Serge Pascal : « Il faut savoir s'arrêter »

Crédit photo Sylvie Rattalino

Crédit photo Sylvie Rattalino

Serge Pascal passe la main. Après 16 années à la tête du Tour du Haut-Var, devenu le Tour des Alpes-Maritimes et du Var en 2019, il va laisser les clés du camion au groupe Nice-Matin. Le premier vice-président du Comité Sud PACA et responsable de l’OCCV Draguignan revient pour DirectVelo sur l'édition 2021 remportée par Gianluca Brambilla, ses souvenirs, les trois dernières années de co-gestion avec Nice-Matin et évoque son futur.

DirectVelo : Comment as-tu vécu cette dernière édition du Tour des Alpes-Maritimes et du Var ?
Serge Pascal : Je ne l’ai pas très bien vécue. Je sentais que le bébé m’échappait. Chaque fois qu’on me parlait, j’avais l’angoisse qui montait. Je n’arrivais pas à développer mes propos, jeudi, lors de la réunion des directeurs sportifs. Les DS m’ont applaudi. Je n’ai pas voulu monter sur les podiums. Mais il y a eu une très belle édition. La météo a été magnifique et le plateau exceptionnel. Il y avait de beaux parcours. Tout s’est bien passé au niveau de la sécurité avec des motos de gendarmes supplémentaires.

Est-ce que c’était différent pour toi depuis que Nice-Matin a repris la course ?
Pas du tout car c’est moi qui ai voulu ça. J’avais toute mon équipe de bénévoles pendant deux ans avec Nice-Matin. Pour cette dernière édition, ils ont mis leur équipe pour voir comment ça fonctionnait. C’était une initiative prise par Nice-Matin, une très bonne solution. J’ai pu corriger quelques bêtises. Ils m’ont bien écouté. En revanche, les prestataires étaient restés les mêmes. C’était dans le deal. J’ai refait ce que Moïse Puginier (l’ancien organisateur, NDLR) m’a inculqué lorsque j’ai repris l’épreuve. 

« JE PERDAIS CINQ KILOS UNE FOIS LA COURSE PASSÉE »

Pourquoi avais-tu cédé la course au groupe Nice-Matin ?
Deux ans avant la 50e édition (qui a eu lieu en 2018, NDLR) et l’arrivée dans mon village de Flayosc, j’ai cherché des repreneurs. Var-Matin (qui fait partie du groupe de Nice-Matin, NDLR) faisait la communication de mon épreuve depuis plus de dix ans. Ils étaient parties prenantes. Je me sentais redevable. J’étais en contact avec la responsable événement de Var-Matin. J’ai demandé à rencontrer le PDG du groupe Nice-Matin. J’ai posé mes conditions. J’ai su par des contacts que le journal La Provence et Karma Sport étaient intéressés, mais je n’ai pas eu de discussions avec eux. 

Qu’est-ce qui te fait arrêter ?
C’est mon âge. J’ai 71 ans. Il faut savoir s’arrêter et ne pas faire le Tour de trop. Je finis bien. Avant, je perdais cinq kilos une fois la course passée. J’étais sur les rotules, c’est tellement de stress... Tu n’as plus les ressources quand tu arrives à un certain âge.

Que retiendras-tu de tes années à la tête de l’épreuve ?
J’ai beaucoup de souvenirs. Je retiendrai deux personnes : Moïse Puginier et Raymond Poulidor. Moïse m’a présenté à tout le monde, notamment à l’UCI…. Il m’a donné toutes les ficelles durant quatre-cinq ans. Quant à Raymond, il a été constamment mon parrain depuis ma troisième année à la tête de l’épreuve. Les deux premières années, j’avais deux parrains différents. Moïse m’a dit de prendre Poulidor. Il y avait un tel engouement autour de lui. Dans tous les villages, il fallait qu’il s’arrête, il y avait un « arrêt Poulidor ». Je lui avais dit qu’il resterait parrain tant que j'étais l'organisateur. 

« SI J'ARRÊTE TOUT, JE MEURS »

Quelle est ta plus grande fierté ?
D’être arrivé jusqu’à la 50e édition et d’avoir fait l’arrivée dans mon village natal de Flayosc. Les années précédentes, j’arrivais juste à faire passer la course dans le village. C’est ce qui m’a motivé. J’étais arrivé au bout du bout. J’ai aussi réussi à faire passer la course d’un jour à deux. J’avais eu un refus de la LNC et de la FFC. Ils estimaient que c’était une Classique. Ils voulaient que je fasse des courses individuelles comme les Boucles Drôme-Ardèche. Mais avec ce format, tu perds de l’argent, il n’y a pas les maillots distinctifs et les sponsors qui vont avec. Malgré tout, je me suis battu. J’avais appelé le responsable route de l’UCI qui était alors Philippe Chevallier. Je suis passé outre l’avis des instances. Pendant trois ou quatre ans, j’étais le vilain petit canard. Mais c’est rentré dans les mœurs. Ensuite, avec Nice-Matin, l'épreuve est passée à trois jours.  

Vas-tu continuer de t’investir dans le cyclisme avec le club de l’OCCV Draguignan ?
Si j’arrête tout, je meurs. Je vais continuer à m’occuper du club et à organiser des courses. J’aime le cyclisme amateur et les gamins. En tant que premier vice-président du Comité du PACA et responsable de la route, je dois donner l’exemple. Dans mon club, j’ai surtout des cyclos, des gens qui m’aident aux organisations. J’ai eu deux pros qui sont passés par le club avec Nicolas Roche et Aurélien Passeron.

Viendras-tu sur la course l'année prochaine ?
Je viendrai en tant qu’invité mais pas dans l'organisation. J’aime bien être le patron. Pendant trois ans, ils m’écoutaient, c’était ma patte. Désormais, ils vont faire ce qu’ils ont envie de faire. Après, c’est mon bébé, j’ai envie de voir comment il se porte. Je leur donnerai des conseils quand ils m’appelleront. J’ai encore tous mes contacts. Je ne coupe pas les ponts, mais je n’aurai plus de responsabilités sportives et administratives.

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