Drôme Classic : le surnombre a fait la différence

Crédit photo Aurélien Regnoult / DirectVelo

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Comme pressenti et espéré, il y a eu du suspense et du spectacle, ce week-end, à l’occasion des Boucles Drôme-Ardèche. Mais contrairement à samedi, sur la Faun Ardèche Classic, où un duel franco-français a opposé David Gaudu (Groupama-FDJ) à Clément Champoussin (AG2R Citroën Team) dans la ligne droite finale, aucun athlète tricolore n’est monté sur le podium final, dimanche, à l’occasion de la Royal Bernard Drôme Classic (voir classement). Les Français ont pourtant fait la course tout au long des 176,9 kilomètres tracés autour d’un nouveau lieu de départ et d’arrivée, à Eurre. Deux coureurs français de Continental ont d’abord pris part à la longue échappée du jour. Après avoir été particulièrement à la peine la veille, les équipes St-Michel-Auber 93 et Xelliss-Roubaix Lille Métropole tenaient à se montrer (plus) à leur avantage. “Ça a bagarré pendant 15-20 kilomètres. J’avais dit au DS que je voulais être devant, comme Ivan Centrone. On a essayé d’y aller chacun notre tour. Puis je me suis retrouvé devant, dans un groupe de quatre, et ça a fait rideau”, expliquait Samuel Leroux à DirectVelo après l’arrivée. Chez les Franciliens de St-Michel-Auber 93, la tactique était la même que celle de leurs compères nordistes : attaquer à tour de rôle pour être sûr d’être représenté à l’avant. “C’est moi qui ai lancé l’offensive. Dès qu’on a tourné à l’épingle, il fallait y aller, je savais que ça allait sortir à ce moment-là. Je suis arrivé de derrière et ça l’a fait”, relatait pour sa part Yoann Paillot, qui a également pu profiter du travail de ses quatre coéquipiers en tête de peloton, lesquels ont fait rideau pour dissuader d’autres coureurs de relancer. 

LES CONTI N’ONT PAS LOUPÉ L'ÉCHAPPÉE


Samuel Leroux et Yoann Paillot ont ainsi passé une bonne partie de l’après-midi à l’avant de la course, en compagnie de Mathijs Paasschens (Bingoal-WB) et de Reto Müller (Swiss Racing Academy). Sous un beau ciel bleu et par une quinzaine de degrés, le quatuor a compté jusqu’à près de dix minutes d’avance sur un peloton longtemps contrôlé par l’équipe EF Education-Nippo. “Avec une telle avance, on se disait que c’était pas mal. Mais on savait aussi que ça pouvait vite se reprendre dans les bosses du final”, concède Samuel Leroux. Alors, une fois à l’approche de cette partie décisive, Yoann Paillot a décidé d’en remettre une couche. “Il a accéléré dans le long col et il nous a vraiment fait mal”, témoigne Samuel Leroux. Yoann Paillot explique : “le circuit était beaucoup plus facile que les autres années, ce qui permettait de garder de l’énergie à l’avant, à quatre. Il fallait bien gérer l’approche de la dernière boucle. Puis j’en ai remis pour essayer d’accrocher les bons wagons dans le final, lorsque ça allait revenir”. Les deux Français ont alors lâché leurs deux autres compagnons d’échappée. “J’ai quand même été surpris de voir le peloton revenir aussi vite. J’espérais aller plus loin mais j’ai commencé à toxiner”, ajoute le Charentais.

Une fois les valeureux attaquants repris, c’était donc aux coureurs les plus solides du peloton de jouer. L’enchaînement des dernières difficultés du parcours, souvent courtes, parfois raides, avec notamment l’habituel Mur d’Allex et ses pourcentages terribles, ont donné des idées à bon nombre de coureurs. Présente en nombre en fin de course, l’équipe AG2R Citroën a voulu durcir la dernière heure de course via les accélérations de Nans Peters. “C’était un final très nerveux avec plein de petits taquets. Il n’y a pas eu une grande sélection dans la Grande Limite et les Roberts, regrettait-il à chaud. On était encore 40 dans le dernier passage du mur d’Allex. Il y a eu pas mal d’attaques dans tous les sens. Mais il y avait surtout les Deceuninck qui ont super bien couru”, concède Nans Peters, qui cite notamment l’offensive de son compatriote Rémi Cavagna, lauréat en Ardèche l’an dernier et qui a tenté sa chance dans les parties difficiles, avant de se lancer dans un numéro en solitaire en faisant parler toute sa puissance. “Je connaissais un peu le final, même s’il a changé. Les jambes reviennent petit à petit, ça m’a rassuré”, résumait brièvement l’Auvergnat, qui a parfaitement préparé le terrain avant la future attaque décisive de son coéquipier italien Andrea Bagioli.

WARREN BARGUIL A ESSAYÉ

Entre-temps, Warren Barguil - 2e de l’épreuve l’an passé - a plusieurs fois tenté sa chance. Dans les ascensions comme lors des quelques légers moments de répit, sur des portions planes. “J’ai été offensif. Malheureusement, ça ne l’a pas fait. Les Deceuninck étaient souvent en surnombre”, insiste le Breton, lui aussi. Comme l’a souligné, entre autres, Daryl Impey après l’arrivée (lire ici), le coureur d’Arkéa-Samsic considère pareillement que la force collective et le surnombre de la Deceuninck-Quick Step ont fait la différence. Ainsi, lorsqu’Andrea Bagioli s’en est allé, l’ancien meilleur grimpeur du Tour de France 2017 avait déjà beaucoup donné. “Les Deceuninck avaient toujours quelqu’un dans les coups. Moi, je n’avais plus que Max (Bouet) et Antho (Delaplace) avec moi, on a fait ce qu’on a pu. On a essayé de suivre les coups mais quand on use des cartouches à 40 bornes de l’arrivée, c’est compliqué d’être encore là dans le final”.

Si Warren Barguil et Nans Peters se montraient frustrés après l’arrivée et promettaient être venus uniquement pour jouer la victoire, Samuel Leroux et Yoann Paillot se voulaient, à l’inverse, ravis de leur journée. “Le parcours n’était pas trop à notre convenance mais on a fait du bon travail. Sur des journées comme celle-là, on n’a qu’une chose à faire, c’est prendre les échappées”, synthétise Samuel Leroux. Pour sa part, Yoann Paillot avait le sentiment d’avoir “une revanche à prendre” après la triste prestation de son équipe samedi, en Ardèche, puisqu’il avait été le seul représentant de la Conti francilienne à terminer la course. “On a montré le maillot et on a fait de la télé, c’était très important. On voulait finir le mois de février en beauté”

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Portrait de Warren BARGUIL
Portrait de Rémi CAVAGNA
Portrait de Samuel LEROUX
Portrait de Yoann PAILLOT
Portrait de Nans PETERS