Le Tour PACA va « se battre jusqu’au bout »

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

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Les récentes annonces ministérielles ont jeté un froid sur l’organisation du Tour PACA. D’après les nouvelles consignes sanitaires, qui doivent prendre effet le 19 mai prochain, l’épreuve Juniors provençale ne devrait pas pouvoir accueillir plus de 50 participants par manche. Une situation incompréhensible pour Christian Lazarini, le Président du Comité de la région Sud PACA, qui conteste cette situation et compte bien avoir quelques 200 participants sur les deux premières manches du Tour PACA, les 22 et 23 mai prochains, à Saint-Etienne-les-Orgues (Alpes-de-Haute-Provence) et Saint-Bonnet-en-Champsaur (Hautes-Alpes). Entretien.

DirectVelo : Comment avez-vous accueilli les dernières annonces ministérielles, qui pourraient vous contraindre à n’accueillir que 50 coureurs sur les premières manches du Tour PACA Juniors ?
Christian Lazarini : Je les conteste. Cette jauge de 50 n’est valable que pour certaines épreuves. Elle ne s’applique pas pour des épreuves Élites ou pour des manches de Coupe de France. Or, notre épreuve n’est pas une épreuve départementale ou régionale, c’est un événement national voire même international puisque nous allons accueillir des équipes belge et italienne, voire espagnole. Nous voulons obtenir la même dérogation que les manches de Coupe de France, comme la Classique des Alpes qui nous suit au calendrier. D’un point de vue plus général, je ne comprends de toute façon pas que l’on nous limite à une jauge de 50 coureurs sur la voie publique. Le tout alors que l’on va ensuite passer directement à une jauge de 500. Où est la logique ?

« ON EST TOUS DANS L'INCOMPRÉHENSION »

Le Président de la Fédération Française de Cyclisme, Michel Callot, a lui aussi exprimé sa déception sur le sujet (lire ici)...
On a largement été soutenu par le Président de la Fédé, avec qui je me suis encore entretenu très récemment. Je tiens d’ailleurs à souligner que le récent communiqué publié par la Fédé a été induit par une récente visio avec tous les présidents de comités régionaux. On a eu un communiqué digne de ce nom, qui dit les choses comme elles devaient être dites. C’est bien. On est tous dans l’incompréhension d’une telle réglementation. Je ne suis pas médecin mais il y a des choses que je ne comprends vraiment pas dans les mesures mises en place.

Concrètement, à quoi pourraient ressembler les deux premières manches du Tour PACA ? Le statut de “coureurs prioritaires” peut-il vous aider à avoir un peu plus de 50 athlètes au départ ?
Des coureurs prioritaires, chez les Juniors, il y en a très peu. Et encore moins dans la grande région sud. Je passe mon temps au téléphone, tout le monde veut savoir où l’on en est. Les équipes sont dans l’attente. J’ai 200 partants de prévus pour ce premier week-end. Et on avait encore bien plus de demandes que ça mais on a voulu se limiter, non pas uniquement pour l’aspect sanitaire mais pour une question de sécurité également.

Vous comptez toujours accueillir ces 200 coureurs malgré la limite de 50 imposée ?
On pourrait faire des départs toutes les 30 secondes, avec quatre pelotons de 50 coureurs. Il n’y a aucune règle fédérale ou gouvernementale qui impose un écart minimum de temps entre deux départs. Ou alors je lis mal… Mais a priori il n’est pas interdit que nous puissions procéder de la sorte, à condition que les coureurs ne se croisent pas, comme c’est demandé. Or, en cyclisme, on ne se croise jamais, on se double. Je suis allé voir la différence dans le dictionnaire (sourire).

« ON APPLIQUE LE TEXTE »

Il n'y aurait donc qu'une seule course, et un seul classement ?

Oui. On compte faire quatre départs mais une seule course. Et, si on peut organiser de la sorte, un coureur qui partirait lors de la quatrième vague de départs doit pouvoir gagner la course.

Mais ce vendredi matin, Michel Callot nous a expliqué que "si le décalage permet d'éviter le regroupement et que chaque peloton a son propre classement, on est dans la règle"...
Encore une fois, je conteste ces nouvelles règles ignobles. Je garde mon interprétation et je vais tout faire pour pouvoir organiser dans les conditions décrites précédemment. 

N’avez-vous pas l’impression de jouer avec les mots, et les règles ?
Non. J’ai un texte et je me défends. On applique le texte si on procède de la sorte.

« SI ON A UN REFUS (...) ON ANNULERA »

Que va-t-il se passer désormais ? 
On va se battre jusqu’au bout, pour que tout le monde puisse venir. C’est important pour les jeunes. On est en pleine préparation de Paris 2024. On ne peut pas priver encore une fois ces jeunes de compétitions, alors que l’on se bat à 200% pour respecter les règles sanitaires. On va interdire à certains de courir ici alors qu’ils pourront faire la Classique des Alpes une semaine plus tard ? Où serait la logique ? Je veux essayer, je veux y croire. Maintenant, si les préfectures du 04 ou du 05 nous disent que l’on doit réapprendre le français…

Finalement, vous restez toujours dans le flou à maintenant dix jours de l’événement !
On est en République. Je conteste les règles et j’explique pourquoi. Je ne conteste pas le fait que d’autres épreuves puissent organiser avec 200 coureurs, que l’on soit bien d’accord. Tant mieux pour eux, vraiment. Mais il ne faut pas oublier qu’avant de faire le Tour de France ou Paris-Nice, il faut pouvoir passer par des épreuves comme le Tour PACA Juniors pour se révéler. Ce sont les champions de demain qui doivent venir courir chez nous. Pour autant, si j’ai un interdit, je baisserai cette fois-ci les bras, évidemment. Mais je me serai battu jusqu’au bout. Je le répète, on ira jusqu’au bout.

Quelle décision prendrez-vous si vous ne pouvez pas accueillir plus de 50 coureurs par manche ?
Nous sommes des hommes responsables. Si on a un refus pour avoir plus de 50 coureurs sur l'événement, on annulera les deux premières manches du Tour PACA.

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