Les Amateurs font comme si...

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

La saison amateur a débuté ce week-end par les deux premières manches de l’Essor Basque. Elle se poursuivra en fin de semaine avec le second week-end de courses au Pays basque, et les Boucles du Haut-Var où cinq manches sont au programme. La suite est incertaine. Plusieurs courses prévues jusqu’à fin avril ont déjà annoncé leur annulation ou leur report. Les clubs doivent s’adapter. Certains ont annulé des stages de pré-saison, d’autres les ont repoussés et ont décalé leur retour en compétition. Autant dire que les coureurs présents à l’Essor Basque avaient bien envie de savourer chaque kilomètre malgré une météo compliquée samedi. “Je ne devais pas courir ici, indique à DirectVelo Gari Lagnet (Sojasun espoir-ACNC). On devait aller dans le Sud avec l’équipe mais avec l’annulation des courses, elle a préféré repousser les stages et attendre les restrictions”. Originaire du Pays Basque, il a reçu l’autorisation de courir. Avec réussite puisqu’il a pris, dimanche, la 4e place du Circuit de l’Essor (voir classement).

ÉVITER LES PENSÉES NÉGATIVES

Si l’an passé les courses avaient été suspendues jusqu’au 1er août, ce qui avait laissé du temps pour se préparer, les coureurs doivent cette fois-ci jongler entre annulations et éventuels maintiens. “C’est sûr que c’est compliqué car d’une semaine à l’autre, on peut ne plus avoir de courses, constate Stefan Bennett. C’est compliqué de faire des sacrifices pour des choses incertaines”. Les coureurs interrogés prennent le parti de faire comme si les courses allaient s’enchaîner. “Qu’est-ce qu’on doit faire ? Il faut se préparer et faire comme si ça allait être bon, promet Erwan Soulié, qui arrive au CC Etupes. On a fait un stage en Espagne comme si la saison allait se dérouler”.

Sandy Dujardin a lui levé les bras dès sa deuxième course avec le Vendée U, ce dimanche, lors du Circuit de l’Essor. Preuve qu’il s’est bien préparé malgré le contexte actuel. “C'est compliqué à gérer, tu te prépares mais tu ne sais pas trop pourquoi. Je me dis dans ma tête que les courses auront lieu, si c'est le cas tant mieux, sinon c'est un peu de la prépa pour rien. Je m'entraîne comme si c'était des week-ends de course. Si c'est annulé, c'est annulé, et s'il y a les courses c'est tout bénef !”.

Stefan Bennett assure faire abstraction du contexte. “Je suis là pour faire du vélo alors je me prépare pour”, dit-il. Dans cette période, l’entourage est important. “L’équipe nous motive, apprécie le coureur du Team Pro Immo Nicolas Roux. On essaie de ne pas mettre de pensée négative pour être content quand on peut courir”. Les coureurs en parlent beaucoup entre eux. “C’est un sujet qui revient pas mal sur la table. On essaie de garder une motivation collective”, assure Erwan Soulié.

« SI L’ESSOR BASQUE PEUT SERVIR D’EXEMPLE... »

Ces derniers jours, un manager d’une N1 reconnaît avoir demandé à ses coureurs d’arrêter “de consulter DirectVelo pour suivre les annulations”. De son côté, Sandy Dujardin préfère s’entraîner qu’avoir le nez sur les dernières mauvaises nouvelles. “Les DS nous tiennent au courant des annulations. Je ne me prends pas la tête, je ne regarde pas toutes les 5 minutes. Je fais mon entraînement”, sourit-il. Son coéquipier Lucas Boniface n’a pas de mal à s’entraîner. “La situation ne me dérange pas plus que ça. J'aime le vélo, donc j'en ferai toujours, même si je préfère courir. La compétition, c'est ce qui me fait vivre”, reconnaît tout de même le coureur de 20 ans.

Mais pour Stefan Bennett, comme l’an passé, des coureurs pourraient poser le vélo si la situation se complique encore. “Si jamais il y a encore plusieurs mois sans course, je pense que des coureurs vont lâcher l’affaire”, pense-t-il. Car s’ils ont pu débuter leur saison, tous ont bien conscience que la suite tient à un fil. “C’est assez flou pour le reste de l’année”, résume Erwan Soulié. De quoi amener de la frustration après une année 2020 déjà difficile. “Je peux comprendre qu'il y ait énormément de frustration parce qu'on ne sait pas où on va, déclare Lucas Boniface. C'est un peu compliqué pour se donner des objectifs à court terme parce qu'on n'a pas trop de visibilité. Mais on va faire avec et c'est comme ça qu'on y arrivera”. L’Essor Basque a réussi son pari ce week-end (lire ici). “Si ça peut servir d’exemple. On a vu qu’il était possible d’organiser. Les gens portent un masque, il n’y a pas beaucoup de spectateurs… On espère que ça va influencer les organisateurs et les préfectures”, conclut Gari Lagnet.

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Portrait de Stefan BENNETT
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