Team Vercors

Team Vercors : « Deux ans qu’on marche sur des œufs »

Crédit photo Team Vercors

Crédit photo Team Vercors

Après une année 2020 déjà bien amputée par la crise du Covid-19, le Team Vercors et le monde du cyclo-sport repartent dans une saison perturbée en 2021. En plus du calendrier toujours bouleversé, le désormais ancien président, Ludovic Griboval, a cédé les rênes de la formation à Yohann Charvet. Ce dernier revient auprès de DirectVelo sur tout ce qui a changé, et ce qui ne change pas, au sein de la formation cyclosportive. Notamment le côté compétition toujours victime de la crise sanitaire, à quelques jours de ce qui constitue probablement le plus gros objectif de la saison du Team Vercors : la Valence Vercors.

DirectVelo : Qu’est-ce qui a changé au sein du Team Vercors cette année ?
Yohann Charvet : Il n’y a pas tant de changements. On a gardé quasiment tout l'effectif. Roland Chavent est reparti chez ESF qui ne prend que des moniteurs de ski, des gros moteurs. Mais sinon on a un effectif stable. Nos leaders sont toujours Cyril Gaillard, Rodolphe Lourd, et Florent Pelizzari, une grosse machine en VTT. Ce sont ceux qui vont jouer la gagne et les podiums. Le reste est entre Top 10 et 30. C'était le but, recruter des gens qui prennent part à une dynamique globale plutôt que des clients consommateurs. On a la chance d'avoir des partenaires qui nous ont suivis, comme Abus. Pas mal de gens ont continué à nous suivre, c'est vraiment cool. On ne court pas forcement après les partenariats mais c’est confortable quand tu peux pratiquer dans de bonnes conditions. C’est bête mais quand tu casses un casque, tu en as un autre. On n’a pas trop de changements structurels.

Mais le calendrier doit encore être affecté cette année…
Le calendrier, c’est le point beaucoup plus dur. On avait tous prévu de faire une saison de ouf avec toutes les courses. Et puis tu vois que t'as les deuxième et troisième confinements… Tu avances dans le temps et personne ne prend le risque d'organiser. L'Ardéchoise, qui est notre rendez-vous annuel, est annulée. Ça a fait mal. La saison s'est étiolée. Mais on a réussi à trouver quelques dates. Il y en a une dont on a fait notre objectif, à savoir la Valence Vercors, dimanche. C’est la première édition, ça passe à la maison, ce sont les cols de l'entrainement. On s'est tous inscrits, ce n’est pas forcément fait exprès. La philosophie, depuis deux ans, c’est que si on n’est pas capable de fournir un calendrier défini, on n’en impose pas du tout. On s'est tous inscrits car on est tous dispos. Sur le reste chacun fait les courses qu'il veut. Il y a pas mal de pères de famille. Ils partent en vacances en août puis il y a la rentrée... les grands moments sont donc sur juin-juillet.

« LES MECS NE SAVENT PAS POURQUOI ILS PAIENT DES LICENCES »

Tu as repris le manche auprès de Ludovic Griboval. Comment la passation s’est faite ?
J'avais déjà plus ou moins l'équipe en main mais Ludo était président et chapeautait tout. Il a pris pas mal de recul pour plein de raisons. Au lieu de faire le travail de l'ombre, je suis directement en lien avec les personnes extérieures, les partenaires etc. C'est juste ça. Sinon il n’y a pas vraiment de changements. Ludo n'est plus vraiment là mais il suit quand même beaucoup. J’ai accepté de reprendre parce que ça fait presque dix ans que je suis au club. J'ai passé une ou deux saisons assez transparentes puis j'ai rencontré ces mecs qui gagnaient des courses chez nous. Pour moi c'était incroyable de voir le maillot sur les podiums. Ces gens sont partis peu à peu, il restait Cyril (Gaillard) et moi avec une dynamique un peu compétition, qui veulent se faire mal à la gueule et faire la course devant. L’idée étant de redynamiser le club en faisant venir des gens qui en voulaient, et ne pas tomber que dans le cyclotourisme.

La crise sanitaire a-t-elle affectée l’organisation au club ?
Ça fait deux ans qu'on marche sur des œufs. Tu ne peux rien prévoir correctement. Je voulais remettre des courses FFC car on est spécialisé cyclosport. On s’est dit qu’on allait faire du rythme en FFC, ça va faire de grosses courses, car une grosse partie se joue en FFC. Mais avec le covid les mecs étaient moyen chauds. Puis ça fait peur d'entrer sur le circuit fédéral parce que ça frotte, il y a la peur de se boiter. Mais finalement les gens savent rouler en peloton donc il n'y a pas tant de danger que ça. On se fait une grosse course par mois avec un truc sympa. C’est la deuxième année où on a réinsufflé cette dynamique mais il y a encore le covid donc c’est compliqué. Tout le monde garde le moral. On en chie pas mal à proposer quelque chose et donner la dynamique qu'on voudrait, pour qu'il se passe quelque chose au club. Ça fait deux ans que les mecs ne savent pas pourquoi ils paient des licences. Beaucoup aussi étaient en loisir et n'ont pas renouvelé.

« MONTRER QU’ON EST LÀ POUR CEUX QUI ONT PRIS SOIN DE NOUS TOUTES CES ANNÉES »

Et sur le plan économique ? Le contact avec les partenaires est au beau fixe ?
On a tout conservé quasiment. Abus, Julbo… ils n’ont rien modifié. Nous ne sommes que des péquenauds qui faisons du vélo (rires). On leur apporte juste un peu de visibilité. Et je ne suis pas sûr que depuis deux ans ils s'y retrouvent. On a des trucs super sympas, mais finalement c'est compliqué pour tout le monde et on a tous ces gens qui nous suivent. Mais pas vraiment de nouveaux à part Velectrip-La Glisse, qui est le seul partenaire qu’on a gagné. Mais on aurait pu en avoir d’autres si on avait eu une année normale. C’est bête, mais par exemple il y a trois semaines je suis tombé, j'ai éclaté mon vélo et il n’y a pas une pièce dispo en raison du contexte. Pour Velectrip, ça fait deux ans qu'ils sont partenaires, et ce sont deux années de Covid…

D’un point de vue sportif, le covid peut-il limiter les déplacements et donc les participations aux courses ?
Comme chacun va sur ses courses, on n’a pas fait les déplacements collectifs au format qu'on voulait, en se réservant un gite à une dizaine par exemple. Mais là du coup comme les courses sont reportées, ou autres, en septembre les coureurs ne veulent plus ou ne peuvent plus. On ne peut pas faire de sur mesure. Je suis bénévole, je ne peux pas faire la réservation de tout le monde. Tout ce qui est gros rendez vous va rester globalement. Idéalement on était la moitié à vouloir faire un déplacement dans les Pyrénées. On s'est dit on va y aller, mais ils ont tout annulé. Il n’y a que les grosses rencontres qu’ils sont sûrs de remplir.

En plus de la Valence Vercors, quelles sont justement les courses cochées ?
La Marmotte, on ne la loupera pas. Depuis dix ans ils nous donnent des dossards prioritaires, ils nous mettent à l’avant dans des conditions de fou furieux. Cette année est la seule année où ils ne se sont pas manifestés vers nous pour savoir si on venait, etc. Mais nous on s'est dit qu’on allait participer massivement et payer nos dossards. Parce que c'est bien de profiter quand tout va bien, mais c'est bien aussi de montrer qu'on est là pour ceux qui ont pris soin de nous toutes ces années quand ça va moins bien. Ce n'est pas grand chose, ils vont probablement être affectés et baisser le nombre d'inscrits, ils ne sont peut-être pas rentables, mais on ne va pas gratter la rouille quand ça ne va pas.

Mots-clés

En savoir plus