Sauvée de justesse, la Bingoal Casino-Chevalmeire ne veut pas être anonyme

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

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Cette saison, il y a quatre équipes UCI féminines belges, toutes Continentales : Lotto-Soudal Ladies, Multum Accountants-LSK Ladies, Doltcini-Van Eyck-Proximus et la dernière enregistrée de justesse, Bingoal Casino-Chevalmeire. La formation belge doit son maintien à l'arrivée en dernière minute du partenaire, Bingoal-Casino. "Sans ça, nous aurions peut-être dû continuer en tant qu'équipe de club. Mais en raison des mesures supplémentaires de l'UCI - nous devons maintenant compter au moins cinq professionnelles - la situation n'était plus viable financièrement. Fin octobre, j'ai rencontré les gens de Bingoal et l'accord a été conclu en quelques heures. J'ai pu ainsi envoyer les documents à temps à l'UCI'', explique le manager Davy Wijnant à DirectVelo. Une situation délicate qui ne l'a pas empêché de conserver la majeure partie de son effectif, à part Febe Schokkaert partie chez S Bikes-Doltcini et Roxane Fournier recrutée par SD Worx.

ÊTRE LA MEILLEURE CONTI BELGE

Maintenant, Davy Wijnant peut se concentrer sur l'aspect sportif. En ce début de saison, l'équipe est privée de deux éléments forts, à savoir Kelly Van den Steen et Rossella Ratto, toutes les deux blessées (lire ici). "Deux coureuses sur lesquelles je comptais pour le printemps. Pour Kelly, c'est dommage car elle doit prouver cette année qu'elle mérite sa place au niveau professionnel. Rossella Ratto, je l'attends plus sur les classiques vallonnées. On verra comment va se passer leur guérison. On va prendre le temps de bien faire les choses. La saison sera longue. Si on doit faire sans elles, on pourra les retrouver plus tard dans la saison." Une campagne qu'il envisage en deux volets. Tout d'abord, les classiques du début de saison. "Nous aurons un programme exceptionnel. Nous serons présents sur toutes les courses UCI belges du calendrier, de l'Omloop Het Nieuwsblad, disputé samedi dernier, jusqu'à Liège-Bastogne-Liège". Seul petit regret, la non-sélection pour Paris-Roubaix. "Je pense qu'on avait des atouts pour y aller, comme Thalita De Jong qui avec son expérience du cyclo-cross aurait pu faire une bonne prestation. Ce n'est pas grave, à nous de convaincre ASO de nous sélectionner l'an prochain". Et la suite de la saison ? "Il faudra faire tourner l'équipe. On ne pourra pas aligner tout le monde à la fois. Ce sera l'occasion de donner une chance aux plus jeunes de l'équipe. Je pense naturellement à des manches de la Lotto Cycling Cup, par exemple".

Que faut-il attendre de son équipe ? "Une chose est sûre : nous n'allons pas courir de manière anonyme mais rivaliser avec les grosses équipes comme SD Worx n'est pas possible". A l'Omloop Het Nieuwsblad, samedi dernier, Claudia Jongerius a pris l'échappée. Mardi, au Samyn des Dames, Natalie Van Gogh a fini 16e. "Mais cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas avoir de l'ambition". Et Davy Wijnant en a, même s'il n'est pas adepte des grandes déclarations, il espère secrètement voir son équipe s'imposer comme la meilleure équipe Continental du pays. "J'espère que mon mix entre coureuses belges et néerlandaises fera la différence. Sur le papier, nous avons un effectif de qualité avec beaucoup de filles ayant déjà montré des choses au plus haut niveau."

« ELLE DOIT FAIRE PARLER D’ELLE »

Plongé dans le milieu du cyclisme féminin depuis plus de dix ans, Davy Wijnant est passé entre autres par Topsport Vlaanderen-Pro-Duo, Experza-Footlogix et maintenant Bingoal Casino-Chevalmeire. L'homme de 44 ans a vu des coureuses défiler, mais peu de Belges ont réussi au plus haut niveau. Une situation qui l'agace. "On nous rabat toujours les oreilles avec les Pays-Bas, mais nous faisons également du bon boulot en Belgique. Je dirais même que la fédération belge investit davantage. Le sélectionneur Ludwig Willems organise toutes sortes de stages durant l'année. Il y a tout ce programme de détection. Le problème, c'est la mentalité. Elles veulent tout immédiatement. Elles veulent du bon matériel, un contrat pro alors qu'elles n'ont encore rien prouvé. Je généralise mais c'est souvent ainsi. Une coureuse néerlandaise va s'investir davantage dans sa carrière, partir d'elle-même en stage à l'étranger par exemple. Elle rechigne moins à la tâche. Une fois qu'on pourra faire rentrer ça dans le crâne de nos Belges, on pourra passer un cap. C'est d'autant plus râlant qu'il y a beaucoup de talents en Belgique. Je ne peux pas croire que les filles de l'autre côté de la frontière soient meilleures que nous."

Par conséquent, les jeunes Belges seront attendues au tournant, comme Nathalie Bex. A 22 ans, elle n'a pas encore confirmé son potentiel qui lui a permis de remporter en 2016, chez les Juniors, Gand-Wevelgem en Coupe des Nations, et de faire le doublé au Championnat de Belgique, course en ligne et contre-la-montre. "Il est temps de montrer qu'elle mérite de faire carrière. Elle a été victime de surentraînement en 2019. Elle a mis du temps pour revenir au niveau. En 2020, elle n'a pas su beaucoup se montrer à cause du coronavirus. En 2021, elle doit faire parler d'elle", met-il en garde. Il compte aussi beaucoup sur celle qu'il annonce comme la révélation de la saison, Justine Ghekière (24 ans). "Je peux vous assurer qu'elle a un sacré potentiel quand je vois ses tests à l'effort. Elle fera rapidement parler d'elle. Peut-être pas au début car elle doit s'adapter à ce nouveau monde".

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