Etoile de Bessèges : Les fidèles avant les stars

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

C’est un plateau XXL qui est attendu à partir de ce mercredi sur les routes de l’Etoile de Bessèges (2.1), première course par étapes européenne de la saison. 22 équipes dont la moitié du WorldTour. Dans les effectifs annoncés, des Champions du Monde, des vainqueurs de Classiques et des lauréats de Grands Tours devraient être au départ, parmi bien d’autres grands noms. Et encore ! Claudine Fangille, désormais à la tête du comité d’organisation après la mort de son père, Roland Fangille - créateur et organisateur historique de l’épreuve gardoise qu’il a porté à bout de bras durant un demi-siècle -, a été contrainte de refuser plusieurs WorldTeam. Une situation qui aurait sans doute semblé inimaginable il n’y a que trois ans de cela. En 2018, en effet, pas la moindre équipe étrangère de première division mondiale n’était présente au départ. Certaines ont ensuite commencé à se rendre sur l'Étoile à partir de 2019 et Claudine Fangille ne l’a pas oublié. “On reprend l'Étoile en restant dans la continuité de ce que Papa a fait. Il a toujours dit que si les petites équipes - qui n’en sont plus maintenant cela dit, car tu n’as plus de petites équipes - ne courent pas chez nous, elles ne vont courir nulle part. Pour nous, c’était très clair dès le début : on voulait repartir avec les mêmes équipes que les autres années, celles avec lesquelles on a l’habitude de travailler et qui venaient déjà chez nous avant. C’est vrai pour les WorldTeam comme pour les autres”.

Ainsi, les ProTeam belges comme Bingoal-Wallonie-Bruxelles ou Sport Vlaanderen-Baloise, habituées à venir dans le Gard, seront une fois encore de la partie. Au niveau des meilleures formations mondiales aussi, celles du WorldTour, la sélection s’est faite quasi exclusivement sur des critères historiques. Intermarché-Wanty Gobert Matériaux, présente tous les ans depuis une décennie - elle faisait alors partie de la deuxième division -, a été invitée sans l’ombre d’un doute. Présentes en 2019 et en 2020, EF Education-Nippo, Lotto-Soudal et Trek-Segafredo ont gagné le droit de revenir, comme Israël Start-Up Nation, venue en 2019 et candidate refusée l’an dernier. Enfin, le Team Qhubeka-ASSOS était également présent l’an dernier, sous le nom de NTT, et avait d’ailleurs vu son grimpeur Ben O’Connor l’emporter au sommet du Mont Bouquet. “On a pris toutes les équipes qui ont déjà joué le jeu avec nous par le passé”, confirme Claudine Fangille auprès de DirectVelo. Ajoutez à ces six WorldTeam les formations françaises AG2R La Mondiale, Cofidis et Groupama-FDJ, et l’on obtient le total de neuf équipes du top niveau mondial. “Normalement, on devait partir à 20 comme l’an passé. Mais étant donné le nombre de demandes, y compris des plus grosses équipes mondiales, on a voulu passer à 22. Avant de s’engager auprès de deux équipes supplémentaires, on est retourné sur les sites de chaque lieu de départ et d’arrivée pour voir s’il était bien possible d’accueillir 22 équipes dans des conditions décentes, et en huis clos. C’était le cas”. 

L’ESPOIR DE VOIR CES MÊMES ÉQUIPES REVENIR À L'AVENIR

Claudine Fangille et ses proches du comité d’organisation se retrouvent alors dans la possibilité d’accueillir deux autres WorldTeam parmi toutes celles qui n’ont jamais mis les pieds à Bessèges. Parmi les candidats qui ont toqué à la porte :  Astana, Deceuninck-Quick Step, Movistar ou encore UAE Team Emirates. Mais ces équipes n’ont pas été retenues. Pour une raison très simple. Après l’argument de l’historique, Claudine Fangille a cette fois-ci tranché avec un autre argument imparable : la date à laquelle les groupes sportifs ont posé candidature. “Les deux premières équipes qui nous ont contactés, parmi celles qui étaient en lice pour ces deux dernières places, ce sont les Bora-Hansgrohe et Ineos-Grenadiers. Les autres nous ont écrit plus tard. Encore une fois, on a voulu donner une chance à ceux qui nous ont montré le plus d’intérêt et le plus vite”. Voilà qui est clair et net, sachant que pas plus de la moitié des équipes d’une épreuve de Classe 1 ne peuvent être membres du WorldTour, d’où l’obligation d’inviter des ProTeams et des Continentales à hauteur de 50%. 

Claudine Fangille a donc fait le choix de la stabilité, et de la fidélité. “Comme l’aurait fait Papa”, précise-t-elle avec émotion. Les fidèles d’abord, les stars ensuite. Ce qui ne l’empêche pas de savourer la qualité du plateau. “Quand tu vois le Team Ineos qui  vient avec Egan Bernal, Filippo Ganna, Michal Kwiatkowski, Geraint Thomas… On a bien fait de les inviter !”, se marre-t-elle. En espérant qu’il ne s’agisse pas d’un feu de paille, comme l’a d’ailleurs lui-même indiqué Marc Madiot, le patron de la Groupama-FDJ, auprès de DirectVelo : "J’espère que nos confrères étrangers auront un peu de mémoire quand tout ça sera derrière nous. Pour autant, il ne faut pas résumer les plateaux de qualité au coronavirus. On avait quand même déjà amorcé une remontée en puissance ces dernières années sur les courses françaises de février, notamment à Bessèges"Claudine Fangille partage évidemment le même avis et promet qu’elle n’hésitera pas à faire passer le mot lors de la réunion des directeurs sportifs, ce mardi en fin d’après-midi. “J’espère moi aussi que les équipes n’oublieront pas ce que l’on a fait pour elles cette année. Est-ce qu’ils reviendront l’année prochaine ? Il ne faudra pas qu’ils aient la mémoire courte, c’est certain. Je vais bien leur expliquer qu’on a fait des efforts pour inviter 22 équipes cette année car ce n’était pas gagné”. Le message sera assurément passé auprès de ceux qui lui accorderont audience durant ce briefing d’avant-course. Reste à savoir ce que les directeurs sportifs et leurs managers en feront à l’avenir. 

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