Eglantine Rayer : « C’est juste incroyable »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Déjà 3e chez les Cadettes l’an dernier, mais surtout titrée au contre-la-montre mercredi, Eglantine Rayer a encore imposé sa loi, face au peloton des Juniors Femmes. Dans un sprint en petit peloton, la Normande a pris le dessus sur toutes ses adversaires sur l’arrivée en côte de Lorrez-Le Bocage-Préaux (voir classement). Elle s’offre ainsi le doublé en Seine-et-Marne et confirme qu’elle est l’une des toutes meilleures de sa catégorie en France, en attendant les sélections nationales pour les Championnats du Monde et d’Europe. La Junior 1 revient avec DirectVelo sur son samedi paré de bleu-blanc-rouge.

DirectVelo : Tu réalises le doublé en tant que Junior 1 !
Eglantine Rayer : Je ne réalise pas du tout là, c'est franchement incroyable ! Je savais que ma chute du Tour de Charente-Maritime allait moins me déranger sur la route parce que je n'avais pas besoin de poser mon coude et j'arrive à bien plier le genou. On a fait en sorte que ça ne fasse pas de croutes pour ne pas que ça tire. Je ne pensais pas obtenir le titre, c'est juste incroyable !

Tu as réussi à triompher malgré ton statut de favorite…
On m'avait dit que j'étais assez marquée, et puis entre Comités on se charrie un peu, certaines Bretonnes m'avaient dit "on vous sautera dessus" (rires), comme elles sont nombreuses. Mais il y avait plusieurs leaders, j'avais sorti une dizaine de noms dans ma tête.

« J’AVAIS PEUR DE ME FAIRE AVOIR SUR LA LIGNE »

Comment as-tu négocié ta course ?
Jean-Philippe (Yon) nous avait dit de toujours être bien placées. Je ne l'étais pas sur la partie en ligne et je l'ai payé car il y a eu une chute. J'étais la première à ne pas tomber, j'ai dû poser le pied sur le vélo d'une fille. J'espère qu'il n'y a pas eu trop de blessées parce que c'était impressionnant. Une fois arrivée sur le circuit, je me suis dit qu'il fallait vraiment que je me replace. Je n'avais pas envie de retomber aujourd'hui (samedi), ça m'aurait fait beaucoup de peine (sourire). J'ai tout fait pour me replacer et je suis restée dans les 20. L'écrémage s'est fait sur la fin, on me disait qu'il fallait absolument durcir la course. Je commençais à m'inquiéter un peu parce que certaines filles ne voulaient vraiment pas passer. Je me suis dit qu'elles s'économisaient et que ça serait compliqué à la fin si j'en faisais trop.

Pourtant tu as imposé ta pointe de vitesse sans trembler…
Je n'avais pas forcément confiance en mon sprint. Je ne me qualifie pas de sprinteuse. Je ne pense pas avoir la plus grosse pointe de vitesse. Mais c'était en faux plat montant donc ça m'allait pas mal. Je ne sais pas trop ce qu'il y avait comme écart, je n'osais pas me retourner. J'avais peur de me faire avoir sur la ligne, ça aurait été terrible (rires). Cette année, même chez les pros, il y a eu beaucoup de garçons qui ont levé les bras et qui se sont fait avoir.

Comme l’année dernière, où tu avais décroché la médaille de bronze en remportant un sprint derrière les deux échappées…
C'est un peu la même arrivée que l'année dernière puisqu'on était en peloton pour le sprint. Je m'étais un peu fait avoir. Je voulais une revanche. Le chrono, pour moi, c'était déjà une belle revanche. Et je ne m'attendais absolument pas à faire le doublé cette année, je vais me souvenir de 2021. Même le Trofeo Binda (elle avait terminé troisième, NDLR), je ne réalise pas encore. J'ai toujours l'impression que c'est un coup de chance. On avait été bien coachées là-bas. L'équipe était au top, et aujourd'hui aussi, l'équipe de Normandie a fait tout ce qu'elle pouvait.

« JE M’ENTRAÎNE AVEC DES GARÇONS PLUS ÂGÉS »

C’est Jean-Philippe Yon qui a accompagné le comité de Normandie ce samedi. Que t’a-t-il apporté pendant la course ?
C'est lui qui m'a suivi au chrono aussi. Notre DS est en arrêt, il le remplace. Heureusement que c'était lui, il a toujours les bons mots. Il est venu me voir quand on était en échappée, il y avait Solène (Marnoni) et moi, il a dit à Solène : "tu mets tout sur le pied de la bosse". Après j'ai essayé de la contrer mais je n'ai pas vraiment réussi. Il gère vraiment bien. Il était en appel avec quelqu'un sur le bord de la route pour avoir des instructions, l'organisation était au top.

Comment expliques-tu ce cap franchi ?
Depuis que je suis au lycée, je m'entraine au Pôle régional de Caen. Je m'entrainais avec mon père avant mais il n'est pas très cycliste à la base (rires). Mais mes parents m'emmènent partout. Récemment on a fait six heures de route juste pour une course. Ils ont aussi une vie, un boulot, je les remercie parce que rien ne serait arrivé sans eux. Mais maintenant le Pôle m'a fait progresser, aussi parce que je m’entraîne avec des garçons plus âgés. Je vais bientôt atterrir chez les plus grandes aussi, je ne sais pas trop comment ça va se passer.



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