Justin Mottier : « J’ai versé ma petite larme »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Justin Mottier a décidé de raccrocher le vélo dimanche dernier sur le Tour d’Erdre et Gesvres (Loire-Atlantique). Le sociétaire de Laval Cyclisme 53 et ancien professionnel chez B&B Hotels-Vital Concept explique à DirectVelo pourquoi il arrête en cours de saison. Le Mayennais de 27 ans revient également sur sa carrière et évoque son futur.

DirectVelo : Comment as-tu vécu ta dernière course dimanche ?
Justin Mottier : C’était assez émouvant. J’ai eu une surprise de la part de mes amis et de ma copine qui sont venus me voir sur la course. Je ne m’y attendais vraiment pas, c’était surprenant. J’étais hyper content. J’ai eu le droit à une petite chanson au départ. J’ai versé ma petite larme. Concernant la course, j’ai plutôt subi qu’été acteur. Physiquement, comme depuis le début de la saison, je n’étais pas phénoménal. J’ai profité au maximum des derniers moments. C’est l’ultime fois que je me brûlais autant les cuisses et que j’avais une averse orageuse même si je déteste rouler sous la pluie. J’étais content de finir sur une course comme ça. La chute à l’arrivée a jeté un peu un froid. J’ai de plus en plus de mal à prendre des risques. Ça me conforte dans mon choix même si ce n’est pas que pour ça.

« TOUT S’EST BIEN ENCHAÎNÉ »

Pourquoi as-tu décidé d’arrêter en cours de saison ?
ASO m’a contacté fin mai pour être chauffeur du responsable commercial et partenariat. J’ai réfléchi trois jours et je me suis dit autant arrêter maintenant vis-à-vis du club en leur évitant des frais et en rendant mon vélo. Ce n’est pas comme si j’avais des résultats et de gros objectifs. En plus, je ne pouvais pas rouler pendant un mois en raison du Tour de France, et tu ne reviens pas comme ça en août... Après, ce n’est pas un choc même si ça a été rapide. Je m’y étais préparé depuis l’hiver, j’étais moins impliqué.

En parallèle, tu as trouvé un nouveau métier que tu commenceras en septembre…
Après mon interview sur DirectVelo en novembre (lire ici), Ronan Poulizac (coureur à l’UC Briochine) m’a vite contacté car il y avait un poste à pourvoir au cours de l’année 2021. Je le connais très bien, on s’est rencontrés en janvier pour parler plus sérieusement de tout ça. C’est un domaine que je ne connais pas du tout, je serai commercial itinérant pour une entreprise de gros qui vend du matériel et de l’outillage pour des boîtes d’eau potable, d’assainissement et de réseau électrique enterré. J’ai rencontré la direction mi-mai, ils m’ont donné leur accord dès la fin de l’entretien. La semaine suivante, j’ai eu ma promesse d’embauche et quelques jours après, ASO m’a appelé. Tout s’est bien enchaîné. Si je n’allais pas au Tour, j’aurais continué au club jusqu’à la fin de saison même avec ce nouveau boulot.

« JE NE SUIS PAS ALLÉ CONTRE MA NATURE »

Que retiendras-tu de tes années sur un vélo ?
Je ne retiens que des bonnes choses. Ça m’a fait vivre pendant quelques années et ça m’a permis de beaucoup voyager. J’ai découvert pas mal de pays et de continents, c’est un point positif vu que je ne suis pas trop parti en vacances par ailleurs. À part ça, ça m’a inculqué de bonnes valeurs comme l’hygiène de vie, le fait de toujours s’accrocher, de se lancer des défis et de se donner des objectifs même si les deux dernières années ont été plus compliquées. C’est comme une école pour moi d’avoir fait du vélo. Je n’ai pas fait de grandes études mais ça m’a amené autant de contacts et de reconnaissance. Je suis très fier de ma petite carrière et d’avoir vécu ça.

As-tu des regrets avec le recul ?
J’essaye de ne pas en avoir. S’il devait y en avoir un, ce serait de ne pas avoir été assez rigide et ne pas avoir mis toutes les chances de mon côté sur l’entraînement. Chez les pros, c’est hyper important de bien travailler à la maison. Quand on n’est pas un gros talent à la base, il faut tout bien faire à 200 %. Je pense que je ne l’ai pas fait. Je l’ai expliqué à beaucoup de personnes quand mon contrat n’a pas été renouvelé. Je suis comme ça, je ne me suis jamais forcé, je ne suis pas allé contre ma nature. Concernant le Tour de France, j’ai toujours été lucide. Il faut être un très bon coureur pour être au départ. Ça doit être très dur quand on n’a pas trop le niveau. Ce n’est pas un regret, mais j’aurais bien aimé faire un Grand Tour comme le Giro ou la Vuelta où mon équipe n’a jamais été invitée.

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