Jérémy Bellicaud : « C’est dur d’exister »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Jérémy Bellicaud s’apprête à vivre des moments importants dans sa carrière cycliste dans les semaines à venir. En fin de contrat avec Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux, le Charentais fait partie des coureurs qui pourraient bien ne pas être conservés en fin de saison, alors que la WorldTeam belge songe à un important renouvellement après une saison jusque-là décevante. Alors, pour tenter de prolonger l’aventure avec la structure de première division mondiale, ou pour convaincre une autre structure de lui donner sa chance pour 2022, l’athlète de 23 ans va devoir réaliser une grosse fin de saison. Et ça commence dès ce jeudi, sur le Tour de l’Ain (2.1).

DirectVelo : Comment te sens-tu au moment d’entamer la dernière partie de la saison ?
Jérémy Bellicaud : Physiquement, je me sens plutôt bien. Je reviens d’un stage à La Toussuire avec l’équipe, sur douze jours. Il va falloir reprendre quelques repères en course car passer un mois sans courir, ce n’est jamais évident (il n’a pas couru depuis le 20 juin dernier au Championnat de France, NDLR). Malheureusement, on sait que c’est particulier en juillet, pendant le Tour de France. Il n’y avait pas trop d’options pour courir. J’espère être bien sur le Tour de l’Ain. C’est une course escarpée qui pourrait me convenir et qui va peut-être sourire aux attaquants. Il faudra avoir une attitude offensive.

« IL RISQUE D’Y AVOIR DU CHANGEMENT »

Tu es en fin de contrat avec Intermarché-Wanty-Groupe Gobert. Es-tu inquiet pour ton avenir ?
Forcément un peu. Je me suis approché d’un agent, Joona Laukka, pour trouver un contrat. C’est en discussion. J’espère pouvoir prolonger mais ce sont toujours des situations compliquées. J’imagine qu’ils veulent recruter de très bons coureurs pour l’an prochain, en vue des courses WorldTour car il y a des manques cette année. La saison dernière, j’ai cru comprendre qu’ils ont été pris de court avec l’annonce tardive de la licence en première division. Cette fois-ci, ils veulent attraper de gros poissons. Et donc… Il est certain que des coureurs vont être remplacés. Personnellement, je me sens très bien dans l’équipe. J’espère et je pense faire ce que l’on me demande. On vient de passer deux années qui n’étaient pas super simples à gérer, surtout en 2020, mais c’était le cas pour beaucoup de monde. Il a fallu franchir le cap du WorldTour, ça a changé beaucoup de choses pour l’équipe. On n’avait plus le rôle d’outsider, on n’était plus là pour aller dans des coups ou montrer le maillot… C’est pour ça qu’il faut des gars capables de gagner donc il risque d’y avoir du changement.

On imagine que tu souhaiterais être rapidement fixé quant à ton avenir avec ta formation actuelle...
Pour l’instant, je suis dans l’attente. J’aimerais en parler directement avec le manager, Jean-François (Bourlart) pour savoir ce qu’il en pense et ce qu’il attend de moi sur cette fin d’année, les choses qui vont ou qui ne vont pas. J’espère que ça viendra avant la fin de la saison. Niveau prolongations et transferts, c’est la période où ça commence à se faire sérieusement, où l’on entend que certains noms ont signé à droite ou à gauche.

Quel regard portes-tu sur tes dix-huit premiers mois de compétition dans une WorldTeam ? 
J’essaie régulièrement d’analyser ma progression, mes résultats… Tout ça… Pour comprendre ce qu’il me manque encore et trouver comment combler au mieux mes lacunes. Je pense aussi qu’il faut quelques années pour atteindre ce niveau WorldTour. Pour l’instant, je suis un cran en-dessous, mais ça me semble quand même accessible à terme. En Classe 1, je sens que ça peut se faire. Je prends du plaisir en course et je ne subis pas. Je ne suis pas là en me disant que je vais essayer de survivre, comme ce serait peut-être le cas sur une Vuelta. Je progresse tous les ans, même si cette progression reste infime. Dans le vélo, tout peut aller vite dans un sens comme dans l’autre, il faut juste avoir conscience du travail à mener.

« J’Ai PRIS UNE BONNE RACLÉE »

Puisque tu évoques le Tour d’Espagne : y participeras-tu dans les semaines à venir ? 
A priori, non. J’espérais faire la Vuelta et sur le coup, j’ai été déçu d’apprendre que je n’étais que remplaçant. Avec notre participation aux trois Grands Tours cette année, je pouvais espérer en être, plutôt que de voir certains coureurs doubler Tour et Vuelta. Mais il faut avoir le niveau WorldTour pour ça et je me dis que ce n’est peut-être pas encore tout à fait mon cas. Sur le Tour de Catalogne et le Dauphiné, j’ai senti que je ne pouvais pas peser sur la course. J’en ai conscience. J’ai pris une bonne raclée sur le Dauphiné. Le choix de l’équipe est donc tout à fait compréhensible. C’est aussi pour ça que la pilule est moins difficile à avaler, en quelque sorte... C’est peut-être un mal pour un bien. “Recevoir” tous les jours sur trois semaines, c’est plus compliqué que de faire des courses une Classe en-dessous et de pouvoir jouer devant. Ce sera peut-être positif, au final...

On a le sentiment que tu te cherches toujours dans ce peloton professionnel…
C’est compliqué mais d’un autre côté, ça fait gonfler la caisse et ça me permet de progresser de disputer toutes ces courses-là. Il faut bien passer par là. Mais c’est difficile, bien sûr, même de prendre une échappée en WorldTour. C’est dur d’exister, tout simplement.

Il ne reste plus qu’à faire une grosse fin de saison pour espérer un avenir paisible dans les pelotons !
Il va falloir saisir toutes les opportunités, dès le Tour de l’Ain. Là avec le peu de courses qu’il y a eu faut saisir toutes les opportunités, dès le Tour de l’Ain. Il faudra espérer être en forme. J’ai besoin de courir pour monter en pression. Je veux enchaîner les courses, ce serait pas mal pour espérer atteindre mon meilleur niveau et montrer ce que je vaux. 

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