Frustrés et fatalistes, les coureurs ont été pris de court à Varennes

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

Samedi dernier, la Nièvre s’est ajoutée à la liste des départements une nouvelle fois confinés. Une décision politique lourde de conséquences pour les organisateurs du Prix de Varennes-Vauzelles, qui ont été contraints d’annuler leur épreuve le jour même de la course, sur ordre du préfet. “J’ai d’abord cru à une blague (...) Tout le monde est écoeuré”, confiait Michel Fiévet - le président du CC Varennes-Vauzelles -, dimanche après-midi (lire ici). Les 145 coureurs engagés sur l’épreuve d’un jour ont, eux aussi, été pris de court. “Je me suis levé à 7h pour rejoindre les gars à Bourg-en-Bresse. J’avais deux heures de route. J’ai rejoint quatre-cinq autres coureurs du club et on a pris la route pour Varennes, en camion. On a appris que c’était annulé alors que nous n’étions plus qu’à trente minutes d’arriver sur place, raconte pour DirectVelo Mathias Piron, de Bourg-en-Bresse AC. On venait déjà de se taper 2h30 de route, sans compter la partie que j’avais moi-même faite en amont pour rejoindre le club”, souffle-t-il. Une situation qu’ont connu tous les athlètes engagés sur la course, entre surprise et fatalisme, à l’image de Thibault D’Hervez. “Après Saint-Étienne, on voulait enchaîner le dimanche, comme c’était sur la route. On n’était pas sûr que ça puisse tenir mais on a pris un hôtel à Bourges, au cas où. Le matin, on est parti sur le lieu du départ et à 20 minutes d’y arriver, on a appris que c’était annulé”, explique le coureur de Côtes d'Armor-Marie Morin-U. 

« J’AVAIS DU MAL À CROIRE QUE ÇA PUISSE COURIR »

Avec une annulation aussi tardive, toutes les équipes étaient d’ores-et-déjà sur la route au moment d’apprendre la mauvaise nouvelle. Les coureurs de Laval Cyclisme 53 avaient même déjà eu le temps de faire un tour sur le circuit de l’épreuve. “Le staff avait trouvé cette course sur la route du retour de Saint-Etienne, ça nous faisait un petit détour. On a dormi à Nevers le samedi soir. Le dimanche matin, on a fait un petit tour de vélo sur le circuit, pour repérer, vers 9h30, 10h. Personnellement, vu la situation dans la Nièvre, j’avais du mal à croire que ça puisse courir mais quand on a vu les bénévoles installer les barrières pendant la reco, j’ai fini par me dire que ça allait courir”, explique l’ancien professionnel Justin Mottier. “On est rentré à l’hôtel, prendre le déjeuner, puis à cinq minutes de repartir, Fabien Rondeau a vu un message sur les réseaux sociaux annonçant l’annulation”.

Maxime Gressier, coureur au Paris C.O, a d’abord eu du mal à croire à cette annonce. “Un gars de Villefranche a appelé Baptiste (Didier) sur la route pour lui dire que c’était annulé. Franchement, sur le coup, on a cru que c’était une connerie, moi le premier. On a appelé l’organisation qui nous a confirmé que c’était cuit. Putain… C’était chaud… J’ai appelé le DS qui était dans un autre véhicule et on s’est tous retrouvé sur l’aire de repos suivante pour faire le point”. Car toutes les formations se sont ensuite retrouvées face au même dilemme et à une question identique : que faire ? “On venait de prendre la route depuis Moulins, où l’on avait passé la nuit. On est rentré chez nous, chacun a fait sa sortie individuelle. Il y avait de la frustration, c’est sûr, mais il faut faire avec. C’est le préfet qui décide… Les organisateurs sont aussi déçus que nous, ils n’y sont pour rien. Ils doivent être dégoûtés…”, synthétise Damien Girard, du CC Nogent-sur-Oise.

« ON A PASSÉ NOS NERFS SUR LE VÉLO »

“On n’a même pas réfléchi, ni essayé d’appeler l’organisateur car on s’est dit qu’il devait déjà être harcelé de coups de fil. On a pris la route direction la Bretagne… Vu la route qu’il nous restait à faire, on n’avait pas le temps de rouler”, lâche pour sa part Thibault D’Hervez, triste de la situation. “Ce n’est pas possible que le préfet attende le dernier moment… C’est dur, surtout pour l’organisateur. C’est même un manque de respect. Cela dit, on se doutait que ça pourrait être annulé vu les dernières nouvelles”. Justin Mottier a vite tenté de relativiser la situation, en étant d’abord peiné pour son club, plus que de sa propre situation. “On s’est demandé quoi faire, s’il fallait rouler ou non, mais finalement on est rentré. Ça fait chier surtout pour le club car on a payé une nuit d’hôtel pour rien alors qu’on aurait pu rentrer chez nous. C’était une perte de temps pour tout le monde, c’est dommage. Mais bon, c’était sur la route… Ce n’est pas comme si on avait fait l’aller-retour exprès non plus”, résume celui qui a tout de même vu son coéquipier Tom Baubry faire la route spécialement pour l’événement, avec son père, la veille de la course. “Ils sont arrivés à l’hôtel samedi à 21h. Ils ont fait la route pour rien, ça fait chier pour eux”.

D’autres équipes, comme Bourg-en-Bresse AC, ont opté pour une sortie collective, sur la route. “On a repéré un endroit où s’arrêter sur le chemin du retour, on nous a déposés et on a fait les 110 derniers kilomètres jusqu’à Bourg-en-Bresse en vélo, détaille Mathias Piron. Forcément, ça fout quand même les boules. On s’est tapé un déplacement et de la fatigue pour rien. Au final, ça m’a fait une longue journée, j’ai fait quatre heures de vélo car j’ai rallongé la sortie collective. Je suis rentré à la maison vers 20h, presque aussi cramé que si on avait couru”. Du côté du Paris C.O, on a roulé et on s’est même tiré la bourre pour évacuer la frustration. “On a décidé de rentrer en vélo, tous ensemble, ce qui nous a fait une sortie de 120 bornes. On s’est fait la course, à sept ! On est parti pied au plancher, on s’attaquait (sourire). On a bien bourinné. C’est bien, ça nous a permis de nous vider la tête car sur le coup, on était tous blasés”, relate Maxime Gressier, qui ajoute que sur le coup, au moment d’apprendre l’annulation, “plus personne n’avait envie de rien”. Avant de vite passer à autre-chose, malgré tout. “On a passé nos nerfs sur le vélo”, se marre celui qui avait tout de même du mal à croire à la bonne tenue de la course suite à l’annonce du confinement de la Nièvre, avec mise en application la veille. “Je me suis douté que ce serait tendu… Mais il y avait eu l’autorisation, alors on est parti serein. Au final, on a dépensé de l’argent pour aller sur la course, pour rien”.

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