Benjamin Thomas monte en température

Crédit photo DirectVelo

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Benjamin Thomas va disputer sa dernière course sur route cette semaine avant de s'envoler vers le Japon pour disputer ses premiers Jeux olympiques. De mardi à samedi, le coureur de la Groupama-FDJ sera dans le peloton du Tour de Wallonie, en compagnie de Donavan Grondin avec qui il formera la paire française de l'Américaine à Tokyo. Le TRW réussit bien au double Champion de France du contre-la-montre puisqu'il y avait remporté une étape en 2017 grâce à ses talents de finisseur (voir ici). Aux Jeux olympiques, le Champion du Monde en titre de l'Omnium s'alignera le 5 août dans sa spécialité et le 7, avec Donavan Grondin, au départ de l'Américaine. Avant de rejoindre la piste d'Izu au pied du Mont Fuji, Benjamin Thomas s'est mis dans le bain au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines.

DirectVelo : Où en es-tu dans ta préparation ?
Benjamin Thomas : Je suis content de mes sensations, j'ai fait un premier pic de forme en juin au Championnat de France avec le Tour de Suisse. Derrière, j'ai pris le temps de souffler un peu et on est reparti pour un dernier bloc de travail avec les 6 Jours de Fiorenzuola et le stage à Saint-Quentin. Je ne suis pas à 100%, ce n'est pas l'objectif, les temps sont bons sur la piste, on sent qu'on a passé un petit cran supérieur. On travaille dur et la période de surcompensation derrière va être importante. Je suis dans les temps de passage.

Vous avez même simulé une Américaine de 60 km avec la moto de Steven Henry...
A la base, on avait étudié la participation à la Coupe de France au Mans mais on a vu que c'était seulement 30 km et la météo était incertaine alors nous n'avons pas pris le risque d'y aller. Ce n'était pas plus mal de simuler l'Américaine ici car je n'avais pas fait de bois depuis le mois de mai (le vélodrome du Mans est en bitume, NDLR) et j'ai beaucoup couru sur la route tout le mois de juin. Nous avons couru à Fiorenzuola mais c'était sur du béton donc c'était important de reprendre le coup de pédale sur le bois. Nous avons bien pu travailler pendant une heure derrière la moto, techniquement et physiquement. C'était une belle Américaine qui nous a mis un peu dans les conditions de la course parce qu'on travaille sur une durée d'une heure.

« HOME-TRAINER PAR 35°C »

Comment t'adaptes-tu à la chaleur ?
Tous les deux jours, on fait 40-50 minutes d'home-trainer par 35°C et 60% d'humidité, en guise de réveil musculaire. C'est un peu éprouvant mais c'est nécessaire. A Tokyo, on aura des conditions très chaudes. Si on va s'entraîner sur la route, ça permet d'y être mieux préparé et de mieux supporter la chaleur là-bas. Tout ceci nous donnera une meilleure récupération et donc moins de fatigue et on s'acclimatera plus vite au vélodrome et à l'ambiance là-bas. Nous aurons des combinaisons sur mesure, j'aurai des manches 3/4. On étudie beaucoup l'acclimatation à la chaleur, la récupération, ça va être primordial, surtout sur l'Omnium où il y aura des temps très courts entre les courses. Le refroidissement du corps sera très important.

Il y aura un jour de repos entre l'Omnium et l'Américaine, qu'est-ce que ça change ?
J'ai l'habitude de faire les Omniums et de finir assez tard le soir. A Tokyo, l'Omnium finira vers 18h-18h30 heure locale. D'habitude on court jusqu'à 21h, s'il y avait une cérémonie protocolaire et après le contrôle, je n'allais pas au lit avant 1 heure du matin. Avec l'excitation de la course, c'était dur de s'endormir. J'arrivais sur l'Américaine avec un petit manque d'énergie. La journée de récupération en plus va me permettre de souffler, mettre de côté l'Omnium et me concentrer sur l'Américaine. Pour Donavan, ce sera sa seule course donc il nous apportera un plus pour aller chercher une médaille par rapport aux équipes qui auront majoritairement couru la poursuite par équipes et qui seront déjà depuis trois-quatre jours au travail.

« CE NE SONT PAS FORCÉMENT LES PLUS FORTS QUI GAGNENT »

Est-ce que le manque de compétitions vous pénalise ?
Ça aurait été bien d'avoir un peu plus de courses dans les jambes, de faire les manches de Coupe du Monde. C'est vraiment sur des Américaines sur le bois qu'on progresse le plus, comme à Gand par exemple au mois d'avril. Fiorenzuola, c'est une longue piste en ciment, les repères sont différents d'une piste en bois de 250 m. C'est pourquoi il est important de retravailler à l'entraînement le timing de sprint, c'est à dire le meilleur moment où passer le relais et en quelle position, c'est ce qui est crucial en Américaine. C'est un peu notre Tendon d'Achille. Donavan est monstrueux physiquement, on compense avec nos qualités physiques mais si on veut vraiment faire quelque chose dans l'Américaine, il faut continuer de travailler cet aspect. Morgan (Kneisky), qui est remplaçant, maîtrise complètement cet aspect, c'est lui qui nous enseigne tout ce côté tactique. En Américaine, ce ne sont pas forcément les plus forts qui gagnent, ce sont ceux qui sont les plus réguliers. A Tokyo, il faudra être bon physiquement mais aussi surtout tactiquement.

Es-tu déjà allé au Japon ?
Non, jamais. Ça va être une belle aventure, même si ça va être un peu spécial, on ne va pas forcément découvrir trop le pays. Le cadre va être superbe. Nous sommes dans un village un peu isolé. J'aime bien être un peu au calme. Avec Donavan, il est assez jeune, c'est bien d'être dans un petit village tranquille où il n'y aura que des pistards, ça va plus nous faire penser à un Championnat du Monde qu'aux Jeux olympiques. Dans une optique de Paris 2024, ça nous prépare car il y aura un peu plus de pression, ça sera en France. Mais j'ai hâte de découvrir le Japon.

« PARIS DANS UN COIN DE LA TÊTE »

Quels souvenirs as-tu des JO ?
Je les regardais toujours à la télé. J'ai suivi depuis Pékin, Londres. J'ai suivi Bryan (Coquard), les sprinters français qui allaient chercher de belles médailles en vitesse par équipes ou individuelle. Le sprint ou l'endurance, je les ai toujours suivis avec grande passion. Je ne me disais pas qu'un jour j'y serai car j'étais encore trop jeune pour y penser. Quand j'ai découvert la piste, c'est devenu ma discipline de coeur. A Rio, j'étais remplaçant et je l'avais vécu depuis la maison, ça m'avait vraiment donné envie de donner le meilleur de moi-même et de découvrir les Jeux olympiques à Tokyo.

Après les JO, quelle sera ton activité sur piste ?
J'aimerais participer au Championnat du Monde en octobre. Après les JO, je vais prendre quelques jours pour souffler et je repartirai sur la route. Je devrais être sur le BickBank Tour au mois de septembre et sur les courses françaises de fin de saison, le Tour de Vendée, Paris-Tours. L'an prochain j'aimerais continuer l'activité sur piste qui va se transférer en fin de saison avec les Championnats du Monde en octobre mais le début de saison sera plus axé sur la route. Je ne vais pas délaisser la piste pour autant car j'ai Paris dans un coin de la tête. J'aimerais participer à la qualification et garder un pied dans les vélodromes.

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