Julien Thollet : « Des coureurs offensifs »

Crédit photo Coralie Bertrand

Crédit photo Coralie Bertrand

Après une première partie de saison tronquée pour les Juniors, Julien Thollet a repris son bâton de pèlerin. Ces dernières semaines, il a pu voir à l'œuvre les Juniors français à l’occasion des deux premières manches de la Coupe de France, la Classique des Alpes et le Tour du Bocage et de l’Ernée 53. A l’issue des ces premiers rendez-vous importants, le sélectionneur national fait le point avec DirectVelo.

DirectVelo : Quels enseignements tires-tu des deux premières manches de la Coupe de France Juniors ?
Julien Thollet : Nous avons vu sur la Classique des Alpes qu’il y avait une très grosse opposition des étrangers. La course a été dominée par les Belges notamment, même si Lenny Martinez et Colin Savioz ont su tirer leur épingle du jeu (voir classement). Nous avons eu la confirmation que ces coureurs avaient des talents de grimpeur mais d’une manière globale, nous avons été dominés. Pour certains coureurs, c’était leur course de reprise. D’autres avaient couru une ou deux fois. Il y avait donc un vrai point d’interrogation sur la Classique des Alpes.

« LE TRAVAIL DE FOND DES CTR »

Et pour le Tour du Bocage et de l’Ernée 53 ?
J’ai trouvé que les coureurs avaient été offensifs. Ils étaient un peu revanchards et voulaient aller de l’avant. Il n’y avait pas la même opposition étrangère qu’à la Classique des Alpes bien sûr mais nos Français ont voulu se bagarrer, il n’y a pas eu de course d’attente. Romain (Grégoire) et Pierre (Gautherat) roulent en Élite depuis le début de saison, et ceux qui ont pu courir ont passé un petit cap. Je ne suis pas inquiet pour le reste du peloton. Le calendrier va être plus fourni ces prochains mois, les coureurs vont pouvoir progresser petit à petit. Tout va rentrer dans l’ordre. Ça va se niveler. Dans mon travail, c’est intéressant d’avoir cette confrontation nationale pour avoir de la détection en vue des sélections à venir dans l’été. On aura à nouveau des confrontations internationales qu’on n’a plus depuis 2019, excepté le Championnat d’Europe l’an passé. Nos jeunes Français vont pouvoir s’exprimer. Nous avons des coureurs qui semblent talentueux et qui pourront se confronter au niveau international même s’il y a l’épouvantail Uijtdebroeks. Il ne faudra pas faire une fixation sur lui. Il a l’air très fort, ça a l’air d’être un phénomène, mais il faudra garder la ligne de conduite et former nos jeunes Français. On fera tout pour essayer de contrer ses plans.

En parlant de détection, as-tu découvert des coureurs sur le Tour du Bocage et de l’Ernée 53 ?
Le travail de fond est fait en amont, notamment avec tous les collègues CTR qui s’impliquent beaucoup sur la catégorie Juniors. Je suis en contact permanent avec eux. Finalement, tous les coureurs qui ont brillé le week-end dernier étaient déjà dans les petits papiers. Avec Alexandre Boxe, qui gagne le chrono dimanche matin, on a par exemple travaillé sur le contre-la-montre, de manière très spécifique, en février dernier. Pour Melvyn (Lethier), vainqueur dimanche après-midi, on a travaillé aussi avec lui. Je l’ai convoqué la semaine dernière pour un stage que je ferai à la fin du mois. Je suis content du travail fait en amont. Autre exemple, Brieuc Rolland qui a été très offensif. Le CTR de Bretagne, Jean-Charles Romagny, m’en avait déjà parlé. Il sera aussi au stage. Grâce au travail de brassage dans les régions, on a une photographie assez précise. Les coureurs ont pu confirmer le week-end dernier. On va commencer à surveiller les Juniors 1, mais par exemple Noé Isidore, le meilleur jeune, nous l’avions déjà identifié.

« IL FAUT QUE CHACUN PUISSE S’EXPRIMER »

Trouves-tu que des comités s’en sortent mieux que d'autres sur la manière de courir en équipe ?
On commence à leur faire toucher du doigt ce travail collectif mais ça ne doit pas être une fin en soi. Il faut que chacun puisse s’exprimer à son niveau. Au fil de leurs années de pratique, ils seront amenés à rouler en équipe. Ce n’est pas très grave s’ils ne le font pas parfaitement en Juniors. Ils sont en apprentissage. Tous ont des ambitions personnelles. Ils savent que la Coupe de France est une des rares occasions où ils peuvent briller individuellement. Ce n’est pas toujours facile de les faire courir en équipe. Il faut trouver un système un peu hybride où chacun peut s’exprimer aussi individuellement. Parfois, on a des collectifs très forts qui ressortent comme la Bourgogne-Franche-Comté qui a mis la main sur la course car ils ont de très fortes individualités. Mais ils ont réussi à courir collectivement.

Quels sont les prochains rendez-vous de l’équipe de France Juniors ?
On aura un stage avec dix coureurs, fin juin-début juillet. On va enchaîner avec cinq coureurs au Valromey. En août, on va rebasculer sur un programme Coupe des Nations, avec le Watersley Junior Challenge, aux Pays-Bas, et la Course de la Paix, en République tchèque. On sera ensuite dans l’approche finale des deux Championnats, d’Europe et du Monde. Août et septembre seront des mois chargés pour l’équipe de France Juniors. J’espère qu’on aura un maximum de coureurs qui prendront de l’expérience au niveau international. Nous sommes sur une saison courte, mais il n’y a pas de raisons que les coureurs ne puissent pas briller.

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