Pierre Gautherat : « Je n’avais pas peur »

Crédit photo Noémie Morizet

Crédit photo Noémie Morizet

Désormais Junior 2, il disputait sa première course de l’année, ce dimanche, au Grand Prix d’Onjon. Et quelle première course ! Pierre Gautherat a décroché la victoire sur l’épreuve Toutes Catégories, dans un final mouvementé (voir classement). Et ce malgré la présence de grosses formations de N1. "Ça fait vraiment plaisir de gagner une Toutes Caté sur la première course de l’année. La première victoire est la plus dure à décrocher. La saison dernière j'avais gagné à la reprise d'août mais face à un tel plateau c’est une grande satisfaction". Le coureur du VC Dolois y a mis la manière, puisqu’il a fallu faire la course par l’avant après avoir évité les faits de course. "Il y a eu une chute en début de course. C’est là où les hostilités ont commencé, ça a coupé le peloton, avec des bordures, etc".

Puis un groupe conséquent d’une quinzaine d’unités se dégage à mi-course. Pierre Gautherat est d’abord discret. "Je pensais qu’on les reprendrait. Finalement ils ont pris de la marge, et un contre est sorti, j’en ai profité pour accompagner et on est rentré à quatre sur le groupe de tête". Un contre où il a notamment accompagné l’ancien professionnel, Léo Vincent (CC Etupes). "Personne d’autre n’est revenu. Les DN étaient devant, je me doutais que ça ne reviendrait pas. Les routes étaient des longues lignes droites avec du vent. J’avais lâché des cartouches mais je savais que ça allait au bout". Le groupe de tête se déchire dans les 20 derniers kilomètres, puis Tom Dernies (Dunkerque Grand Littoral-Cofidis) sort dans la bosse de fin, accompagné de Vojtech Sedlacek (CC Etupes)… et Pierre Gautherat, qui dispose finalement de ses adversaires au sprint.

« PAS EU DE GROSSES CLASSIQUES COMME J’AIME »

Pour construire ce succès, le coureur de 18 ans a dû être malin face aux grosses N1, comme Etupes et Dunkerque. "Je n’avais pas peur mais il fallait que je joue tactiquement. En essayant de réfléchir à comment allait se passer la fin. Je me sentais vraiment bien, j'en ai même fait un peu trop je pense". Pierre Gautherat avait prévu un scénario semblable à celui de dimanche, et son entraîneur l’avait déchargé de toute pression. "J'en avais parlé avec mon entraineur qui m'a dit « première course tu ne te poses pas de questions, pas de calculs ». Donc à la fin c'était sauve-qui-peut. Tout le monde avait mal donc il ne fallait pas se poser de questions, j'ai gagné comme ça". Il signe ainsi un deuxième succès en Toutes Catégories, après avoir gagné le Critérium de Sélestat, lorsqu’il était Junior 1. "Ce n’est pas le même sentiment qu’Onjon où je reviens, je repars de l'échappée, et je fais un final presque parfait. Pour moi c'est ma plus belle".

De plus, Sélestat s’était conclu au sprint massif, avec un plateau moins impressionnant que celui de ce dimanche. De quoi entrevoir de beaux derniers mois chez les Juniors pour Pierre Gautherat. "J’ai des grosses ambitions cette année. 2020 ne s’est pas passée comme je le souhaitais. On n’a pas eu de Paris-Roubaix ou de grosses Classiques comme j'aime, j'avais misé ma saison dessus". Même s’il tempère son amertume sur l’année précédente, lui qui a pris la deuxième place d’une étape de la Philippe Gilbert Juniors. "2020 n'a pas été ratée, j’ai eu des bons résultats, mais le vélo, c'est aussi faire ce que j'aime, ce n’est pas que gagner. Les Classiques m'ont manqué. Là encore, on en a qui sautent. Roubaix est la plus belle pour moi, j'espère qu'elle ne sera pas annulée".

« J’AI UN GABARIT DE SPRINTEUR »

D’ici là, Pierre Gautherat pourrait donc renouveler l’expérience avec les Elites. "Ça court autrement qu'en Juniors. C’est très tactique, ça frotte mieux, les gars sont plus forts, tu peux partir en échappée et être repris deux minutes après parce que des équipes sont organisées. On progresse plus vite avec les première caté, même si c'est important de courir en Junior". Pour capitaliser à nouveau sur le travail réalisé avec Jacques Decrion cet hiver, surtout axé sur sa pointe de vitesse. "On a fait un très gros bloc pour bien bosser le sprint. C’est important de bosser ses qualités, j’ai un gabarit de sprinteur de base. J’ai aussi bossé mes points faibles comme la montagne. Je savais au départ d'Onjon que j'avais la forme, la semaine avant on était avec AG2R Citroën U19, donc on a fait un gros bloc de travail. Mais de là à gagner je n'y pensais pas". Pierre Gautherat devrait s’aligner au Prix de Chaumont ce dimanche pour tenter le coup double, avant de rêver aux pavés roubaisiens rapidement.

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