Vini Zabu' : « Repartir la tête haute »

Crédit photo Nicolas Berriegts - DirectVelo

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C’était l’une des attractions du Tour d’Eure-et-Loir. Bien qu'elle avait déjà pris le départ du Tour de Hongrie en milieu de semaine dernière, la formation Vini Zabu’ a pu aligner un second front, ce week-end, sur l’épreuve de Classe 2 française. De retour d’une suspension d’un mois à la suite de deux contrôles positifs en moins de douze mois, les commanditaires de Luca Scinto avaient préféré renoncer à leur invitation pour le Giro. Et ce malgré la suspension qui prenait fin le 6 mai, soit 48 heures avant le grand départ de Turin. Depuis cet instant, les Italiens ont eu le temps de digérer les derniers événements. "Le moral est assez bon. Jour après jour, c'est de mieux en mieux. L'équipe, c'est une entreprise de 39 personnes à payer, nous avons besoin de repartir la tête haute. Il faut penser aux athlètes et aux personnes qui travaillent", estime le directeur sportif de la ProTeam auprès de DirectVelo.

« LES COUREURS QUI FONT LEUR MÉTIER CORRECTEMENT L’ONT MAL VÉCU »

Contraint de suivre le Tour d'Italie à la télévision, Luca Scinto a préféré "respecter l'éthique", bien que ses coureurs auraient légalement pu prendre part à leur tour national. "Ce sont nous, manager et sponsor, qui avons pris la décision de ne pas aller au Giro. Les gens disaient n'importe quoi, il ne faut pas écouter les conneries qu'ils racontent. C'était la décision la plus juste et la plus respectueuse à prendre. Par la faute de deux personnes stupides qui ne méritent ni le respect ni leur place dans le vélo". Ces deux personnes s’appellent Matteo Spreafico et Matteo De Bonis. Leur contrôle positif a ainsi précipité la décision de se retirer de la course au maillot rose, et privé aussi le reste des coureurs de trois semaines en Grand Tour. "Les coureurs qui font leur métier correctement l'ont mal vécu mais le manager et le sponsor ont pris la bonne décision"

De son côté, l’organisateur du Tour d’Eure-et-Loir, Claude Montac, a vu un mail provenant de la formation italienne dans sa boite de réception. "Pour certains ça a été surprenant, mais c’est comme beaucoup d’équipes qui ont été privées de courses. Dès qu’ils ont pris leur décision, ils ont contacté de nombreuses épreuves, françaises notamment, pour poser leur candidature. Comme de notre côté, Nogent s’est désisté, on s’est dit pourquoi pas. Les Italiens sont venus spécialement de Vérone pour venir au Tour d’Eure-et-Loir, donc c’est bien". Car combler un trou de trois semaines dans le calendrier a été un long travail de recherche pour Vini Zabu’. "Le problème d'une équipe pro est d'être invitée aux courses. Nous avons un bon calendrier pour courir en France et ailleurs. Nous avons des courses 2.2 pour faire courir les jeunes, les faire progresser, je suis très content de travailler avec eux"

« C’EST DANS L’HISTOIRE DU VÉLO »

Mais voir les maillots verts s’inviter sur certaines épreuves pourraient perturber, voir frustrer quelques équipes ou acteurs du cyclisme. "Je demande simplement aux sportifs et aux gens le respect dont nous avons besoin. C'est facile de critiquer mais nous avons besoin de travailler", répond Luca Scinto. Claude Montac n’a quant à lui pas eu écho de plaintes. "Je comprends bien que ça puisse agacer certains, mais le dopage était le fait d’individualités, pas d’une équipe. L’équipe a été mise un mois à l’écart à cause de ces deux coureurs. Personne ne nous a parlé de la participation de Vini, personne ne s’en est étonné. Ils seront aussi à l'Alpes Isère Tour, ils cherchent des épreuves en Classe 2. Le DS m’a sollicité, on a eu l’opportunité, on les a pris".

Le technicien italien invite à ne pas avoir la mémoire courte. "C'est dans l'histoire du vélo, même ici en France il y a déjà eu plusieurs affaires de dopage. Il y a beaucoup de contrôles dans le vélo et quand des coureurs sont attrapés, c'est le signe qu’ils existent". Pour lui, continuer à bordurer sa formation après la suspension serait malvenu. "Si on raisonne comme ça pour toutes les équipes, y compris WorldTour et Continental, peu d'équipes pourraient courir. Il faudrait aussi faire des contrôles chez les Continentales qui ne sont pas soumises au même suivi que nous (ProTeam, NDLR). Nous ne sommes pas assurés que le coureur soit propre quand nous le prenons dans une Conti". Puis Luca Scinto conclut sur la responsabilité individuelle du coureur. "J’habite à 100 kilomètres des coureurs, je ne peux pas être sûr de tout ce qu’ils font. Le seul moyen de le savoir, ce sont les contrôles de l’UCI que nous payons". Vini Zabu’ est en tout cas bel et bien de retour dans les pelotons.

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