant-postes. Et la dernière citée a profité du surnombre pour s’envoler seule vers la plus belle victoire de sa carrière (voir classement). La nouvelle Championne de France Espoirs, 21 ans, revient sur sa journée auprès de DirectVelo, elle qui n’avait encore jamais remporté de succès majeur depuis sa sortie des Juniors.

DirectVelo : C’est un peu ton jour de gloire aujourd’hui !
India Grangier : Oui c’est vrai ! Je n'ai pas souvent gagné dans ma vie donc c'est un grand coup pour moi. On savait qu'on avait une équipe forte, un coup à jouer. Quand c'est parti on était toutes les trois présentes (avec Noémie Abgrall et Maëva Squiban, NDLR). Il y avait des filles qu'on avait pointées au départ, des filles d'Arkea (du Comité Bretagne, NDLR), Anaïs Morichon aussi, etc. On était toutes à l'avant, alors on a creusé. On a attendu la fin pour mettre en place nos stratégies. Il fallait la jouer fine parce que si on se loupait on condamnait l'échappée. Il fallait donc rouler.

Comment avez-vous joué le coup avec Noémie Abgrall et Maëva Squiban ?
On avait décidé de faire la cassure quand Maëva a attaqué, ça a fait un beau trou. Mais Marine (Allione) et Amandine (Fouquenet) sont rentrées. Noémie a contré derrière, mais c’est de nouveau rentré malgré un écart. Puis c'était à mon tour. Et là ça part. C'était parti pour un tour (sourire). Je me suis dit « allez là tu n'as plus le choix ». J'ai eu 45" et je suis descendue à 28" en un rien de temps dans la descente. Je me suis dit aïe. Avec la bosse et le faux plat, il fallait assurer. Je n'étais vraiment pas sereine, j'ai cru que ça n'allait pas passer. Parce que je suis assez pessimiste dans ma tête (rires). Mais c'est passé, c'est moi qui lève les bras.

« J’ESSAYAIS DE VISUALISER LE MAILLOT À L’ARRIVÉE »

Lorsque tu es devant, seule, que se passe-t-il dans ta tête ?
Je me suis dit qu’on avait fait la course qu'il fallait. J'étais devant, pas de regrets, c'est ce qu’il fallait faire. On a joué la course parfaite, c'était à mon tour d’y aller. Je n'avais plus le choix, si je reculais, je me condamnais et je condamnais l'équipe. J'essayais de visualiser le maillot à l'arrivée. Même si un tour c'est long, surtout avec le vent. Je visualisais aussi les bosses, en me disant que là il ne fallait pas s'écraser, là il faut rester tempo, etc. Et c'est passé.

Auparavant, vous aviez réussi à piéger Cédrine Kerbaol, qui avait la pancarte au départ…
C'est un coup de chance pour nous qu'on se retrouve en surnombre. Et que Cédrine ne puisse pas être dedans. Sinon on aurait été à égalité avec les Bretonnes qui étaient en forme. Je le voyais dans l'échappée. Mais ça a souri.

Du coup vous avez dû vous agiter lorsque vous avez effectué la revue d’effectif du groupe de tête…
Dès le départ on descendait à la voiture une par une, on demandait des conseils au DS. Il nous disait « pour l'instant on collabore et on verra à la fin ». Donc on l'a fait, sans en faire trop. Même si je n'aimais pas trop temporiser parce que je n'aime pas perdre de l'avance. Je voyais que j'avais la forme, Noémie me l'a dit aussi. Dans les deux derniers tours on est redescendu à la voiture. Mais je me suis dit qu'il ne fallait pas se montrer trop tôt.

« JE RESTE BIEN DANS MES BASKETS »

As-tu pu savourer les derniers instants avant l’arrivée ?
J’ai mal vécu ce dernier kilomètre (rires) ! Je voyais que ça rentrait à toute allure, l'écart se réduisait alors que je donnais tout. Puis quand je suis arrivée au pied de la bosse, je n'étais pas en reste. Je montais pas mal, j'avais une bonne cadence. C'est vraiment sur le faux plat après la bosse que je me suis dit que maintenant on mettait tout. Quand j'ai passé le rond point et que je n'ai vu personne, je me suis dit « là ouais, il est pour toi ». J'ai entendu Marion (Hérault, speaker de l’épreuve, NDLR) dans le micro qui disait « la voilà la championne de France », je me suis dit que là c'était bon (rires).

Tu prends ta revanche après ta quatrième place de l’an dernier, à Gray…
Certes j’ai fait 4e l'année dernière mais il y a eu cette chute (dans le sprint final, au dernier virage, NDLR). Je ne pouvais pas me vanter de cette place. Là ce n'est pas une chute qui me permet de gagner. Peut-être le manque de filles fortes comme Marie Le Net ou Victoire Berteau qui sont aux JO. Mais c'est comme ça, elles n'étaient pas là, donc il fallait en profiter pour gagner.

T’attends-tu à franchir un cap après ce titre national ?
Je ne vais pas m'emballer. Ce titre, je l'ai. Je vois mes résultats de la saison. Je vois ma progression. Donc je reste bien dans mes baskets. Je ne vais pas faire de plans sur la comète en me disant que ça y est je suis Championne de France. Je continue tranquillement ma progression. Maintenant, l’idée est forcément d’aller jouer les podiums sur les Classe 2, on a l'équipe pour, c'est l'objectif collectif. Mais aussi aider mes leaders parce que je ne suis pas non plus la sprinteuse du groupe. Je continue sur cette voie-là.



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