Bruno Armirail, lieutenant permanent de David Gaudu ?

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

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Bruno Armirail a, une fois encore, été impressionnant, ce dimanche, sur les routes montagneuses de l’étape reine du Tour des Alpes-Maritimes et du Var. Présent dans ce qui s’est finalement avéré être la bonne échappée - avec le coup double de l’Italien Gianluca Brambilla, le Haut-Pyrénéen a emmené de longs bouts droits pour Valentin Madouas et Rudy Molard, eux aussi présents dans ce groupe qui a très longtemps mis en difficulté les équipes des favoris au sein du peloton. Le puissant rouleur de la Groupama-FDJ n’en est pas à son coup d’essai, et ce coup de force ne vient que confirmer la très belle impression déjà laissée l’an passé, tout particulièrement lors du Tour d’Espagne, où il avait souvent été le dernier équipier autour de David Gaudu en montagne, vainqueur de deux étapes et 8e du classement général. “J’espère pouvoir reproduire ce type de choses et revivre ce scénario, c’est sûr, même si on ne prendra pas toujours la main comme ça, quand il y aura trois ou quatre Ineos devant par exemple”, s’amusait Bruno Armirail auprès de DirectVelo au terme de cette troisième étape. “J’aime ce rôle là, que j’ai déjà eu sur la Vuelta autour de David. Être échappé, c’est bien, et rouler toute la journée aussi, ça me plaît !”.

L'ancien vététiste est une bête à rouler depuis qu’il s’est mis au haut-niveau. Dès 2013, il avait fait sensation en décrochant - contre toute-attente - la médaille d’argent du Championnat de France Espoirs du chrono, alors qu’il évoluait à l’AC Bagnères-de-Bigorre et qu’il était totalement méconnu (relire la Grande Interview d’août 2013). Il avait alors rejoint l’équipe de l’Armée de Terre pour les trois saisons suivantes, avant d’être contraint de redescendre chez les amateurs, à l’Occitane CF, en 2017 (retracez son parcours ici). Difficile alors, à ce moment-là, d’imaginer Bruno Armirail parmi les meilleurs coureurs du Tour d’Espagne trois ans plus tard, ou capable de faire exploser de bons grimpeurs dans le Col de Braus, ce dimanche. Mais la Groupama-FDJ lui a donné sa chance en 2018, en qualité d’homme capable d’emmener de longs bouts droits pour le collectif sur les débuts de course. Depuis, l’athlète de 26 ans a passé un énorme cap, et le Tour d’Espagne 2020 a sans nul doute marqué un tournant dans sa carrière. “C’est clair que ça a complètement changé ma façon de voir la suite, et celle du staff aussi. Je n’ai plus beaucoup de manches de Coupe de France ou de trucs comme ça à mon calendrier. J’avais passé un premier cap à la Vuelta 2019. Et là, en 2020, j’ai vraiment senti que j’étais beaucoup mieux, plus à l’aise. Et ça change des choses pour l’avenir, c’est sûr”

DES STAGES EN ALTITUDE POUR PASSER UN GROS CAP

Cette belle évolution, Bruno Armirail l’a provoquée en s’essayant aux stages en altitude. D’abord à Tignes, durant trois semaines en juillet dernier, puis sur les très hauts sommets du Pic du Midi, non loin de chez lui, en préparation de cette fameuse Vuelta. “J’ai passé un gros cap grâce à ces stages, je l’ai vite senti physiquement. De là à passer un tel cap en montagne… Au lieu de faire gruppetto tous les jours, je me suis retrouvé à être le dernier équipier au côté de David Gaudu. Je ne m’attendais pas à être à un tel niveau, mais ça fait plaisir. Je suis fier de voir que le travail est récompensé !”. En quelques mois, voilà le coureur devenu l’une des pièces maîtresses de la WorldTeam française. Car en plus de très bien grimper, Bruno Armirail s’est découvert de prometteuses facultés de récupération. “Je n’avais pas de doutes sur cet aspect-là depuis un moment. Dès mon premier Grand Tour, et même avant, je sentais que j’étais presque de mieux en mieux au fil des jours, sur les courses d’une semaine. Je n’étais pas inquiet pour ça”.

Puissant rouleur, désormais bon grimpeur et capable de tenir sur la distance, Bruno Armirail a explosé aux yeux du grand public en propulsant David Gaudu lors de ses succès à l’Alto de la Farrapona puis à l’Alto de la Covatilla. Les deux hommes ont tissé de forts liens et ne devraient plus se quitter en 2021. “David a confiance en moi, nous sommes devenus complices”. Le Breton compte désormais sur l’homme du sud-ouest pour l’accompagner sur toutes ses courses ou presque. “Cette combinaison a bien fonctionné à la Vuelta, c’est un rôle que je n’avais jamais connu auparavant, pas à ce point. C’est gratifiant et ça donne envie de continuer”. Les deux compères ont avalé des cols, en janvier, à Tenerife, puis ont opéré leur rentrée ensemble le week-end dernier, donc, sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var. Et ils seront à nouveau réunis lors du prochain Paris-Nice. Bruno Armirail tentera, là encore, d’épauler son leader le plus loin possible dans les étapes de montagne, tout en comptant bien lui servir de point de référence pour le contre-la-montre individuel de Gien. “Sur les courses par étapes, logiquement, je ferai toujours le chrono avant lui. Autant en profiter pour lui donner des conseils, car il jouera sûrement le général”.

LE RÊVE D’UN PREMIER TOUR DE FRANCE

Et si les deux hommes ne se quittaient plus en 2021 ? Il ne serait en effet pas étonnant de voir Bruno Armirail, déjà présent sur la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège l’an passé, accompagner David Gaudu sur les Ardennaises cette saison, bien que du côté de la Groupama-FDJ, on ne souhaite pas officialiser la nouvelle pour le moment. Surtout, Bruno Armirail semble en très bonne position pour découvrir le Tour de France en juillet prochain, alors que… David Gaudu y sera justement le leader de l’équipe, tandis que Thibaut Pinot a décidé de faire l’impasse pour se consacrer au Tour d’Italie. “J’ai envie de découvrir le Tour, c’est sûr. J’ai déjà fait deux fois la Vuelta et je pense avoir prouvé que je pouvais être présent sur un Grand Tour. Faire le Tour est le rêve de tout cycliste et j’espère pouvoir le faire au moins une fois dans ma carrière”, glissait Bruno Armirail à DirectVelo au départ de la première étape du Tour des Alpes-Maritimes et du Var.

Le natif de Bagnères-de-Bigorre est très intéressé par une participation à la « Grande Boucle » 2021, et il a d'ailleurs déjà en tête toutes les étapes qui passent non loin de chez lui. “Cette année, le Tour passe beaucoup dans la région : à Bagnères-de-Bigorre, au Tourmalet, au Col du Portet, à Luz-Ardiden, à Saint-Gaudens, juste à côté de la maison… J’espère vraiment y être !”. Et si Bruno Armirail devait bel et bien participer au Tour de France cette année, alors il ne serait pas surprenant de le voir peaufiner sa forme quelques semaines plus tôt sur les routes du Critérium du Dauphiné, que doit disputer... un certain David Gaudu. Tout cela reste tout de même à être confirmé. En attendant, vendredi dernier, lors de la présentation des équipes du Tour des Alpes-Maritimes et du Var, pour leur rentrée en compétition cette saison, les deux coureurs étaient côte à côte - notre photo - à Biot. Une image que l'on pourrait peut-être revoir très souvent à l'avenir.

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