Bessèges : La peur du lendemain provoque les chutes

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Les deux premières journées de course de l’Etoile de Bessèges ont été marquées par plusieurs chutes impressionnantes. Mais alors, comment l’expliquer ? S’agit-il d’une malheureuse succession d’événements sans véritable lien ou faut-il y voir le révélateur d’une forte nervosité au sein du peloton en ce tout début de saison ? C’est très simple : c’est la seule course au monde actuellement. Alors tout le monde veut faire sa place. Tout le monde emmène des sprinteurs sur la course. Les leaders veulent être là, eux aussi. Ça fait beaucoup de monde et d'embouteillages. C’est ça qui ramène cette nervosité”, considère Evaldas Siskevicius. Le Lituanien de l’équipe Delko n’hésite pas à comparer avec ses souvenirs des premières années qu’il a vécues dans le peloton professionnel. Quand j’ai commencé il y a dix ans, il y avait peut-être 5-6 sprinteurs. Maintenant, tout le monde a un sprinteur dans les 22 équipes. En ajoutant les lanceurs et ceux qui aident, ça fait beaucoup de monde. C’est normal, tout le monde veut faire ses preuves”, insistait-il auprès de DirectVelo, vendredi matin. Coureur de St-Michel-Auber 93, Flavien Maurelet confirme la situation. Il constate lui aussi qu’il y a beaucoup de candidats au moment de venir frotter en tête de peloton sur les fins d’étapes. “On essaie de placer nos sprinteurs mais ce n’est vraiment pas simple, vu la vitesse à laquelle ça roule. Mais il faut aller jouer avec les autres, on ne fait pas de complexes. On n’a pas de problèmes avec les grosses équipes, on ne se fait pas marcher dessus et on y va aussi”, détaille l’ancien Champion de France Amateurs. "Les débuts de saison sont toujours nerveux. Tout le monde avait hâte de reprendre. On ne sait pas combien de temps la saison va durer alors tout le monde veut gagner le plus vite possible. C'est très nerveux voire même dangereux, mais c'est toujours comme ça sur les premières courses", juge l'expérimenté William Bonnet. "Chacun gère ça comme il le veut. Personnellement, je ne prends pas de risques", sourit le coureur de la Groupama-FDJ. 

Johan Le Bon partage le même point de vue quant aux tensions ressenties au cœur du paquet. “C’est nerveux, oui. Je pense que c’est tout à fait normal du fait qu’il n’y a pas de courses. Il y a beaucoup d’enjeux pour certains. Beaucoup se disent qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. Tout le monde veut réussir. Cette Etoile de Bessèges est retransmise dans pas mal de pays à la télévision. Elle a pris de l’ampleur. Au vu de la situation, toutes les grandes équipes souhaitent gagner le maximum de courses. On ne sait pas encore comment ça va se dérouler durant la suite de la saison. On a bien vu sur la deuxième partie de saison 2020, au mois d’août, que toutes les courses étaient nerveuses. Il y avait des gros plateaux. C’est la même chose ici”, constate le Breton de la Cambodia Cycling Academy.

PEU D’OCCASIONS DE BRILLER

Parmi les principales victimes de ces chutes figure Boris Vallée. Le Belge est lourdement tombé dans le final de la deuxième journée et a même dû abandonner vendredi en début d’étape. “Le niveau est très élevé. Il y a plus de caméras qu’il y a dix ans, alors on filme plus de chutes, mais il n’y en a pas plus qu’avant”, relativise le coureur de Bingoal-WB. “Ces dernières années, on voyait beaucoup de néo-pros à Bessèges. Cette fois-ci, on se retrouve avec tous les grands leaders qui, d’habitude, vont au Qatar ou en Arabie Saoudite. On se retrouve donc avec une moitié de ProTeam voire de Conti qui veulent performer et se montrer face aux grosses armadas, pour montrer qu’elles sont là. Alors ça frotte”. Le manager général de la formation Arkéa-Samsic, Emmanuel Hubert, tient lui aussi à relativiser cette situation. “Il y a un gros niveau, alors ça roule très vite. On connaît les configurations des villes, des approches d’arrivées... C’est toujours compliqué pour les organisateurs mais ça fait partie du jeu. Ce sont des faits de course. La chute de Boasson Hagen peut arriver de la même façon sur n’importe quelle autre course, n’importe quand dans la saison”.

Pour Emiel Vermeulen, la crise sanitaire actuelle et le faible nombre de courses au calendrier sont de vraies raisons potentielles à cette nervosité du peloton. “Tous les coureurs ont conscience qu’il va encore falloir faire avec un calendrier réduit cette année. Alors chaque course a une importance encore plus grande que lors des années normales. Les coureurs doivent se mettre plus de pression, même si j’ai le sentiment qu’il n’y a pas plus de stress que d’habitude”, tempère le Belge de Xelliss-Roubaix Lille Métropole. “Quand je parle avec des gars dans le peloton, la plupart me disent qu’ils ne savent pas où ils vont courir ces prochaines semaines. Et forcément, ça compte. Quand tu es dans cette situation là, tu as envie de faire de chaque course un rendez-vous important”.

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