Chambéry : Un peloton plus hétérogène que jamais ?

Crédit photo Robert Gachet / DirectVelo

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Nombreuses sont les cyclistes féminines à avoir attendu cette date du 18 avril avec grande impatience. Enfin, les filles de N1 vont pouvoir reprendre la compétition sur le Grand Prix de Chambéry (1.2), alors que beaucoup d’entre elles n’ont pas pu disputer la moindre compétition depuis le mois d’octobre dernier. Un énorme soulagement (lire ici) qui soulève tout de même des interrogations quant au spectacle qui pourrait être proposé ce dimanche. Car ces N1 vont affronter des concurrentes d’équipes étrangères, les filles du Stade Rochelais Charente-Maritime et les membres d’une équipe de France composée exclusivement d’athlètes qui appartiennent à des équipes UCI. Des filles, comme Léa Curinier (Team Arkéa), qui ont pu courir en ce début d’année, au contraire de leurs adversaires (voir la liste des partantes). Alors, faut-il craindre un peloton plus hétérogène que jamais ? “Ce sera hétérogène, c’est sûr. Mais je pense que ça l’est toujours un peu chez les filles, répond l’Ardéchoise. Si elles (les filles de N1, NDLR) ont été sérieuses à l’entraînement et qu’elles sont parvenues à rester motivées, il y aura quand même une belle course. Sur l’envie, ça peut passer”

Une situation que le sélectionneur national, Julien Guiborel, analyse comme suit : “La façon dont elles se sont entraînées jouera beaucoup. Dans tous les cas, ce sera compliqué pour celles qui ont peu couru, voire pas du tout. Mais je pense que le plaisir de retrouver la compétition, et la motivation, seront si forts que ça va donner une grosse force mentale à ces filles-là, et ça devrait leur permettre de s’accrocher”. Le mental pourrait donc jouer un grand rôle. Mais certaines semblent partir de loin, à l’image de Marine Allione. “Depuis octobre, je n’ai pas pu courir… Je ne suis pas confiante du tout. Plein de filles ont couru en UCI depuis février et nous, on n’a rien fait du tout. J’ai fait un stage avec les filles du Stade Rochelais il y a deux semaines et j’ai bien senti qu’elles étaient en pleine bourre contrairement à moi. Sur le coup, ça m’a démotivée, concède la licenciée du VC Morteau-Montbenoit. Elles parlaient des courses qu’elles venaient de faire ou qu’elles allaient disputer. Et moi, je n’avais rien… C’était difficile à encaisser. Mais je me suis ressaisie depuis et ça va mieux maintenant !”, assure-t-elle tout de même.

NE PAS SE BLOQUER

“Je pense qu’il y aura une énorme différence entre les filles qui ont pu courir et les autres. Encore plus que d’habitude”, promet pour sa part Justine Gegu. L’athlète du Team ELLES Groupama-Pays de la Loire est notamment impressionnée par la composition de l’équipe nationale. “Avec des filles comme Gladys (Verhulst) qui a fait 4e en Belgique (au Samyn, NDLR), ça va donner. Heureusement qu’il y aura l’Amstel Gold Race le même week-end, ça nous sauve un peu la mise !”. Mais la motivation reste totale. “On y va pour se faire plaisir, avec l’envie de retrouver cet esprit de compétition. Rien que le fait de savoir qu’on va partir courir, c’est un régal ! Je suis hyper motivée”.

Et voilà bien un aspect sur lequel Julien Guiborel souhaite insister : la façon dont les filles de N1 aborderont cette épreuve sera primordiale. “J’espère qu’elles ne vont pas se bloquer, en décidant de simplement rester dans les roues le plus longtemps possible. Il faudra qu’elles aillent de l’avant et qu’elles soient offensives. Sur un circuit comme celui-là, si personne ne bouge et que les filles sont simplement attentistes, ça ne va faire que sauter par l’arrière, mais ça n’a pas grand intérêt”, assure le technicien savoyard, qui espère voir des filles avec du tempérament sur cette boucle difficile. “L’organisateur voulait corser le parcours. Dans un contexte normal, pour un mois d’avril, ça aurait été très bien. Il n’est pas revenu dessus pour des raisons que l’on comprend très bien : il était déjà difficile d’avoir les autorisations et il a fallu modifier le parcours en raison de travaux. Il était difficilement envisageable de faire encore d’autres modifications, mais c’est sûr que ça complique encore la tâche des filles qui feront leur rentrée”

FAIRE LA COURSE… QUITTE À NE MÊME PAS LA TERMINER

Sociétaire de l’UVCA Troyes, Mathilde Demontreuille se pose aussi pas mal de questions avant sa reprise. “J’appréhende un peu, je ne sais pas où me situer, je n’ai pas couru, je n’ai pas de rythme par rapport aux filles qui courent tous les week-ends. Ça va être un chantier, reprendre sur un circuit comme celui-là va être compliqué…”. Pour autant, la Championne de France Juniors du contre-la-montre en titre compte bien suivre les conseils de Julien Guiborel. “J’aime courir devant. Je ne peux pas attendre un sprint ou autre. Je ne suis pas à l’aise dans le peloton. Il faudra rester placée et si je peux tenter quelque chose, je le ferai. Mais il faut avoir les jambes ! Si je suis devant et qu’ensuite je pète…. Au moins, j’aurai tenté”.

Et à Julien Guiborel de conclure, dans ce sens : “Il faut que les filles prennent le départ en se disant qu’elles doivent donner le meilleur d’elles-mêmes en se faisant plaisir. Si elles arrivent dans le but de suivre, elles ne vont faire que subir. Beaucoup de ces filles de N1 espèrent se faire repérer par une équipe UCI. Pour y parvenir, elles doivent se montrer et être offensives. En restant dans les roues pour aller gratter une 30e place, ça ne marche pas. Ce n’est pas de cette façon-là que l’on marque des points et que l’on tape dans l'œil d’une équipe”. Le discours est clair et tranché : Mesdemoiselles et Mesdames, faites-vous plaisir et soyez offensives. “Il faudra faire la course quitte à ne même pas finir l’épreuve. Ce n’est pas le plus important dans ce contexte actuel qui est si spécial. Il faut faire des efforts intenses qui permettront de rebondir plus tard dans la saison, avec un plus grand nombre de jours de course dans les jambes et une meilleure condition physique. Il faut s’adapter”

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