Cyril Lemoine : « J'avais peur de manquer de fraîcheur »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Cyril Lemoine est au cœur de sa dix-septième saison professionnelle. En 2005, il était déjà sur les routes d’un Tour des Flandres remporté par Tom Boonen devant Andreas Klier et Peter Van Petegem, une semaine avant de découvrir un Paris-Roubaix là aussi remporté par « Tommeke ». Pas de quoi rajeunir celui qui portait alors le maillot du Crédit Agricole, et qui a depuis couru chez Skil-Shimano, Saur-Sojasun puis Cofidis, avant de rejoindre la B&B Hôtels p/b KTM cet hiver. Et à 38 ans, le Tourangeau est toujours présent sur ces Classiques qu’il aime tant et qu’il connaît désormais par cœur. Ce vendredi, c’est sur les routes de la Bredene Koksijde Classic (1.Pro) qu’il a pris ses marques en allant chercher une encourageante place dans le Top 10 (voir classement). De quoi concrétiser le bon travail effectué depuis l’Etoile de Bessèges, lui qui totalise déjà 20 jours de course en 2021. Entretien.

DirectVelo : Tu n’es pas souvent dans les Tops 10 !
Cyril Lemoine : Non, c’est sûr ! (troisième Top 10 depuis l’été 2015, NDLR). J’ai l’habitude de travailler pour les leaders de l’équipe. Cette fois-ci, j'ai eu ma chance et j’ai réussi à faire un bon résultat, c’est cool. Je me doutais qu’on allait arriver en petit comité au sprint. Vu le vent qu’il y avait dès le départ, ça allait forcément bouger et casser…

« IL NE FALLAIT PAS AVOIR DE REGRETS »

Tu t’es longtemps retrouvé en second rideau…
J’étais mal placé au moment de la première ascension du Mont Kemmel et je me suis clairement loupé à ce moment-là. Alors sur la deuxième montée du Kemmel, j’ai fait l’effort pour être bien placé au pied et j’ai même pris l’initiative d’accélérer pour essayer de faire la jonction avec l’avant de la course. C’est de cette façon-là qu’un deuxième groupe s’est créé. On a mis du temps pour rentrer. J’ai même cru, à un moment donné, que l’on ne reviendrait pas, mais heureusement nous étions parfois huit-neuf à bien passer des relais et j’ai moi-même été généreux dans mes relais. D’ailleurs, c’est peut-être ce qui m’a coûté d’avoir encore du jus sur la fin, mais il fallait faire l’effort pour rentrer. Le fait de rentrer tard était tout de même un mal pour un bien car ça a évité d’avoir trop d’attaques dans le final.

Si tu as beaucoup roulé dans le final, c’est aussi parce que tu étais le seul représentant de la B&B Hôtels encore capable de jouer un rôle majeur dans la course…
Oui, je me suis retrouvé isolé, sans coéquipiers, à partir de mon accélération dans le Kemmel. Je n’ai pas calculé mes efforts, il fallait rouler. Et si on passait à la trappe, tant pis. Mais il ne fallait pas avoir de regrets.

Avec déjà vingt jours de compétition au compteur depuis le début de la saison 2021, tu fais partie des dix coureurs qui ont le plus couru dans le peloton international !
Je sens que Paris-Nice m’a fait vraiment du bien, même si je l’ai terminé usé. J’ai souvent des problèmes de bronches à cette période et ça n’a pas loupé : j’ai eu du mal lors des dernières étapes, j’avais les bronches bien prises. Au terme de ce Paris-Nice, j’avais quelques doutes quant à mes capacités de récupérer rapidement. Je ne savais pas comment j’allais être ici en Belgique. J’avais peur de manquer de fraîcheur, mais finalement ça allait. Il ne reste plus qu’à bien enchaîner.

« JE SUIS PARTI POUR TOUT FAIRE »

Car de gros rendez-vous t’attendent encore dans les semaines à venir !
Je dois faire La Panne mercredi prochain, puis Gand-Wevelgem le week-end suivant, puis À travers les Flandres, le Tour des Flandres, le Grand Prix de l’Escaut et enfin Paris-Roubaix.

Un sacré programme ! N’est-ce pas même trop ?
C’est vrai que je suis parti pour tout faire. Quand j’ai vu ça dans le programme que j’ai reçu récemment, j’étais un peu surpris (sourires). Je ne m’attendais d’ailleurs déjà pas à être présent à Bredene aujourd’hui (vendredi). Je vais en discuter avec l’équipe pour peut-être faire sauter une course ou deux. Si ce n’est pas le cas, il faudra que j’essaie de ne pas m’employer à 200% sur chaque course de la période, jusqu’à la ligne d’arrivée… Sinon, je risque de finir sur les rotules à Roubaix. Je ne vais certainement pas me plaindre car c’est une chance de pouvoir courir, et je suis vraiment satisfait de cette nouvelle expérience chez B&B Hôtels (après sept saisons chez Cofidis, NDLR). Mais je vais devoir bien jongler entre tout ça et me gérer au maximum pour garder un poil de fraîcheur jusqu’au bout.

On imagine qu’à 38 ans, tu as l’habitude de ce type de situation ?
Oui mais justement, ce qui me fait peur, c’est qu’il m’est déjà arrivé de finir vraiment usé sur les dernières Classiques du printemps. Chacune de ces courses est spéciale et très intense, tant physiquement que mentalement, car ça demande une concentration de tous les instants. Il n’y a jamais le moindre temps mort. C’est particulier. Mais on va discuter avec l’équipe pour voir si j’enchaîne toutes les courses.

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