Comme à Grand-Champ l’année dernière, une revanche entre l’ancien duel entre Rémi Cavagna et Benjamin Thomas était attendue, lorsque le coureur de la Deceuninck-Quick Step avait décroché le maillot tricolore suite à un match à suspense. Mais rapidement, Rémi Cavagna a compris qu’il serait bien loin des meilleurs, ce jeudi, à Épinal (voir classement). Beaucoup à cause de la malchance, mais aussi parce que le « TGV de Clermont-Ferrand » a vite rendu les armes. Il s’explique auprès de DirectVelo sur sa journée en enfer.

DirectVelo : On peut imaginer que tu n'es pas content de ta journée...
Rémi Cavagna : Je suis forcément très déçu. Je fais un chrono pour le remporter, peu importe lequel. Je suis arrivé en favori, mais c'est sur un jour de course. Il y a des circonstances qui arrivent, je n'ai pas eu de chance aujourd'hui (jeudi), ce n'était pas mon jour. Mais pas d'excuse. C'est dommage parce que c'est un beau maillot, il m'allait bien. J'adorais le porter. Il me donnait de l'énergie, et je suis un peu frustré de ne pas l'avoir conservé.

Que s'est-il passé ?
J'ai eu un problème au départ. Mes vitesses ne passaient plus, je ne pouvais plus aller sur le petit plateau. Alors j'ai dit « allez on change tout ». Puis c'était un vélo que je n'ai jamais utilisé. Je me suis beaucoup entrainé sur mon vélo, j'étais habitué à ce vélo. Et passer sur un vélo où la selle n'était pas totalement juste, le guidon qui n'allait pas, ce n'était pas top. Puis j'ai roulé aux sensations car je n'avais plus mon capteur. C'est vrai que je me focalise un peu là-dessus donc ça m'a un peu déstabilisé. Mais c'était une journée difficile avec la chaleur aussi, c'est quelque chose que j'ai du mal à supporter sur une épreuve longue comme ça.

« J’AI SENTI QUE J’ÉTAIS RETOMBÉ DANS MES TRAVERS »

À quel moment as-tu lâché prise ?
Je suis allé au premier intermédiaire, j'ai monté la côte, puis j'ai vu Benjamin Thomas devant. Je me suis dit qu'il était peut-être à un peu plus d'1'30. Et là c'est là que ça a lâché dans ma tête. Après environ 15 kilomètres. Je ne dirais pas non plus que j'ai fait 30 kilomètres en roue libre, mais je n'avais pas la tête dedans. J'ai senti tout de suite que j'étais retombé dans mes travers des années passées où j'avais loupé mes Championnats, avec beaucoup de chronos comme ça. J'ai fait des bons chronos en début de saison, je connais un échec, ça arrive.

Penses-tu que la chaleur a influencé le résultat ?
La chaleur a joué un rôle important. Je suis parti avec un Camelbak gelé dans mon dos. Ça faisait de la glace puis ça fondait pour faire du frais. Mais je n’ai même pas pu me servir du Camelbak, la glace s'était bloquée, et ça avait fait comme un nœud dans le tuyau donc je n'ai pas pu m'hydrater correctement. Ce n'était vraiment pas une belle journée. Rien n'allait. Mais on va se ressaisir, sur la course de dimanche et d'autres objectifs. D'autres championnats où je pourrai aller chercher un maillot, ça serait bien.

« JE N’ÉTAIS PAS DEDANS »

D'ailleurs, la chaleur ne t'a probablement pas aidé à rester concentré quand rien n'allait...
Je suis bien parti quand même avec le bon vélo. J'ai pu jeter un coup d'œil au panneau et j'ai vu que j'étais 2e, j'étais bien parti. Je n'avais aucune info avec la radio parce que ça ne marchait pas, le son était au plus bas. Ce n'était vraiment pas une bonne journée. Et avec la chaleur je ne trouvais pas mon rythme, ma position. Je n'étais pas dedans. Je l'ai senti tout de suite. Ça n'a pas pardonné. Je finis à 5 ou 6 minutes, mais quand on n'est plus dedans, on n'est plus dedans. C'est dommage mais on va voir ce qui n'est pas allé. J'ai identifié les problèmes, c'est déjà ça.

Comment réagis-tu dans ces conditions ? Es-tu du genre à repartir le couteau entre les dents ou à avoir du mal à encaisser ?
Je mets quelques jours à m'en remettre. C'est vraiment terrible. J'ai déjà eu des journées comme ça et ça me met au plus mal. Je n'en dors pas trop des fois. Mais je sais que je vais me ressaisir. J'ai un staff, des amis et une copine en or. Donc ils vont me remonter le moral et c'est une question d'heures ou de jours. Dimanche ce sera déjà derrière. Il y a d'autres épreuves. Et j'y brillerai j'espère.

Il y a justement une occasion de se rattraper dimanche, avec Julian Alaphilippe qui fait partie des grands favoris...
On est trois coureurs de l'équipe. Avec Julian (Alaphilippe), Florian (Sénéchal) et moi. On verra la condition si j'ai repris mes jambes. Il y a un beau coup à faire. Mais ça reste un Championnat de France. C'est difficile pour nous qui sommes trois coureurs contre les armadas. Mais justement, il y a peut-être une carte à jouer.